C’est sous la pluie et dans les méandres des rues parisiennes que nous avons réalisé une prise en main de cette Microlino, le temps d’une demi-heure. Un temps bien insuffisant pour en rédiger un essai complet, mais suffisant pour s’en faire une bonne idée.
Un historique animé
L’Isetta initiale est une voiturette lancée en Italie juste après la Seconde Guerre mondiale, par un fabricant de réfrigérateurs (et aussi de motos et tricycles). Elle a eu du mal à lutter face à une Fiat 500 populaire et un scooter plébiscité pour les courts trajets. Son design va cependant séduire BMW, qui y voit un moyen de survivre et pour cause : les usines du constructeur sont à l’est du mur de Berlin, sous contrôle soviétique. L’après-guerre est également difficile économiquement, avec un coût de l’essence significatif, et le petit moteur essence bi-cylindre de 250 cm3 est frugal. Sa carrière s’arrête en 1962. Elle réapparaît dans la série TV ‘Notre Belle Famille’, comme véhicule du personnage de Steve Urkel. Puis plus rien.
Micro Mobility Systems est une société suisse fondée en 1996. Elle produit des trottinettes légères en aluminium. En 2013, elle se lance dans la trottinette électrique. Ainsi, les trottinettes électriques Micro se retrouvent chez Intersport, Décathlon, des lieux de distribution très ‘grand public’.
La Microlino va lier ces deux entités et c’est au salon de l’auto de Genève de 2016 que la version électrique de l’Isetta est présentée. Pas mal de déboires vont survenir, notamment concernant le sous-traitant chargé de la production. Initialement conçue comme un quadricycle léger à moteur, et destinée à être vendue à 12 000 euros, elle est commercialisée en 2022 à partir de 17 990 euros. Entre-temps, la Citroën Ami jette un énorme pavé dans la mare des véhicules sans permis, dépoussiérant au passage l’image peu flatteuse qui y était liée. Mais c’est là que la différence se fait : l’Ami est limitée à 45 km/h et peut être conduite dès 14 ans avec un BSR, tandis que la Microlino flirte avec les 90 km/h et nécessite un permis B1, obtensible dès 16 ans.
La Microlino, maxi craquante
Si vous pensez que la Microlino est trop chère par rapport à l’Ami de Citroën, sachez qu’on ne boxe plus du tout dans la même catégorie. La Microlino est la quintessence de la geekerie dans un enrobage néo-rétro.
Un œuf ! La Microlino y fait fortement penser. Les projecteurs intégrés aux rétroviseurs lui confèrent un regard amusant et espiègle, la ligne de feu arrière évoque la Porsche 911, et la ligne générale est craquante. Le design est un cocktail néo-rétro parfait, presque le remake le plus réussi de l’histoire des remakes automobiles.
L’essieu arrière est très court, mais il y a bien deux roues. Heureusement d’ailleurs, car l’Isetta n’est pas réputée pour sa tenue de route. Les roues à l’avant ont un empattement plus large, ce qui lui confère un certain dynamisme. Même les Parisiens n’y sont pas restés insensibles, c’est dire le pouvoir attractif de l’engin.
Puis, on passe à l’ouverture de la porte avant. Oui, avant, car à l’arrière, l’autre permet d’accéder au coffre. Le prototype embarquait une poignée de réfrigérateur Smeg; cette nouvelle version adopte un bouton : une pression, et la porte s’ouvre, aidée par le vérin. On entre par devant, et l’ouverture est assez large pour ne pas avoir à trop se contorsionner.
Une fois le passager installé, une poignée permet de refermer la capsule. On se croirait dans un véhicule de la Capsule Corp de Dragon Ball. Un petit écran LCD couleur permet de faire défiler des icônes à la manière d’un smartphone et d’accéder aux réglages des différents paramètres.
Côté anachronisme, une clé classique s’insère et se tourne comme dans une auto d’avant les années 2000. Un levier de frein à main ajoute une touche nostalgique. La prise en main est fun et, pour cause, nous verrons plus loin que la sensation au volant se rapproche énormément de celle délivrée par un kart. D’ailleurs, le volant semble avoir été récupéré sur ce dernier.
Un bouton permet de sélectionner la position du rapport engagé : neutre, avant, arrière. Puis, juste au-dessus, un énorme bouton nommé ‘Boost’ annonce la couleur : il permet de distancer les véhicules thermiques au feu rouge, de s’insérer facilement dans une voie ou de devancer aisément une Audi A3 TDI (sic).
L’écran fait office de compteur et un support pour smartphone est disponible. En revanche, point de haut-parleur dans la Microlino, mais une enceinte Bluetooth est présente. Exactement comme dans l’Ami ! Les prises USB sont de type A, et non de Type-C, dommage.
Les jantes, la qualité de finition, l’assemblage général et surtout, l’espace à bord dans un encombrement minimum en font un ‘banger’, comme disent les jeunes
Caractéristiques principales
- Type de véhicule : quadricycle lourd à moteur embarquant 2 passagers.
- Batterie : batterie Lithium-ion de chimie Nickel Cobalt Manganèse. Trois capacités disponibles : 6, 10,5 et 14 kWh.
- Autonomie : selon les capacités, la Microlino offre respectivement 91, 177 et 230 km d’autonomie théorique.
- Puissance du moteur électrique : 12,5 kW (17ch).
- Vitesse maximale : 90 km/h.
- Dimensions : 1,50m (largeur) x 2,40m (longueur) x 1,45m (hauteur)
- Poids : selon la capacité de la batterie, de 450 kg à 500 kg.
- Équipements : selon les versions, on trouve un toit ouvrant, la climatisation, barre LED,…
- Prix : à partir de 17990 euros jusqu’à 22990 euros.
NDLR : les batteries de la Microlino utilisent une chimie Nickel Cobalt Manganèse. Une chimie offrant la meilleure densité énergétique, avec une durée de vie correct si on évite les grosses décharges.
Au volant, à deux dedans, c’était amusant
Nous étions en duo pour l’essai de cet œuf sur roues. La pluie fine parisienne suffisait à rafraîchir une ambiance dont le ciel voilé retenait les couleurs. C’est le premier point important : la Microlino permet de se déplacer à l’abri. Certes, la pluie ne fait pas fondre, mais elle est gênante. Une pression sur le bouton d’ouverture habilement dissimulé sur la partie gauche et les vérins libèrent la porte. L’espace pour monter à bord est suffisant. Toutefois, il faudra éviter d’avoir des problèmes de dos pour s’y installer.
La porte se referme facilement et l’insonorisation n’est pas mauvaise. Devant soi, le compteur est numérique et, sur le côté, un écran couleur affiche des icônes servant à régler diverses options. C’est coloré, c’est plutôt bien fait. Pas de sono, la Microlino délègue cette tâche à une enceinte Bluetooth fournie. Une solution de fortune pour un engin qui en coûte justement une petite fortune.
On insère la clé, on la tourne, la voiture se met en marche. On desserre le frein à main situé à gauche, comme sur un utilitaire. Les similarités ne s’arrêtent d’ailleurs pas là, puisque conducteur comme passager sont installés sur l’essieu avant. Les sensations délivrées donnent l’impression de conduire un Renault Trafic passé au sèche-linge. Associées au volant échappé d’une session de karting, les sensations de conduite procurées sont incroyablement fun, amusantes, grisantes. On est loin, très loin de l’Ami qui était déjà drôle.
Nous ne vous cacherons pas que nous sommes restés prudents sur les pavés glissants parisiens. Ce n’était pas l’envie qui manquait de faire un demi-tour au frein à main. Peut-être la prochaine fois.
Cela dit, la Microlino propose une manière de s’amuser autre que de glisser : le bouton Sport. Illustré par une roquette sur une voiture, il fait penser au Boost d’un jeu d’arcade, type Burnout. Appuyez dessus et votre Microlino enclenche un maxi-turbo. Nous avons littéralement laissé une Audi A3 sur place. La voiturette permet de sortir des répliques dignes du premier opus de Taxi.
Contrairement à l’Ami ou au Twizy, et à l’instar de la Myli, l’œuf automobile embarque une climatisation et un chauffage. La buée n’a pas posé de problème, et tant mieux, vu la météo durant les minutes de cette session de prise en main.
La direction est précise, mais dure. On a l’impression de conduire un kart, et le volant renforce cette sensation. Entre la puissance non négligeable, la tenue de route un peu approximative et les suspensions trop fermes, cette Isetta moderne est plus sportive qu’elle ne le laisse penser. Un vrai sleeper des villes (ou presque) ! D’autant qu’aucune aide à la conduite n’est présente.
Le freinage est correct, à condition d’enfoncer la pédale, qui offre une résistance certaine. Il faut être concentré, d’autant que le freinage automatique, propre aux voitures modernes, n’est pas de la partie. D’ailleurs, un choc frontal risque de vous laisser coincés à l’intérieur.
L’essai, bien que court, fut intense. La Microlino, avec sa largeur contenue, permet de se garer littéralement partout. En plus de ses deux grandes places, elle propose un coffre à hayon plus vaste qu’attendu.
Malheureusement, faute de temps, nous n’avons pas pu réaliser des mesures d’autonomie fiables. Bien que le constructeur annonce 177 km pour la version que nous avons essayée, dotée d’une batterie de 10,5 kWh (et 230 km pour la version en 14 kWh), l’autonomie sera assurément moindre, surtout en hiver ou en faisant usage du bouton boost.
Un autre point qui pourrait tempérer l’enthousiasme suscité par cet engin atypique est la recharge. Celle-ci est relativement lente puisqu’elle s’effectue via une prise secteur. Nous espérons avoir l’opportunité de prendre à nouveau le volant de cet engin pour effectuer nos propres mesures.
Qui peut la conduire ?
Pour prendre le volant de la Microlino, le permis B1 est nécessaire. Cependant, si vous détenez déjà les permis B ou A, vous êtes éligible pour la conduire. Intéressant à noter : le permis B1 est accessible dès 16 ans. Bien que l’examen théorique du code de la route soit incontournable, la partie pratique de la conduite est, quant à elle, simplifiée. Un avantage non négligeable du permis B1 est qu’il autorise l’accès à un éventail plus large de routes, y compris les périphériques et départementales, élargissant ainsi littéralement votre horizon – et peut-être même votre champ de relations potentielles pour, par exemple, des rencontres Tinder éloignées.
C’est ici qu’une distinction nette s’établit entre les quadricycles lourds, telle la Microlino, et les quadricycles légers, comme la Citroën Ami ou la Ligier Myli, que nous avons récemment essayée. Cette dernière peut être conduite avec simplement le BSR, accessible dès l’âge de 14 ans. Toutefois, sa vitesse est bridée à 45 km/h et son usage est restreint aux routes nationales.
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