Les Fourmis, le jeu de stratégie de Microids centré sur ces fascinants insectes, est enfin arrivé après une attente interminable. Ce titre inspiré de l’incontournable livre de Bernard Werber vaut-il le détour ? Voici notre première impression à chaud après quelques heures de découverte.
La première chose qui frappe dès qu’on lance le jeu, c’est sa qualité visuelle. Il est immédiatement évident que Microids a abattu un travail assez énorme à ce niveau. L’environnement naturel proposé par le studio est fantastiquement bien réalisé, dans un style photoréaliste stylisé qui bénéficie d’une grande finesse dans les textures, de couleurs chatoyantes et d’une gestion de la lumière assez fabuleuse qui exploite pleinement les capacités de rendu d’Unreal Engine 5. Cette forêt virtuelle transpire la vie, fourmille de détails, et on prend beaucoup de plaisir à vagabonder entre les arbres et les racines du point de vue de ces petits êtres à six pattes.
Du pain béni pour ceux qui apprécient les jeux avant tout contemplatifs, en somme… à condition de disposer d’une machine suffisamment puissante. Car même si le jeu en jette, il laisse parfois à désirer en termes d’optimisation. Notre RTX 3070 a souvent été poussée dans ses retranchements, à tel point que nous avons été forcés de faire quelques concessions sur la qualité du rendu pour pouvoir jouer dans de bonnes conditions. Un point regrettable, car une fois que les effets de cette claque graphique se sont estompés, l’excellente impression des premiers instants s’est également dissipée; on se retrouve alors face à un jeu tristement bancal à plusieurs niveaux.
Une interface problématique
Le premier élément qui nous a dérangés, c’est l’interface, qui prend souvent trop de place sur l’écran. Elle nuit considérablement à l’immersion dans ce superbe environnement qui fait la force du jeu, notamment au début de l’aventure lorsqu’il s’agit d’expliquer les bases du gameplay au joueur. On ne peut s’empêcher de penser qu’une UI discrète, voire carrément minimaliste, aurait été plus appropriée afin de rester cohérent avec la dimension naturelle et organique du jeu.
C’est un choix de design d’autant plus frustrant que l’extrême simplicité du gameplay peine à justifier cette abondance d’icônes et de fenêtres, pas toujours clairs qui plus est. En effet, on réalise au bout de quelques dizaines de minutes que le jeu est assez basique en termes de gameplay, surtout si l’on prend le parti de traiter Les Fourmis comme le jeu de stratégie en temps réel qu’il prétend être.
Un gameplay confus et redondant
La gestion des ressources, par exemple, est d’une pauvreté confondante — une vraie déception, sachant qu’il s’agit d’une thématique absolument centrale dans la vie d’une colonie de fourmis. On se contente de cliquer sur quelques points de collecte pour les récupérer, et de les utiliser directement pour améliorer ses différents nids à travers une interface confuse et peu fonctionnelle. Il faut toutefois admettre que le fait de regarder les ouvrières démanteler une pomme de pin ou un fruit tombé d’un arbre est assez satisfaisant — mais en termes de gameplay pur, cela reste bien trop maigre pour contenter les amateurs de RTS traditionnels.
Et malheureusement, la conclusion est sensiblement la même lorsqu’on se penche sur les affrontements avec les autres espèces qui peuplent la forêt. En pratique, Les Fourmis se joue comme un RTS traditionnel, mais réduit au strict minimum. Mécaniquement parlant, le pilotage des unités est implémenté de façon bancale, notamment à cause de la vue à la troisième personne qui rend l’ensemble assez contre-intuitif.
Ce point aurait été excusable si la dimension stratégique était satisfaisante, mais force est de constater qu’elle laisse aussi à désirer. La fourmi que l’on incarne joue essentiellement le rôle d’un général, et ne prend jamais vraiment part aux affrontements. En pratique, on se contente de sélectionner une cohorte d’unités puis de leur assigner une cible… et c’est à peu près tout. Une fois l’ordre initial donné, le joueur se retrouve pratiquement exclu de l’action et réduit au rang de spectateur, sans la moindre option de micro-management. Sympathique pendant cinq minutes, le temps de regarder les différentes espèces d’insectes s’affronter. Mais même cette dimension contemplative se heurte vite à un mur à cause de la vue à la troisième personne et de l’interface, qui nous empêchent d’apprécier pleinement un affrontement à grande échelle.
Résultat : les combats sont à la fois triviaux et confus, et cette boucle de gameplay devient vite redondante. On regrette sincèrement que Microids n’ait pas décidé d’intégrer une vue aérienne à la manière d’un RTS classique, ou une petite couche de complexité supplémentaire pour pimenter l’expérience, par exemple en utilisant la météo ou la diversité du terrain. Tant d’occasions manquées…
Un hommage bancal à l’œuvre de Werber
Vous l’aurez compris, on peut difficilement considérer Les Fourmis comme un RTS à part entière, tant cette dimension stratégique se fait discrète pendant la partie. Le souci, c’est que le côté aventure n’est pas beaucoup plus satisfaisant.
Nous attendions beaucoup du jeu à ce niveau-là à cause du lien avec le livre éponyme, mais le jeu a toutes les peines du monde à émuler la virtuosité narrative de Werber ; autant le dire tout de suite, ceux qui espéraient un jeu à la hauteur de l’œuvre de l’auteur risquent d’être déçus. Les dialogues, par exemple, sont complètement anecdotiques, et les interactions avec le reste de la colonie au mieux superficielles.
Pire encore : la dimension presque philosophique qui pousse les lecteurs à s’interroger sur des thèmes comme l’intelligence et la coexistence des espèces est pratiquement absente du jeu, en tout cas dans les premières heures.
La rigueur scientifique et le fameux souci du détail de Werber, si enrichissants dans le livre, passent aussi à la trappe pour des raisons de gameplay. Un exemple particulièrement flagrant de ce grand écart réside dans les déplacements. Dans le jeu, notre fourmi est capable de réaliser de véritables sauts de cabri. Or, dans le monde réel, il n’y a qu’une poignée d’espèces qui sont capables de le faire – et aucune d’entre elles ne ressemble aux fourmis que l’on incarne dans le titre de Microids.
Un avant-goût décevant
Évidemment, il convient de préciser qu’il ne s’agit que d’une première impression ; il est tout à fait possible que ces points négatifs s’estompent plus loin dans l’aventure pour ceux qui auront le courage de persévérer.
Mais au bout du compte, ce premier contact avec Les Fourmis a tout de même été plus que mitigé. On en ressort assez déçu, et avec l’impression que le jeu ne parvient pas à se construire une identité propre. Trop simpliste et confus pour être un bon jeu de stratégie, pas assez engageant pour proposer une aventure mémorable, pas éducatif pour un sou… on se retrouve avec un titre certes pas dénué d’intérêt, mais qui aura sans doute du mal à contenter les amoureux de ces insectes fascinants ou les amateurs de RTS. Seuls ceux qui cherchent un jeu avant tout contemplatif pourraient y trouver leur compte, à condition de réussir à passer outre ce gameplay souvent confus et brouillon. Quel dommage !
Grâce à notre partenaire GamesPlanet et au code GREGFOURMIS, l’édition standard du jeu passe à 34,19 euros, tandis que l’édition digital deluxe est proposée à 42,74 euros. C’est le moment d’en profiter !
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Une merde de plus distribuée par Microids
Je ne sais pas comment ils vivent avec toutes les merdes qu’ils sortent .
0 bon jeux
franchement entre un stream de fourmie et de mario et luigi, je ne sais pas lequel est le plus soporifique 🤔 mario et luigi est une sacré désillusion pour ma part, il ne vaut pas un des épisodes GBA.
au moins fourmie est vraiment beau, idem pour la bande son, on pourrait alors dire qu’il est ASMR 🙂
fourmie est LE jeu de la semaine 😄
Très beaux graphismes, aucune optimisation (donc il faut dépenser 2000€ pour y jouer) et aucun gameplay ?
C’est un jeu extrêmement moderne.
C’est exactement pour cela que Nintendo perdure : Un bon jeu n’a pas besoin de graphisme de fou dingue pour être bon. Trop simple peu être un problème cependant.
A contrario, un jeu très beau, à quand même besoin d’un gameplay correct pour rester acceptable.
Un Jeu qui est beau avec du gameplay et +/- exigeant = Elden Ring par exemple, Breath of the Wild / Tears of the Kingdom pour les versions plus faciles.
De toute façon, les graphismes, on les voit seulement au début du jeu, car quand on est dans l’action, on ne perçoit que l’action, pas la beauté, donc même si vous trouvez les zelda BotW et TotK moche, une fois dedans, vous ne le voyez plus.