Si vous n’avez pas entendu parler de ce jeu, c’est qu’il y a de bonnes raisons. Pourtant, dans les faits, Unknown9: Awakening est un titre aux bonnes intentions et loin d’être dépourvu de potentiel. Ce jeu d’action-aventure s’avère être la première production du studio montréalais Reflector, fondé en 2016 par Alexandre Amancio que les joueurs connaissent pour son travail sur les franchises Assassin’s Creed et Far Cry. Avec un tel CV, tous les ingrédients semblent réunis pour donner naissance à un véritable succès. Mais fort est de constater que le résultat est loin d’être à la hauteur des attentes. Et ça, Unknown9 s’est fait attendre.
L’annonce du projet remonte à l’Opening Night Live de la Gamescom en 2020. Le titre est sorti quatre ans plus tard avec un lancement sur PlayStation 5, Xbox Series et PC le 18 octobre 2024. Si ces quatre années n’ont rien d’anormal dans l’industrie vidéoludique où les productions AAA prennent de plus en plus de temps à apparaître, il convient de rappeler qu’Unknown 9: Awakening n’entre pas dans cette catégorie. Ce jeu est un AA pleinement assumé, de sa gamme de prix (49,99€ au lancement) à son développement sous Unreal Engine 4, moins complexe et moins coûteux. Aujourd’hui, nombreux sont les studios qui tentent de prouver qu’il n’y a pas besoin de produire des AAA pour réussir dans l’industrie. Reflector a tenté de surfer sur cette vague, mais s’en mord finalement les doigts. Aussi bien dans son gameplay que dans ses visuels, Unknown9 relève plutôt d’un jeu sous licence à petit budget de l’époque PS2 que de la surprise initialement promise.
Un début brouillon qui donne le ton
Unknown9: Awakening fait le parti pris d’une histoire ancrée dans une version alternative de notre monde. Dans celle-ci, des humains appelés Questor peuvent communier avec le Revers, une étrange dimension parallèle qui leur confère des pouvoirs surnaturels. La cinématique d’introduction nous apprend que l’humanité fait face à un cycle sans fin d’extinction, à l’exception de neuf membres de la toute première civilisation. Cela fait beaucoup à retenir en très peu de temps, et l’on ressort de ces premiers instants de jeu avec l’impression que l’on essaie de nous noyer sous une montagne de lore. Le titre étale tout un tas de notions sans jamais les creuser et entre rapidement dans le triste modèle du “tais-toi, c’est magique“.
L’aventure nous place dans la peau de la jeune protagoniste, Haroona, et prend à peine le temps de la présenter, rendant difficile l’attachement au personnage dans les premières heures de jeu. D’autant plus que tout le chapitre d’introduction se veut assez dramatique pour essayer d’introduire les motivations de l’héroïne, qui ne font alors que tomber à plat. L’exploration de thèmes surnaturels dans une version fantasmée de notre planète est un excellent pitch pour un jeu d’aventure ambitieux, mais encore faut-il que l’écriture parvienne à suivre. Finalement, le joueur se retrouve face à une protagoniste au caractère incertain et une menace pas si alarmante, noyée dans un gloubiboulga d’informations floues concernant le Revers. Et malheureusement : le gameplay et les visuels d’Unknown9 n’ont rien pour tenter de rattraper les faiblesses scénaristiques.
Un titre qui ne donne pas envie de poursuivre
Nous l’avons dit plus tôt : Unknown9 se veut comme un jeu AA, qui ne signifie pas forcément un résultat moins bon ou moins ambitieux. La surenchère des AAA de ces dernières années nous a vite fait oublier que certains des meilleurs titres des générations précédentes entraient dans cette catégorie. La production de Reflector tente d’émuler le charme des jeux de cette époque, en vain. Tout ce que l’aventure d’Haroona semble emprunter aux jeux d’aventure de l’ère PS2, ce sont des visuels dépassés et des affrontements en demi-teinte. En réalité, c’est avant tout du côté de la modélisation des personnages et de leurs animations que le titre souffre. Les environmental artists sont vraisemblablement parvenus à tirer le meilleur de l’Unreal Engine 4, car les décors et les effets spéciaux s’avèrent globalement plutôt convaincants. Mais par conséquent, cela renforce le manque d’effort apporté aux humains.
Les visages paraissent dépourvus de toute âme tant les regards sont vides. Un comble pour un jeu dans lequel le pouvoir de l’héroïne nécessite une ressource spirituelle appelée “Am”. Déjà que le scénario ne facilite pas l’immersion dans cet univers, mais l’animation des dialogues donne l’impression de suivre l’histoire sur les lèvres de marionnettes amorphes. On en tombe presque dans la vallée de l’étrange. La difficulté qu’a Unknown9: Awakening à retranscrire des mouvements humains se retrouve également dans le gameplay. Les phases de combat ne sont absolument pas intuitives et poussent presque à marteler les boutons d’attaque, même en difficulté supérieure. D’ailleurs, ceux-ci ont été placés sur les gâchettes, de quoi pousser le sentiment d’inconfort jusque dans la prise en main.
Le jeu tente de mettre à profit les pouvoirs d’Haroona dans de nombreuses scènes d’infiltration, toutes aussi frustrantes que le reste de l’aventure. On peut tenter de projeter les ennemis contre des éléments de décors, de les étourdir… Mais rien n’y fait. L’IA nous repère bien trop facilement, si bien que l’ont fini toujours par en venir aux poings, à notre grand dam puisque le système de combat n’est absolument pas satisfaisant. Ce titre a beau proposer un rythme assez soutenu, on se retrouve à vivre l’histoire comme un enchaînement de séquences à peine marquantes, pour un ensemble moyen tout au mieux.
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En résumé : n’est pas Kojima qui veut.
Et il faudrait que les éditeurs de jeu comprennent que les graphismes “réalistes” sont extrêmement hasardeux.
Et puis, à trop expliquer au début, en bloc, on en rate la quasi-totalité, car à ce moment, on veut jouer, pas se faire faire la leçon par le jeu.
Les concepteurs ont l’air de croire que si je ne connais pas toute l’histoire de la magie, je n’arriverai pas à lancer un sort en appuyant sur un bouton ??? Bleh & Cheh !