Nous avons pris le volant du nouveau 5008 électrique pour un essai apaisé, mais lourd à peser

C’est sur un trajet reliant Copenhague à Ahuss en Suède que nous avons roulé le nouveau Peugeot 5008 électrique, dans sa version 2 roues à motrices, 210 ch et dotée de la « petite » batterie de 73 kWh. Au programme : un écran de plein de pouces, l’expression « écraser le champignon » qui prend tout son sens et le prix du silence et du pragmatisme.

Après un 3008 électrique qui n’a pas réussi à séduire, Peugeot présente une version allongée (+19 cm d’empattement) capable de loger 2 individus à petites jambes (ou sans) de plus, et même quelques bagages pour partir plus loin. Enfin, aussi loin que l’infrastructure électrique le permettra.
Le 5008 électrique dans sa finition GT nous a été confié pendant deux jours lors d’un essai presse entre le Danemark et la Suède. Un parcours un peu biaisé, dans la mesure où nous n’avons jamais pu dépasser les 110 km/h, vitesse limite au pays de Zlatan. Le résultat est correct. D’autant que les véhicules électriques de 7 places ne courent pas les rues.

Le nouveau 5008 a un grand pouvoir et donc de grandes responsabilités

Moins répandu que le 3008, l’ancienne version du 5008 réalisait tout de même la moitié des ventes de son petit frère pour un tarif bien supérieur. D’ailleurs, avec 16 490 exemplaires vendus en 2023, le 5008 occupait la 18^ème place des meilleures ventes de l’année. Il est également le SUV 7 places le plus vendu en France en 2023. Lui succéder n’est pas une mince affaire. C’est d’ailleurs ce qui a rendu Peugeot frileux à l’idée de faire du 100% électrique dans la gamme. Le constructeur au lion a donc choisi une plateforme également capable de recevoir une motorisation hybride.

Cette troisième génération reprend les codes stylistiques du dernier 3008 tout en gardant les gènes de l’ancien 5008. Son design paraît ainsi plus consensuel. Il se destine aux parents qui ont trois enfants. Pourquoi faire 3  enfants ? Nous n’avons pas la réponse. En revanche, nous allons pouvoir vous dire s’il est possible de les loger eux et les affaires qui vont bien dans cet engin. Car c’est un peu le souci qui revient aujourd’hui : installer 3 enfants (siège auto et réhausseurs donc) dans un véhicule. Qui plus est, un véhicule de presque 5 mètres et vendu autour des 45000 euros.

L’extérieur est familier, mais l’intérieur de ce 5008 est tout nouveau. Il utilise la nouvelle plateforme STLA Medium de Stellantis, pensée pour favoriser les modèles électriques tout en gardant les modèles thermiques hybrides. Cocorico, le 5008 est français. Il est produit à Sochaux, lieu de naissance de la marque d’ailleurs. La batterie est également française. Elle est produite dans la gigafactory ACC de Douvrin. Sur notre modèle, elle est de type Nickel Cobalt Manganèse. Ce qui le rend éligible ai bonus écologique, puisque son prix de départ est inférieur à 47000 euros.

Conscient que son image est entaillée par les soucis du moteur Puretech, Peugeot tente de reconquérir la confiance de ses clients en proposant 8 ans de garantie pour l’ensemble du véhicule (ou 160 000 km).

5 versions ou rien !

Peugeot tente des choses en électrique, mais garde une approche pragmatique à tous les niveaux. À commencer par réduire le risque. Si les citadines électriques attirent, les SUV électriques, hors Tesla Model Y, peinent à convaincre. Qui plus est en 7 places. Donc le constructeur au lion nous gratifie de 5 versions.
Deux versions thermiques :

• Une version hybride
• Une version hybride rechargeable

Trois versions électriques :

• Traction 210 ch avec batterie de 73 kWh
• Traction 230 ch avec batterie de 96 kWh
• 4 roues motrices 320 ch avec batterie de 73 kWh

Pour qui ?

Attaquons dans le bois dur : un SUV géant, offrant 7 places, taillé comme un Panzer et alimenté aux électrons, ne cible pas vraiment les jeunes cadres dynamiques qui « possèdent des tunes et son à l’aise financièrement ». Il intéresse plutôt les ensembles d’individus qui souhaitent partir en famille. Affiché à 42 990 euros une fois le bonus déduit pour l’entrée de gamme, et 45 590 euros pour notre version d’essai, le 5008 vise les parents qui souhaitent un meilleur confort, une finition plus qualitative et plus de puissance qu’un Dacia Jogger. Enfin, presque. Car ce dernier n’existe pas en électrique.

On peut ajouter l’aspect pratique, polyvalent et modulable. Le tout saupoudré d’une impression de tech. Impression, car si le hardware est là, le software ne suit pas vraiment. Disons que le ramage matériel ne rapporte pas vraiment au plumage logiciel.

Un design qui s’essouffle un peu, mais une finition remarquable

Le dessin de cet e-5008 sent encore beaucoup les reste de Gilles Vidal, le designer qui a insufflé ce nouveau style chez Peugeot, avant de le reproduire chez Renault. La finition est vraiment excellente, avec une qualité d’assemblage qualitative. L’insonorisation est également un des points fort de Peugeot et cette version électrique ne déroge pas à la règle.

L’intérieur ne renouvelle pas le genre. L’instrumentation est tournée vers le conducteur. Le petit volant est un choix clivant qu’on adore ou déteste. Les commande tombent sous la main. Le petit regret vient de l’abondance de piano black, ce revêtement plastique noir brillant qui est un nid à traces de doigts.

Les coutures des sièges rappellent les pneus, ce qui n’est pas du meilleur effet. Mais une fois assis dedans, l’assise est confortable et nous nous sentons bien enveloppé. L’assise est un poil ferme, mais le travail des suspensions règle ce point.

PEUGEOT Panoramic i-Cockpit® de 21 pouces : le tour de magie décevant

Voici l’un des arguments phares de Peugeot pour vous motiver à l’achat de ce 5008. D’ailleurs, cet écran est mis en avant par le constructeur, du communiqué aux photos de presse. De prime abord, l’écran en jette. Il est surélevé, mais, contre toute attente, et surement grâce à un volant plus petit et plus (trop ?) bas, il n’occulte pas la route. Bon point ! Le côté incurvé offre une sensation de cocon numérique en plus d’un aspect tech réussi.

Aspect, car le secret du tour de magie n’est pas aussi glamour : ce sont deux écrans rectangulaires masqués par des bordures noires (à la différence de Cadillac, qui offre une dalle uniforme). L’écran de droite est tactile, celui de gauche non. N’y voyez rien de politique. Cette astuce existe également chez Hyundai par exemple. Nous ne sommes pas sur un écran Samsung Odyssey.

Les débords sur les côtés ne sont qu’une garniture. Rien de décevant pour autant. Du moins, pas tout de suite.
C’est une fois allumé que l’on déchante. L’interface graphique est datée, les tailles des différentes polices mal ajustées. L’affichage de la conso est minuscule. L’animation montrant l’énergie (récupération ou dépense) est laide et inutile : le 5008 propose un freinage régénératif de différentes intensités. Croyez-nous, on le ressent. Il est futile de nous le mettre en images, en gros et devant nos yeux qui plus est.

C’est d’autant plus frustrant que cela fait des informations supplémentaires dans le champ de vision. L’écran de droite est nettement plus intéressant, avec un affichage de la cartographie GPS et du menu. Menu qui apparait sous forme de tuile façon Windows Phone (c’est cadeau pour les nostalgiques).
La réactivité du tactile est très bonne, sans atteindre le niveau de Tesla ou Renault. La technologie LCD aurait mérité de l’OLED, pour gagner en lisibilité. Ce n’est pas ça qui aurait gonflé radicalement la facture. Surtout qu’il s’agit de la pierre angulaire du poste de conduite.

L’interface graphique est datée, mais l’arborescence des fonctions plutôt logique. Nous n’avons pas rencontré de difficulté à trouver ce que nous cherchions dans les menus. Un bon point. La console centrale, toute d’un tissu gris vêtue, abrite un panneau de 5 écrans tactiles. Dans le monde idéal, ces écrans seraient programmables selon nos envies. Il n’en est rien. En revanche, l’affichage est dynamique et change selon les fonctions : « mirrorscreen » devient « Apple, Car Play » par exemple. Une très bonne idée.

La charge à induction est plutôt mal placée car située sous le tableau de bord. Prendre ou retirer son smartphone engendre trop souvent un appui sur les touches physiques d’accès direct. Couper la clim lorsqu’on veut repositionner son tel qui se balade un peu, c’est agaçant. Mais ça évite de jouer avec son téléphone au volant. Un mal pour un bien en quelque sorte.

Une approche multimédia datée

Le 5008 n’est pas un véhicule uniquement électrique. Les variantes thermiques existent. Peugeot n’a visiblement pas pensé à l’expérience de recharge. Il n’y a donc aucun système d’infodivertissement pour occuper les passagers durant la recharge. Pas de streaming, de jeux, de magasin d’applications. Le 5008 a une approche à l’ancienne. Probablement, car « les clients s’en fichent et cela n’a pas dérangé les utilisateurs du 3008 ». Dommage. D’un autre côté, la recharge est l’occasion de prendre l’air.

Recharge, autonomie, consommation et le planificateur d’itinéraire

D’ailleurs, notre périple ne nous a pas donné l’occasion de nous brancher sur une borne. Nous n’avons donc pas de courbe de recharge à vous proposer. Le planificateur d’itinéraire n’a pas eu à nous proposer une recharge non plus, mais il proposait des bornes de recharge y compris en Suède. Il est cependant possible de se claquer sur les résultats du 3008.

Comptez 30 minutes pour passer de 20 % à 80 % de batterie. Quant au planificateur, il faudrait l’essayer sur un périple d’au moins 700 km pour s’en faire une idée, notamment pour voir le comportement lorsque la batterie tombe sous les 15 %. Pour rappel, la batterie a une architecture en 400V (contre 800V pour une Hyundai Ioniq 6 par exemple, qui offre des courbes de recharges plus régulières et une charge plus rapide).

Il n’y pas moyen de préchauffer la batterie. Ce qui signifie qu’en hiver, les charges seront plus longues. C’est assez aberrant pour un engin destiné à vous emmener sur de longues distances.

Côté consommation, sur un parcours idéal, le e-5008, en 210ch, consomme 16,7 kWh/100 km. Ces conditions idéales signifient :

• Température autour des 27°C
• Vitesse oscillant entre 70 et 80 km/h avec un retour de 100 km à 110 km/h.

Autant vous dire que cela ne signifie absolument en rien une utilisation réelle. Les 2293 kilos

Une conduite à la cool qui s’en sort bien en ville

Les 25 cm de plus en longueur s’accompagnent d’un empattement rallongé de 16 cm. Cela se traduit par une meilleure tenue de route que le 3008. La voiture est mieux posée au sol, les virages s’enroulent avec un peu moins de roulis. Le tangage est toujours présent, à cause d’une pédale d’accélération trop sensible et de suspensions typées confort. C’est surtout marquant au démarrage.

Car niveau accélération, le 5008, même en mode sport, n’a rien d’un dragster. Le 0 à 100 km/h est « abattu » ou plutôt lentement torturé en 10 secondes dans la vie réelle. Est-ce un mal ? Non ! Cette voiture embarque des passagers au rang 3. Si vous ne voulez pas qu’ils rendent leur déjeuner, il est préférable d’y aller avec le dos de la pédale. Les reprises restent correctes et il n’est pas compliqué de dépasser des poids lourds en mettant le pied dedans. D’ailleurs, à propos de pied dedans, le 5008 embarque des aides à la conduite. Nous retrouvons la fameuse conduite autonome de niveau 2 (régulateur adaptatif et aide au maintien dans la voie) qui va jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Elle est diablement efficace. Le volant est capacitif et il suffit de garder les mains à peine posées pour être tranquille. Sur les longues lignes droites, c’est un plus.

En ville, le 5008 est à l’aise malgré son gabarit. Son rayon de braquage fait la moitié de celui d’un Tesla Model Y, pire élève de la catégorie. Les manœuvres en espace réduit sont d’autant plus simple, que la camera à 360° offre des indications précises et une image très détaillée à la dynamique élevée (l’image n’est pas cramée en plein soleil par exemple).

Durant notre périple dans un pays où l’amende pour un excès de vitesse inférieur à 10 km/h est de 200 euros, nous avons utilisé le limiteur de vitesse. Il s’agit d’une vitesse limite que vous ne pouvez pas dépasser, même en pressant l’accélérateur. Mais sachez qu’en bout de course, il y un palier, comme une sorte de bouton à presser. Si vous appuyez très fort, vous pressez le bouton et pouvez donc accélérer au-delà.

Le mouvement de caisse (basculement d’avant en arrière) au démarrage mis à part, le 5008 est bourré d’atouts. Son confort est déjà un énorme bon point. Un confort qui repose également sur une excellente insonorisation. Le châssis est également très bon. Nous avons dû réaliser une manœuvre d’évitement à 90 km/h et le 5008 n’a pas bronché, ni décroché.

Les assises sont confortables. La forme des sièges offre un excellent maintien. La console centrale au rang 2 permet à la fois d’envoyer l’air à l’arrière (réglable d’ailleurs depuis cette console) et également de recharger vos smartphones ou tablettes via des prises USB type C. Mais ce n’est pas du 60W.

Sept places, plus ou moins

Le 5008 revendique 7 places. Cela a un prix. Au-delà de celui que vous déboursez pour l’acquisition. Comme tous les SUV 7 places, le troisième rend embarques deux sièges qui peuvent s’abaisser pour laisser un plancher plat et agrandir significativement le volume. Lorsqu’ils sont relevés, le coffre est très réduit. Il peut accueillir 2 bagages cabine. Le sous-coffre permet de loger les câbles.

Le 5008 est composé de 3 rangs. Les sièges à l’avant peuvent s’avancer. C’est également le cas des sièges au rang 2. Ce rang est divisé en 2/3 – 1/3. En avançant les deux parties, vous libérez de l’espace à l’arrière.

Le siège central du second rang peut basculer vers l’avant pour offrir un côté moins confiné au dernier rang et servir de tablette.

Les places au dernier rang sont destinées aux personnes mesurant moins de 1,60 m. Au-delà, il n’y a pas d’espace sous les sièges à l’avant pour y loger vos pieds. Seuls deux sièges au rang 2 et le siège à droite du conducteur sont dotés d’attaches Isofix. L’accès à l’arrière se fait en basculant les sièges. C’est efficace et rapide.

Freinage régénératif : des palettes dans votre vie, mais pas de « one pedal »

Le One Pedal consiste à conduire sans toucher à la pédale de frein. Cela est possible grâce au freinage régénératif : le moteur va freiner la voiture lorsqu’on relâche la pédale. Cela permet au passage de recharger la batterie.

Le 5008 dispose de palettes au volant qui permettent de régler le niveau de ce freinage régénératif selon 3 intensités. Un conseil, restez au niveau 1 si vous avez du monde derrière. Les niveaux 2 et 3 sont puissants et génèrent des tangages.

Si l’autopilote de niveau 2 va jusqu’à l’arrêt complet, ce n’est pas le cas du freinage régénératif. Un petit coup de frein est alors nécessaire pour arrêter le véhicule.

Verdict

N’y voyez pas de passion. Le 5008 en version 100 % électrique est une réponse sans prise de risque, à une demande peu probable d’une clientèle qui n’a pas envie de révolution et en quête de pragmatisme. Il est difficile de blâmer Stellantis et Peugeot d’avoir joué la sécurité : les SUV électriques 7 places ne sont pas légion en France, excepté un Kia EV9 plus onéreux et plus volumineux.

Le 5008 électrique dans cette version 210 ch est un peu chiche. L’écran de 21 pouces est un peu usurpé. Le multimédia n’est pas pas révolutionnaire. Mais il s’avère confortable, bien fini, plutôt joli, logeable et très silencieux. Sa tenue de route est très bonne (merci le châssis) et la personne au volant comme les passagers s’y sentiront bien.

Néanmoins, il manque tout de même de pêche et d’allonge, l’autonomie et la consommation sont dans la moyenne et des détails ergonomiques sont à revoir.
Enfin, il faut garder à l’esprit qu’il est fabriqué en France avec une batterie française, ce qui lui permet d’être éligible au bonus et de tirer sur la corde du chauvinisme.

Il faudra plutôt attendre la version 230 ch avec la batterie de grosse capacité pour prétendre à parcourir le monde avec. Cette dernière devrait offrir les kilomètres manquants à cette petite motorisation. Enfin, sur le papier pour le moment. Car ni la cette version « grande autonomie », ni la version « sport à 4 roues motrices » ne sont configurables pour le moment.>

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.