Il faut pourtant reconnaître à Ubisoft une tentative audacieuse de grand écart. Non seulement la licence ose un saut drastique dans le temps, mais elle contraint tout un gameplay à un retour aux sources. Un retour aux sources qui choisit donc la Préhistoire comme terrain de jeu, et plus particulièrement la période Mesolithique, à travers le prisme d’une tribu d’Europe centrale qui cherche à se sédentariser et de son futur chef, responsable de son évolution. Evolution qui lui demandera de survivre au règne animal, mais aussi aux invasions d’autres tribus, bien moins altruistes et mieux armées, tout en recrutant à tour de bras de nouvelles recrues pour aménager sa base et donner naissance à l’une des premières villes de l’histoire. A partir de ce postulat, Primal dessine une aventure dans la pure tradition de sa formule. Soit un monde ouvert gigantesque et plein à craquer d’activités, ainsi qu’une progression éclatée entre quêtes primaires et optionnelles, à base de crafting, chamanisme (pour transformer certains animaux en familiers de combat) et conquête de territoires ennemis. Plutôt que de bouleverser ses acquis, Ubisoft a préféré les nuancer de truchements, mineurs mais nombreux. Àge de pierre oblige, le jeu exploite une mécanique de système D et de confection d’armes, et privilégie souvent le combat rapproché ou l’approche frontale.
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Reste la promesse narrative, plus problématique. Si le jeu s’annonce généreux en morceaux de bravoure cinématiques et en personnages dégénérés, il ne fait que répéter une formule qu’on connaît par cœur d’une année à l’autre. Plus intrigante reste la possibilité, à peine esquissée dans cette démo, de développer une base-mère fixe, et son lot d’améliorations et de recrues supplémentaires. Seul le long terme révélera son utilité réelle sur le terrain ou, au contraire, sa superficialité à rajouter de la complexité là où il n’en faut pas forcément. Pire : cette activité gestionnaire, par sa dimension pondérée et pragmatique, viendra-t-elle édulcorer cette sauvagerie qui a fait le sel d’une telle série ? Espérons que ce retour vers le passé ne provoque pas la régression d’un ADN, dont la folie est la plus belle preuve génétique.
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