Après une longue période de jeux de commande pas forcément très intéressants, un Star Fox Zero franchement en dessous de ce qu’on était en droit d’attendre et la fausse couche douloureuse de Scalebound, PlatinumGames cherche à redevenir synonyme d’action débridée, de sensations jouissives et de jouabilité au cordeau. Je coupe court au suspense, Nier: Automata sera la nouvelle pépite du beat’em all et le digne successeur des deux derniers titres issu du même moule : Bayonetta 2 et Metal Gear Rising: Revengeance. Point de sorcière ni de cyborg au passé tragique, on contrôle ici 2B, une androïde sapée pour aller au bal avec une robe noire et des talons hauts – une tenue parfaitement manifestement adaptée pour le combat rapproché dans la tête d’un Japonais – et, bon sang, qu’est-ce qu’il est bon de virevolter dans des chorégraphies aussi plaisantes à regarder qu’agréables à jouer. Après 4 heures de jeu, faisons un petit point sur ce que va nous proposer Nier: Automata.
Tuer avec style, l’automate adore
Il est peu de développeurs qui peuvent se targuer d’avoir une « empreinte » de gameplay. Une sensation qui nous envahit les mains et le corps et qui nous fait immédiatement reconnaître une patte, en faisant abstraction de toute notion de style graphique ou de thématique. Nintendo parvient à faire cela avec ses jeux de plateformes, quant à PlatinumGames, c’est clairement avec ses beat’em all que la magie opère. À peine les premiers mouvements effectués avec 2B et ça s’écoule en vous. C’est fluide, c’est agréable. On est en contrôle et la distance entre vous et le jeu est proche de zéro. Quant à la jouissance de trancher les robots au sabre, il est lui à son paroxysme, au moins autant qu’avec l’ami Raiden.
Comme souvent avec PlatinumGames : deux coups. Un faible, rapide et susceptible de provoquer des combos, et un fort, lent et parfait pour conclure une offensive. En réalité, il est possible d’attribuer l’arme que l’on veut à chacun des deux boutons, mais en tout cas, c’est comme ça que c’est pensé au début de l’aventure. Foncer tête baissée peut être intéressant pour ne pas laisser la possibilité à l’adversaire d’initier une attaque, mais le système de jeu récompense évidemment l’esquive qui donne accès à des contres redoutables. Les ennemis attaquent souvent par meute et vous ne vous concentrerez jamais que sur un, voire deux adversaires à chaque fois. À vous de repérer dans le brouhaha ambiant le petit signal sonore ainsi que le flash rouge dans les yeux de l’ennemi prêt à vous assener un coup pour appuyer sur la gâchette magique et devenir intouchable le temps d’une roulade au timing précis.
La meilleure défense, c’est la contre-attaque
Si placée correctement, 2B aura l’opportunité d’attaquer juste après. Elle pourra notamment soulever le belligérant dans les airs d’un coup de sabre bien placé, le rejoindre et l’enchaîner au-dessus de la mêlée, sous le regard impuissant de ses camarades restés en bas. Si vous vous placez correctement, cette technique vous permettra même d’embarquer plusieurs ennemis d’un coup dans ce pugilat aérien. Avant que les coups ne deviennent inefficaces, pensez bien à conclure votre combo avec un coup fort pour ramener tout ce beau petit monde sur la terre ferme dans une violente chute qui fera le ménage à l’impact. Votre personnage ne pouvant encaisser que 3 à 4 gros coups en tout et pour tout, vous devrez de toute façon maîtriser l’art subtil de l’esquive et de la contre-attaque pour survivre.
Mais Nier : Automata ne s’arrête pas là, car c’est une dimension entière de shoot’em up qui a également été intégrée au jeu. On aurait pu craindre une sorte de résultat chimérique qui ne parvient pas à être tout à fait bon ni dans l’un ni dans l’autre des deux genres, mais c’est le contraire qui se produit grâce à des choix de design très intelligents. Parlons d’abord de la caméra. En fonction de la salle dans laquelle vous vous situez ou en fonction du moment, elle changera drastiquement de position. Normalement libre et derrière vous, elle peut d’un seul coup se mettre à filmer l’action en vue du dessus. Votre stick droit ainsi libéré vous permet d’orienter le tir de votre petit drone qui vous suit partout. Et d’un seul coup, vous voilà dans un shooter en double stick ! Sur certaines rambardes, elle peut se mettre sur le côté à vous suivre automatiquement. Et vous voilà d’un seul coup dans un jeu d’action plateforme ! Certaines séquences verront 2B s’équiper d’un exosquelette possédant des réacteurs et des canons. Et vous voici dans un shoot’em up 3D façon Sin and Punishment ! Nier : Automata offre un mélange des genres réussi, permettant une variété impressionnante de styles de jeux typés arcade de s’exprimer. On ne crache vraiment pas dessus tant ils sont magistralement agencés.
[nextpage title=”En 2B-ien, 2B-onheur”]
Si cet enchevêtrement de systèmes de jeux marche aussi bien, c’est aussi grâce au choix judicieux d’assignation des boutons. Tout ce qui concerne le tir, hormis la visée au stick droit, se fait avec l’un ou l’autre des boutons de tranche. Cela signifie que rien ne vous empêche de tenir à distance un ennemi à la mitraillette pendant que votre enchaînez un ennemi au sabre, avec les boutons de façade. D’autant qu’un lock de caméra bien pratique est disponible – sauf dans certains modes de difficultés – et permet de garder un angle de caméra pertinent, à la fois pour le tir et pour la mêlée.
Balade au clair de dunes
Vous avez peur d’un jeu linéaire et arcade ? Rassurez-vous, ce système est incrusté dans une structure RPG qui crée le liant et évite que le jeu ne soit qu’une simple série de combats sanctionnés par un score. C’est là que Nier se démarque de ses illustres prédécesseurs MGR et Bayonetta 2. Le monde est ouvert, vos déplacements sont libres, on vous donne des quêtes, vous devez gérer votre équipement, glaner des ressources, libérer des points de sauvegardes, etc. Quant aux menus, ils sont riches – trop riches, presque ? – et les options de personnalisation de votre personnage nombreuses.
L’univers ne gâche absolument rien. La Terre est dévastée et votre État-major envoie deux de ses meilleurs androïdes – 2B (vous) et 9S (qui a les traits d’un jeune garçon) – depuis sa base spatiale afin d’aider des poches de résistances contre des robots-aliens inquiétants. On déambule dans des décors urbains en ruine magnifiques où la nature a repris ses droits, des plateformes maritimes industrielles imposantes ou encore des déserts de sable dans lesquels sont ensevelies de nombreuses structures de métal. Les musiques également promettent de jolies choses, mais ça, c’est quelque chose dont nous avait habitué le Nier de 2010.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.