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Essai Winora iRide Pur R5f : un vélo urbain connecté agréable, mais qui ne vous emmènera pas très loin

Des vitesses qui se passent à l’arrêt, un design réussi, une géométrie facile et agréable, et un équipement pléthorique. Sur le papier, l’iRide Pure R5F de Winora a tout pour être une star. Mais à 3 700 euros, il n’a pas le droit à l’erreur.

Avec l’iRide Pure R5f, Winora joue la carte du vélo urbain à connotation sportive et au design dynamique. Le segment étant saturé, Winora mise sur un équipement aussi fourni que le compte en banque de la personne qui souhaite l’acquérir. Reste à savoir si les 3 699€ demandés sont justifiés. C’est exactement ce que nous allons voir.

Initialement, Winora était un petit fabricant allemand de vélos pour enfants. De quoi se faire un nom et attaquer un marché plus costaud. En 2001, le petit fabricant passe aux mains du grand groupe hollandais, Accell Group. Un moyen de bénéficier des économies d’échelle et d’une production et distribution plus importantes. Sachez d’ailleurs que le groupe possède également Lapierre. Dit comme ça, tout paraît idéal. Malheureusement, le marché du vélo est un paradoxe : si l’engin est de plus en plus sollicité, les ventes, elles, stagnent. Un retour brutal à un marché pré-COVID.

Découvrir le Winora iRide Pur R5f

Mais l’iRide Pure R5f testé ici se confronte à une autre difficulté : la saturation du marché dans ce créneau de vélo urbain. Un marché qui regorge d’acteurs et de propositions en tout genre. Pour tirer son épingle du jeu, il faut en donner beaucoup plus et le faire bien. Et vous allez voir que Winora n’y arrive pas vraiment.

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Design : bien mais peut mieux faire

Notre modèle nommé High est à cadre haut. Il existe une version au tube supérieur légèrement plus bas, appelée Mid. Cela se joue à seulement 3 cm et c’est déjà un bon point, puisque vous préserverez l’entrejambe de votre pantalon en enfourchant cet iRide Pure R5f. Ajoutez à cela une selle télescopique et suspendue, dont la hauteur est contrôlable via une gâchette dédiée.

La géométrie est assez classique pour ce genre de vélo. Le guidon est situé légèrement plus haut que la selle. Le cintre droit et large offre une bonne position, qui limite la pression sur les bras. Nous reviendrons sur la conduite un peu plus loin.

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La géométrie est un mélange entre un VTT et un vélo hollandais, les deux extrêmes.

Les garde-boues sont en métal et ça, c’est cool. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est le choix du porte-bagages à la norme MIK. Comprenez une limitation de 10 kg (contre 15 kg pour du QL2/QL3) et surtout l’impossibilité d’y placer un siège enfant.

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Pas de support pour caisse ni de possibilité de poser un siège enfant (dont la limite est de 15kg contre 10kg ici). Dommage.

Le phare est fixé au centre du guidon. Un bon point puisqu’il s’incline et se relève. La puissance est très correcte et nos parcours de nuit automnaux se sont bien passés. Pas d’appels de phare de la part des automobilistes et motards non plus. Bien joué.

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Le phare est puissant et son spectre est large.

À l’arrière, c’est une petite bande LED certes jolie mais qui manque de puissance de prime abord. Car ce Winora iRide Pure R5f possède un feu de stop à l’arrière. Comme les voitures, les motos, les trottinettes. C’est un gros plus en matière de sécurité, surtout pour un vélo qui se destine à un usage urbain et donc sur route, au milieu du trafic.

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Encore trop rare, le feu de stop sur le vélo est pourtant une évidence pour les déplacement urbains, afin de prévenir les véhicules qui nous suivent que nous freinons. Y compris sur les pistes cyclables.

À propos du guidon, celui-ci est ajustable pour offrir la position de pédalage idéale. La selle, une Italia X-Bow, ne sied pas à tous les séants et s’est avérée assez inconfortable malgré la tige suspendue, dont la hauteur est réglable via une gâchette sur le guidon.

Les pneus sont des Continental Contact Urban de 27,5 pouces de diamètre. Probablement notre coup de cœur parmi tous les pneus urbains existants. Outre le type ballon qui filtre un peu les aspérités de la chaussée, ils offrent un grip remarquable, y compris sur sol mouillé, avec une résistance au roulement contenue.

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Les pneus sont excellents pour l’urbain, bien qu’un peu lourd. Ce qui n’est pas un souci pour un vélo à assistance électrique.

La fourche à l’avant est une Feathershock. Elle intègre une suspension discrètement placée entre le cintre et le bas de la fourche. Discret, c’est également le mot concernant sa capacité à filtrer les vibrations. C’est joli mais inefficace.

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Discrète et esthétique, la suspension intégrée à la fourche n’est pas très efficace.

Du côté des finitions, c’est solide et bien ajusté. Les garde-boues sont parfaitement fixés, il n’y a pas de grincement. La peinture mate offre un aspect et un toucher très appréciables. Le cintre en forme de M, la densité des poignées, la grosse béquille et les ajustements justifient en partie le prix demandé. En partie, car les soudures visibles gâchent l’ensemble. Tout comme la sonnette, certes design, mais inefficace. Des détails qui vont s’ajouter à une liste qui va s’étoffer au fil de l’essai.

Nous terminons ce tour du propriétaire par le poids de l’engin, de 23 kg, qui en fait un vélo lourd pour la catégorie.

Transmission et motorisation : c’est doux, précis, facile, mais faible

Ce petit Winora embarque une motorisation Bosch Performance Line SX logée dans le pédalier. Beaucoup de mots pour une puissance de 250W qui disparaît à la première côte venue et un couple modeste de 55 Nm. La transmission est confiée à une courroie en carbone (comme toutes les courroies de vélo) et surtout un système Shimano Nexus à 5 vitesses. Pourtant pas réputé pour être une merveille à l’usage, cette solution s’est avérée remarquable.

L’alimentation est confiée à une batterie de 400 Wh en 36 V, dont le seul atout est une sangle permettant de la transporter. L’assistance repose sur un combo capteur de couple et de rotation..

Une conduite agréable avec un soupçon de dynamisme mais un manque de puissance

Au guidon, les premiers tours de pédale sont enthousiasmants. La géométrie est chouette et la position agréable, sous réserve de trouver la hauteur de selle idéale. Et oui, le réglage est bien trop rapide, créant un effet tout ou rien. À tel point qu’une fois la hauteur idéale trouvée, vous n’aurez probablement plus envie d’y toucher. Ce qui est le contraire de ce pourquoi ce système suspendu est fait.

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La position de conduite est agréable.

Les pneus sont vraiment top et la sensation d’accroche en virage est aussi rassurante qu’agréable. Sur sol mouillé, la gomme fait des merveilles. En parlant de pneus, sachez qu’ils contribuent au confort, probablement plus que la suspension à l’avant qui ne filtre pas grand-chose. Mais le confort reste correct, aidé par la selle suspendue. En contrepartie, le vélo est dynamique avec des élans sportifs. Le changement de direction en est bonifié. Le seul bémol est alors le poids, non négligeable, de 23 kg.

Le freinage, à disque et hydraulique, est correct. Mordant, progressif, nous n’avons pas la référence exacte (qui n’est même pas indiquée sur le site officiel). Mais ça ressemble à du Shimano MT200, un modèle d’entrée de gamme correct et vaillant.

Les vitesses se passent via une poignée. Le système Nexus permet de les passer à l’arrêt. Comme tous ces systèmes (excepté l’Enviolo qui utilise un variateur), il est nécessaire d’arrêter de pédaler pour changer de rapport. La différence réside dans le temps d’arrêt nécessaire. Si ce dernier est trop important, c’est rapidement agaçant car ça casse le rythme. Et le système Nexus n’est pas réputé pour être le meilleur à ce jeu. Pourtant, contre toute attente, ça a très bien fonctionné. Le rythme reste soutenu, les passages sont rapides, précis, nets et s’accompagnent d’un petit « clic » qui flatte les oreilles.

Côté motorisation en revanche, c’est loin, très loin d’être Byzance. Le Bosch Performance Line SX n’a de performance que le nom. Sur notre parcours d’essai, la puissance crête se maintient plutôt bien, mais reste faible. La puissance nominale est plus proche d’un vélo vendu deux fois moins cher. Sur notre parcours de test, la fin de notre montée s’est soldée par une vitesse de 15 km/h, moyennant un effort important du cycliste. C’est dans la partie basse de nos mesures, dont la moyenne est autour des 18 km/h.

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Faut envoyer un peu lorsque ça monte.

Puisque nous y sommes, les 5 vitesses du groupe Nexus sont insuffisantes et vous aurez bien souvent du mal à choisir entre les rapports 3 et 4 en vitesse stabilisée, ou encore chercher un rapport entre 1 et 2 en montée. Bref, si vous habitez une zone à relief, oubliez ce modèle. Cependant, si vous résidez dans une zone plane, ce manque de puissance ne vous pénalisera pas.

Le moteur Bosch se rattrape par la douceur de l’assistance. Pour rappel, le moteur est logé dans le pédalier. Le pédalage semble naturel. C’est la force des dernières générations de motorisation Bosch.

Enfin, le poids important, la largeur des pneus conséquente et la gomme tendre font oublier toute tentative de s’affranchir de l’assistance ou de pédaler sans batterie. Ce qui nous amène au point le plus problématique du vélo : l’autonomie.

Autonomie : qui veut voyager loin, augmente la capacité de batterie de sa monture (ou au moins la vitesse de charge)

Si jusque-là, la seule lacune réelle était la puissance du moteur, qui peut convenir à beaucoup d’utilisateurs n’évoluant que sur du plat, nous arrivons à la partie la moins heureuse, car rien ne va.

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L’idée d’une sangle est excellente !

Commençons par l’autonomie, très faible, de 29 km en mode Turbo. Logique, compte tenu des 400 Wh de capacité de batterie. Une capacité qui ne devrait plus exister sur ce type de vélo en 2024, et qui plus est sur un modèle affiché à 3 700 euros.

C’est d’autant plus frustrant que l’attente pour la recharge est longue. Comptez 4 heures pour une charge complète et deux heures pour récupérer 55 %… La faute à un chargeur 2A. Là encore, c’est indigne d’un modèle à 3 700 euros.

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25,6 km, encore 17% de batterie. Le système donne 5km restant. Nous en avons fait seulement 3…

Vous pouvez vous consoler avec une assistance qui ne faiblit pas dans les derniers pourcentages de batterie. Vous pourrez rouler à 25 km/h jusqu’à 0 %. Par la suite, l’éclairage reste toujours actif, mais le moteur ne délivre plus du tout de jus.

Application : efficace, complète mais gourmande

Le Winora iRide Pure R5f est connecté. Il vous suffit d’installer l’application Flow de Bosch pour établir rapidement un lien intime entre votre smartphone et le vélo. Intime, car cette application servira à mémoriser vos tracés, localiser le vélo, le signaler volé ou perdu, régler les modes d’assistance. Bref, faire ce qu’une application permet en 2024.

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Utiliser son smartphone comme écran, c’est une bonne idée. Mais le support avec recharge intégrée optionnel, à 3700 euros, c’est, là encore, non.

Si les fonctions ne révolutionnent pas le genre (et ce n’est d’ailleurs pas ce qu’on leur demande), les actions sont rapides et exemptes de bugs. Rien n’a planté, pas même la tentative de connexion. Les trajets sont automatiquement enregistrés si vous le souhaitez.

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Le compteur numérique dispose d’un mode paysage. Mais vous préférerez le mode GPS.

Enfin, cette relation intime entre le vélo et votre smartphone tient également au fait que l’iRide Pure R5f est dénué d’écran. Rien de dramatique (bien que 3 700 euros tout de même). Mais deux déceptions viennent gâcher l’expérience. D’abord, l’absence de support (optionnel). Ce dernier permet en effet de charger son téléphone par induction. Ce qui nous amène au second souci : l’optimisation de l’application. Une heure de vélo avec l’application ouverte, sans même lancer le GPS, a drainé 60 % de la batterie d’un iPhone 15 Pro Max ! Autrement dit, vous affranchir du support officiel impliquera de s’équiper d’un moyen de recharger le téléphone sur le guidon.

Conclusion

Ce Winora iRide Pur R5f est joli, sécurisant, facile à rouler, et demande peu d’entretien. Il pourrait répondre à la majorité des vélotafeurs. Malheureusement, son moteur et son autonomie ne sont pas dignes du tarif demandé. Il est bien 1300 euros trop cher par rapport à la concurrence.

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Découvrir le Winora iRide Pur R5f

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Notre avis

Ce Winora iRide Pure R5f est séduisant et agréable. C’est un engin conçu pour enchaîner les kilomètres de vélotaf, le tout dans un style commuter très réussi.
Mais les défauts sont trop importants pour être ignorés, surtout au tarif demandé. La charge trop lente, l’autonomie trop faible, la batterie à la capacité intolérable pour 2024, le support smartphone optionnel (impensable à ce tarif), la puissance et le couple insuffisants pour quiconque doit s’accommoder d’un léger relief en font un mauvais rapport qualité-prix. C’est d’autant plus frustrant que la base est vraiment bonne, avec une conception robuste, faite pour durer.
Note : 6  /  10

Les plus

  • Design réussi
  • Confortable
  • Robuste
  • Passage de vitesses à l’arrêt
  • Feu de stop pratique en circulation

Les moins

  • Autonomie trop faible
  • Moteur pas assez coupleux
  • Charge trop lente
  • Poids élevé
  • Capacité de batterie indécente à ce prix
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