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Essai de la trottinette Navee S60 : moins cher qu’un Tesla Cybertruck et plus pratique

Navee, ce nouveau constructeur qui assemble également pour Xiaomi propose tout une gamme de trottinettes électriques vendues en son nom. Dont la S60 en essaie aujourd’hui. Elle en offre beaucoup et se permet même un design inspiré du Cybertruck de Tesla. Le tout pour un prix officiel de 599 euros. Elle aurait pu être vraiment bien…

Quatre mois et près de 500 km. Ce sont les stats qui ont abouti à cet essai de la Navee S60. La trottinette se veut confortable et assez puissante, on verra par le suite qu’elle ne coche pas toutes ces cases. Cela ne l’empêche pas d’être un bon choix, à condition de faire avec une application médiocre, un encombrement important et une autonomie plus limitée que prévu.

Découvrir la Navee S60

Un design « Cybertruck », vraiment ?

Nous commençons avec le design de cette Navee S60. Le constructeur affiche ouvertement un Tesla Cybertruck sur la page d’accueil du site. Enfin, un modèle déformé, mais clairement identifiable. Visiblement, le dessin de la S60 s’en inspire. Nous sommes sceptiques… Excepté la couleur et les chanfreins, il n’y a pas grand-chose de similaire.

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Ni Tesla ni le nom Cybertruck ne sont mentionnés.
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Au point où nous en sommes…

Le design, parlons-en. La trottinette est plus longue qu’il n’y parait, avec 119,5 cm de long. Le deck mesure 20 cm de large (17 cm pour le grip) sur 50 cm de long et même 60 cm si l’on inclut le repose-pied qui, contrairement à la concurrence, peut réellement accueillir votre pied.

La potence est haute. Le guidon trône ainsi à 125 cm. Un guidon qui intègre des clignotants aux extrémités. Cela donne 60 cm de large. Ici, point d’astuce pour pivoter la potence ou replier les poignées. Plusieurs personnes de tailles différentes ont essayé la S60. Il en ressort une taille minimum de 1,55 m, pour un maximum de 2 m.

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©Jérémy FDIDA pour le JDG
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Le guidon est large, ce qui permet un meilleur contrôle, au détriment de l’encombrement. ©Jérémy FDIDA pour le JDG
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Le clignotant intégré n’est réellement visible que de nuit.

Le phare peut s’incliner, à la différence de la concurrence. Un bon point. Les freins sont au nombre de 2. Un tambour à l’avant, un autre à l’arrière. Un troisième frein, électromagnétique, est également présent. Nous reparlerons plus loin.

Les clignotants s’activent à l’aide d’un interrupteur bidirectionnel. Ils ne s’éteignent pas automatiquement et il faut appuyer à nouveau sur la même direction pour l’éteindre. Il n’y a aucun rappel sur le deck ou à l’arrière.

Les roues 10 pouces sont chaussées de pneus tubeless de marque CST. C’est la marque utilisée partout. La bande de roulement mesure 2 cm pour une largeur de pneu (en dôme) de 75 mm.

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Les pneus sont qualitatifs.

En ce qui concerne le poids, la Navee S60 envoie du lourd puisque nous l’avons pesée à 23,5 kg. C’est moins que les 24,6 kg annoncés. Mais la batterie n’était pas chargée à fond… Pardon, c’était tentant.

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Environ un kilo du kilomètre d’autonomie.

L’écran noir digital (comme sur une Casio GShock) donne l’impression d’être sans bords. Dans la réalité, il n’affiche rien de bien intéressant, si ce n’est la vitesse (limitée à 25 km/h, donc pas de quoi être fixé dessus), le mode utilisé, ainsi que l’allumage ou non des feux.

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L’écran est grand pour rien.

Qualité de fabrication : c’est costaud, mais cheap

La Navee S60 s’en sort bien. Si aucune pièce n’a failli durant nos différents trajets, certains morceaux sont tout de même de mauvaise qualité. Les protections de suspension, le matériau pour le verrou, les poignées de freins, le joint protégeant le port de charge, le câblage au niveau de la roue arrière (bien que gainé), ou encore le garde-boue arrière semblent fragiles.

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Le câblage est fébrile.

De l’autre côté, les pneus, l’assemblage général (rien ne bouge) et le châssis sont qualitatifs. Il n’y a aucun jeu. Entre les pièces. Nous avons poussé le vice à sauter les trottoirs (avec un rider de 100 kg dessus), à descendre de grosses marches, à sauter dessus et rien n’a flancher. Le système de pliage est solide et facile à réaliser à une main.

Intermodal : c’est un grand non

Oubliez l’intermodal, cette Navee S60 est trop encombrante. Et encore, si ce n’était que ça. Et il ne s’agit pas uniquement du guidon de 60 cm de large. Le système d’accroche est mal fait et demandera plusieurs essais. Mais le pire, c’est qu’une fois la trottinette pliée, la potence pivote trop facilement. L’utiliser comme trolley est impossible. La prise est délicate avec un poids très mal réparti. Le transport dans le métro est impensable dès que le wagon est un peu rempli.

Mais le plus compliqué sera de descendre et monter les escaliers avec. La prise par la potence fait mal aux mains. L’encombrement général risque de vous faire heurter quelqu’un. Puis le poids est mal réparti. Elle ne tient pas pliée et à la verticale sur le pan d’un mur.

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Impossible de verrouiller la potence qui engendre des rotations du guidon et/ou de la roue ingérables.

Véhicule quotidien : la trottinette idéale pour remplacer la voiture

La Navee S60 est un bon produit utilitaire. Bien calibrée, suffisamment puissante, la trottinette peut prétendre à assurer vos trajets quotidiennement. Même sous la pluie ou en hiver. Tant que vous avez 24 km maximum à réaliser. Ce qui, et c’est le but de cet intertitre, permet de soulager votre automobile, qui servira aux autres trajets.

Notez que le climat a permis d’effectuer près de la moitié de l’essai sous la pluie et sur sol mouillé. La trottinette a également dormi sur un balcon. Aucun problème à signaler de ce côté.

D’ailleurs, la tenue de route sous la pluie est très bonne. Les pneus CST font du bon travail. Ajoutez à cela une bonne résistance à l’usure et vous obtenez un entretien quasi inexistant (si ce n’est vérifier les serrages, nettoyer le deck, la routine). Ce n’est pas tout. Les clignotants sont inutiles de jour, car imperceptibles. Mais la nuit, ils éclairent aussi bien la route que les chats gris. Et boutade mise à part, ils offrent une visibilité intéressante, en ajoutant un éclairage en haut à celui du bas. Vous êtes immédiatement identifié comme une trottinette. L’éclairage d’ailleurs est correct. Il offre un spectre un poil étroit. Mais l’inclinaison permet d’éclairer un peu plus le sol.

Les suspensions ne sont pas en reste. Enfin, les lamelles qui font office de suspension, car il n’y a pas de ressort. Compte tenu du tarif, c’est déjà impressionnant d’avoir un amorti sur chacune des roues. Les aspérités ne sont pas effacées, il ne faut pas pousser. Mais le confort est appréciable.

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Les amortisseurs à lamelles sont moins confortables que ceux à ressorts.

Enfin, nous saluons la présence de trois freins, dont deux à tambour. Un frein sur chaque roue, en voilà une idée qu’elle est bonne.

Pour illustrer la chose : avec un rider de 100 kg lancés à 25 km/h, la S60 a mis 5 mètres à s’arrêter en utilisant les deux freins et le freinage magnétique régler au maximum. En n’utilisant que le frein avant, la S60 met 5,7 m à s’arrêter. Avec le frein arrière seul, la distance passe à 6,3 m. Sur sol mouillé, utiliser les deux freins limite les risques de glisse. L’avantage du tambour est double : il est facile d’entretien et son mordant est progressif. L’inconvénient, c’est qu’il freine plus long qu’un équivalent à disque.

Il faut parler du repose-pied. Conçu en métal, il est robuste et peut soutenir réellement votre poids. Il sert également d’élément d’accroche pour le guidon, une fois la trottinette pliée.

Performances : juste ce qu’il faut

Le moteur délivre 500W de puissance nominale. Cette dernière monte à 1000W en crête. À la différence des vélos à assistance électrique, la trottinette électrique n’est pas limitée sur la puissance. Celle-ci peut donc tenir longtemps en crête, tant que la batterie le permet. Toujours avec 100 kg de rider dessus, la Navee S60 a pu grimper une côte de 4% à 25 km/h. La limite a été atteinte sur une pente à 10 %. Dans ces conditions, la vitesse de la S60 a rapidement baissé pour se stabiliser à 15 km/h.

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L’outil idéal pour livrer des soupes bien mélangées. Ou simplement faire des courses.

Autonomie et recharge : trop court et trop long

L’autonomie de 60 km annoncée est ubuesque. Vous atteindrez réellement 23,8 km (notre moyenne sur l’ensemble des trajets dans diverses conditions). En mode sport, par 25 °C, avec un rider de 100 kg et sur un parcours mixte avec quelques montées (et donc autant de descentes). Ce qui est moyen compte tenu du volume et surtout du poids de l’engin. Moyen, car cette autonomie n’offre qu’un rayon d’action de 12 km aller et retour par charge.

Navee met en avant son BMS (battery management system). Nous n’avons rien remarqué de transcendant pour autant. Ou du moins, rien de mieux que la concurrence.

La S60 embarque une batterie de 10,2 Ah en 48V. À l’instar de la Xiaomi Electric Scooter 4 Pro 2nd Gen, testée sur le site, la Navee atteint sa vitesse maximale jusqu’à épuisement du réservoir à électrons. Ce qui permet d’afficher 23,8 km d’autonomie réelle.

Concernant la recharge, il faudra être patient. Le constructeur annonce 8 heures pour passer de 0 % à 100 %. Dans les faits, c’est moins, mais toujours long. Ainsi, en partant de 0 %, il faut compter une heure pour atteindre 25 %. Deux heures permettent d’afficher 35 % et il faut trois heures pour franchir les 50 %. La suite demande environ une heure pour 10 % gagnés. Il n’y pas de chargeur rapide fourni, mais un modeste 2A.

Une application qui manque d’intérêt

L’écran de la S60 n’affiche rien d’intéressant. Donc Navee a misé sur un tableau de bord virtuel. Il faut lancer l’application et caler soigneusement votre smartphone sur un support non fourni.

Malheureusement, malgré un travail visuel réel (c’est épuré), l’affichage est petit (alors qu’il pourrait mieux exploiter la surface démesurée de nos smartphones actuels). Pas de chronomètre ou timer accessible. L’autonomie n’est même pas calculée en fonction de l’utilisation en cours. Par conséquent, les 60 km baissent rapidement.

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Taille de police trop petite, place perdue, aucune mise ne relief des informations. Rien ne va dans l’affichage de ce compteur.

Enfin, nous n’avons pas réussi à lier la S60 à Find My d’Apple (Localiser). Erratum : depuis la dernière MAJ de l’iPhone, nous avons réussi. La procédure du mode d’emploi a été respectée :

  1. Option « trouver mon commutateur de fonction » (ce sont les termes) activée sur l’appli Navee
  2. Allumer la trottinette, actionner les freins et appuyer 3 fois sur l’accélérateur.
    Malgré cela, il a fallu désactiver l’option de l’application, éteindre la trottinette, fermer l’application. Puis rallumer la S60, activer l’option dans l’appli et tenter à nouveau de trouver la trottinette dans « Localiser d’Apple ». Enfin, l’objet a été trouvé, mais l’appairage ne va pas au bout et la trottinette n’est pas ajoutée. Edit : suite à la lecture d’un commentaire (et au passage de l’iPhone ayant été utilisé vers iOS 18, nous avons tenté à nouveau l’appairage et c’est passé.)
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Cela a été finalement possible.

Nous noterons également que l’application est disponible dans un français discutable, la faute à une traduction Google.

Puisque nous y sommes : le capteur de pression des pneus n’existe pas (nous les avons dégonflé pour vérifier). Cela fait un peu beaucoup de promesses vendues non tenues.

Verdict : bon, mais trop court pour certains trajets

La Navee S60 est une bonne proposition sur le marché des trottinettes dans la fourchette (500-650 euros). Vous en serez satisfait si et seulement si les 23,8 km d’autonomie vous suffisent pour un trajet. Dans ce cas, vous disposez d’un engin robuste, confortable, abordable, plutôt joli et sécurisant. Affichée à 499 euros à l’heure de rédaction de cet essai (contre 599 euros le prix officiel), la S60 est un excellent rapport qualité-prix.

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Le rapport qualité-prix est bon, mais le manque d’autonomie est problématique pour un véhicule qui doit s’affranchir de 100% du trajet quotidien.

Mais il faudra penser aux 23,5 kg en montant les étages et oublier les transports en commun comme le bus ou le métro. Des éléments qui ôtent tout intérêt à ce modèle. Pour le reste, c’est une trottinette à vocation utilitaire, teintée d’un peu de fun, qui vous fera gagner du temps quotidiennement, qu’importe le climat, pour le quart du prix d’un VAE positionné dans le bas du panier du bas de gamme.

Découvrir la Navee S60

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Notre avis

La Navee S60 est une trottinette robuste, confortable et abordable, offrant un bon rapport qualité-prix. Mais ses 23,5 kg la rendent impraticable dans les transports en commun. Elle doit donc être utilisée comme véhicule à part entière. Chose pour laquelle elle se débrouille bien, si les 24 km d'autonomie vous suffisent. Car ensuite, il faudra attendre longtemps pour remplir la batterie à 100%. La compatibilité Find My d'Apple (enfin opérationnel chez nous) est un plus non négligeable en matière de sécurité.
Note : 7  /  10

Les plus

  • Design réussi
  • Puissance suffisante en pente
  • Compatible "Localiser"d'Apple
  • Confort

Les moins

  • Charge interminable
  • Poids et encombrement (intermodal impossible)
  • Autonomie un peu juste
2 commentaires
  1. Je ne sais pas comment vous faite, je fais 90 kilos et j’arrive à aller a 35 km avec en 25km/h… Certain arrive même a 39 voir 40…
    De plus j’ai pu sans souci mettre find my phone pour la localisation.
    Bon test mais note trop sévère car injustifié pour l’autonomie fausse (vous avez peut-être un modèle défectueux), et la localisation fonctionne très bien.

    Elle mérite facilement un 8/10. Surtout a 499 euros.

  2. J’ai été très intrigué alors j’ai récidivé, avec la MAJ iOS 18 faite et c’est passé.
    J’avais hésité entre 6 et 7 mais effectivement, avec Find My et un peu de recul, elle mérite 7/10. Concernant l’autonomie, elle est basé sur un différents parcours tests et les 30 km n’ont jamais été atteints.
    Dans tous les cas, merci pour ton retour.

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