Disney Animation est à un tournant. Suivant les changements opérés avec le passage à la 3D et ce qui s’apparentait à un nouvel âge d’or pour l’entreprise, elle explore de nouveaux horizons pour Wish : Asha et la bonne étoile. Après plus d’une décennie de productions assistées par ordinateur, le studio acte un retour à l’animation plus classique tout en combinant cette approche aux progrès techniques apportés par la 3D. Entre héritage et renouveau, Wish : Asha et la bonne étoile se devait de trouver cet équilibre précaire. Nous avons rencontré Chris Buck et Fawn Veerasunthorn, les réalisateurs et le producteur Peter Del Vecho pour en discuter avec eux. Interview.
Journal du geek : Comment ce projet est-il né ?
Peter Del Vecho : C’était en 2018, Jennifer Lee (réalisatrice de La Reine des Neiges) venait d’être nommée directrice créative de Disney Animation. Nous travaillons tous sur La Reine des Neiges 2 à cette période et avons réalisé que nous serions encore Disney pour le 100ᵉ anniversaire. Nous avons réfléchi à un film qui pourrait incarner tout ce qu’est Disney.
Journal du geek : Wish : Asha et la bonne étoile sort alors que Disney souffle sa centième bougie. Il est présenté comme un hommage à tout ce qu’a fait le studio ce dernier centenaire, mais également comme une nouvelle manière de raconter des histoires. Comment exprimer cet héritage ?
Chris Buck : Sachant que ce film sortirait pour l’anniversaire, nous avons dès le concept du film cherché dans les métrages emblématiques. Nous avons pris un plan de chacun des films des cent dernières années sur un tableau. Vous pouvez ainsi voir tous les styles, toutes les esthétiques.
Fawn Veerasunthorn : Oui, on s’est demandé comment célébrer le passé tout en regardant vers l’avenir. Comme vous l’avez dit, il fallait trouver un équilibre entre le vieux et le neuf. Nous avons beaucoup puisé notre inspiration du côté de Blanche-Neige et Pinocchio, des styles qui ont inspiré Walt lui-même et c’est ainsi que nous avons eu l’idée de miser sur des aquarelles et une impression de livre de contes. Avec les technologies que nous avons maintenant, nous pouvons maintenant marcher dans le livre et être immergé dans cette expérience. C’est quelque chose que nous n’avons jamais pu faire jusqu’ici dans un long-métrage.
JDG : Cette idée était là dès le départ ?
Peter Del Vecho : Je pense que c’était là dès le début. Michael Giaimo, qui est notre production designer voulait lui donner l’aspect d’un livre d’histoire. C’était un vrai challenge pour les équipes CGI, les artistes. Nous n’étions pas certains de pouvoir le faire, mais ça a marché !
JDG : Ces deux approches, qu’ont-elles permis de faire éclore ?
Fawn Veerasunthorn : Nous sommes enthousiastes à l’idée de proposer aux spectateurs quelque chose de très frais, de nouveau. Dans le même temps, il y a toujours des élans de nostalgie, des souvenirs de l’enfance.
JDG : J’imagine que cela a été un véritable défi de faire coexister la 2D et la 3D…
Fawn Veerasunthorn : Oui, certainement (rires).
Chris Buck : Oui, ça a été un véritable défi. Heureusement, nous avions déjà fait quelques expériences dans le domaine avec des courts-métrages tels que Paperman ou Le Festin. Dès lors, nous avons su qu’il fallait collaborer avec ces artistes, mais cela n’avait jamais été fait pour le grand écran et pour un film. Par chance, nous avons réussi à le faire (rires).
JDG : Wish n’est pas seulement inédit dans son esthétique, les thématiques abordées sont aussi la rencontre de la nouveauté et de la nostalgie. À la découverte du film, j’ai eu l’impression de voir une dystopie, sur un monde qui n’a pas conscience que ses rêves et ses ambitions sont volées par un roi tyrannique.
Fawn Veerasunthorn : Notre histoire tente de capturer l’idée selon laquelle il n’y a pas de chose plus puissante au monde qu’une personne avec un rêve. Tout le monde a cette étincelle, et même si les doutes s’installent, vous avez toujours le choix de prendre part à l’action pour réaliser votre rêve.
JDG : Ce film est évidemment à destination des enfants, pensez-vous qu’il faille absolument se contenter d’aborder des thématiques qu’ils peuvent comprendre, ou du moins qu’on estime être ce qu’ils peuvent comprendre ?
Chris Buck : Nous faisons ces films pour tout le monde, tout le monde peut les apprécier. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Je pense que nous sous-estimons parfois ce que les enfants peuvent comprendre. Ils peuvent saisir des thèmes plus matures, je suis toujours impressionné de voir ce qu’ils retiennent de ces films, c’est ce que j’aime.
Fawn Veerasunthorn : Nous espérons que les gens sortiront du cinéma et trouveront le courage de dépoussiérer leurs vieux rêves, leurs rêves oubliés. La vie s’est mise en travers de leur chemin, mais il est désormais l’heure de poursuivre leurs ambitions.
JDG : Le film est truffé de références. J’ai pu en voir quelques-unes, mais je suis persuadée d’en avoir manqué énormément. J’imagine qu’il faut avoir l’œil ouvert à chaque instant…
Chris Buck : Tout le film. Une fois que nous avions l’histoire, on a pu commencer à s’amuser et ajouter des références. Nous avons eu nos idées, mais toutes nos équipes également. Tout le monde voulait mettre cet amour de Disney au service du film. Il y en a une plus d’une centaine (rires).
JDG : Maintenant que le centenaire est terminé, quel est votre souhait pour l’avenir de Disney ? Que nous réserve l’avenir ?
Peter Del Vecho : Je suis impatient à l’idée de découvrir ce que les cent prochaines années nous réservent. Walt lui-même était prompt à évoluer, à changer son approche. Nous verrons où les technologies vont nous transporter.
JDG : Quelles sont d’ailleurs les technologies qui selon vous pourraient avoir un impact phénoménal sur l’industrie cinématographique ?
Peter Del Vecho : Ce qui est fascinant avec le processus créatif, c’est que les artistes trouvent toujours une manière de s’exprimer, peu importe les technologies qui sont à leur disposition. Je suis sûr qu’à mesure que les technologies évoluent, ils trouveront un moyen de porter encore plus d’histoires à l’écran.
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