Un an après le retour de Chicken Run, Aardman fait revenir une autre licence emblématique de son catalogue. Le studio britannique collabore avec Netflix pour un deuxième long-métrage consacré à l’inventeur Wallace et son compagnon à quatre pattes Gromit. Alors que la “claymation” se fait trop rare, cette technique qui consiste à photographier des marionnettes en argile, Wallace & Gromit ont-ils perdu de leur magie ?
De quoi ça parle ?
Wallace & Gromit coulent des jours heureux. Si le célèbre inventeur croule sous les factures, sa nouvelle invention pourrait régler leurs problèmes financiers en quelques jours. Wallace a imaginé un nain de jardin intelligent, capable de réaliser les sculptures végétales les plus impressionnantes. Mais lorsque cet assistant commence à dérailler, nos héros se retrouvent dans de beaux draps. Et si un ancien ennemi tapi dans l’ombre avait orchestré leur chute ? N’écoutant que son courage, Gromit va tout mettre en œuvre pour sauver son maître de la ruine et mettre son ennemi hors d’état de nuire.
Notre avis
Pour qui a grandi dans les années 2000, Wallace & Gromit est une référence. Après plusieurs moyens métrages, les deux héros s’offraient en 2005 leur premier film en collaboration avec Dreamworks. Nick Park et Steve Box piochaient dans le registre fantastique pour immortaliser la nouvelle aventure des deux personnages. Le mystère du lapin-garou ne compte pas parmi les plus gros succès de Dreamworks, mais c’était illustré dans la course aux Oscars avec le titre de meilleure proposition animée. Il aura pourtant fallu attendre 16 ans avant de les retrouver pour un nouvel opus. Après un Chicken Run 2 plaisant, mais qui manquait un peu de piquant, on attendait de pied ferme La palme de la vengeance. C’est d’autant plus vrai que le film ne profiterait pas d’une exploitation au cinéma, qu’il serait confiné aux rayons de Netflix en France. À l’heure où l’animation image par image se fait trop rare, où les studios historiques donnent dans la surenchère technique et les effets de style, la magie de l’argile a-t-elle du plomb dans l’aile ? Pas le moins du monde.
Profitant des possibilités offertes par les effets numériques, cette nouvelle aventure embrasse le ludisme de sa démarche pour offrir toujours plus d’action. Explosions à gogo, interaction avec l’eau et surtout mouvements de caméra plus ambitieux, La palme de la vengeance prouve que la “claymation” n’a pas dit son dernier mot. C’est certes un procédé fastidieux et chronophage, mais d’un charme fou. Le nouveau film d’Aardman profite encore une fois d’une esthétique très efficace et récréative. Les couleurs sont plus vives, la définition de l’image participe à rendre les déplacements plus fluides et à retranscrire toujours mieux les émotions de ces petites figurines, dont certaines qui sont muettes.
Le travail est particulièrement remarquable sur Feather McGraw, antagoniste mystérieux qui n’a que deux billes noires et un bec orange pour faire transparaître son état d’esprit. Le film réussira pourtant à faire transpirer sa personnalité de méchant presque “jamesbondien”, avec un calme olympien mais un certain sens du spectacle. Si l’on pouvait craindre que la modernisation de la formule n’altère le charme du “fait main”, force est de constater que la licence Wallace & Gromit a encore de beaux jours devant elle. On dirait même que les progrès en matière de captation ont rendu l’objet plus attachant, surtout lorsque des traces empreintes s’invitent sur les mines réjouies de nos comparses. On apprécie aussi la richesse des décors, les réalisateurs ne sont pas avares en lieux et intérieurs fourmillants. Des jardins luxuriants, les entrailles d’une usine secrète et surtout la maison de l’inimitable Wallace, tout est fait pour captiver les spectateurs. On s’amuse à regarder ces toiles de fond dans le détail, à la recherche de quelques autres gags.
Ce sentiment de retour à des choses simples se confirme au travers de la narration. Comme à chacune de leurs aventures, les deux personnages s’éloignent lorsqu’une invention de Wallace prend forme et que Gromit se sent menacé. Leurs trajectoires croisées encapsulent l’amour qu’ils se portent, la conclusion n’en est que plus touchante. La palme de la vengeance multiplie les belles idées, les traits d’humour bien sentis pour s’illustrer comme un film familial généreux, que l’on regarde avec des yeux d’enfants, qu’on le soit encore ou non.
Est-ce qu’on regarde ?
Netflix nous avait promis un retour en fanfare, la plateforme n’a pas menti. Aardman livre une nouvelle épopée à l’esthétique saisissante, que l’on dévore sans déplaisir. Du haut de son heure et demie, Wallace & Gromit : la palme de la vengeance est sans doute la meilleure manière de clôturer les vacances de fin d’année. C’est aussi une formidable opportunité de réunir plusieurs générations de spectateurs autour d’une licence définitivement indémodable. C’est drôle, touchant et diablement efficace. On en redemande.
On regarde quoi après ?
Si cette aventure ne vous a pas rassasié, le weekend est parfait pour plonger plus longtemps dans l’imaginaire du studio britannique. Ça tombe bien, quantité de courts métrages consacrés à Wallace & Gromit sont disponibles sur Canal+. Après avoir découvert le grand méchant Feather McGraw, pourquoi ne pas voir ou revoir sa première rencontre avec les deux personnages. C’est dans Wallace & Gromit : un mauvais pantalon sorti en 1993 que l’antagoniste est né. Alors qu’il rencontre des difficultés financières, l’inventeur décide de louer une chambre à un manchot. Rapidement, Gromit soupçonne son nouveau colocataire d’être un malfrat. On ne peut également que vous conseiller de revoir Le mystère du lapin-garou disponible sur Max et qui est le premier film de nos deux amis.
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