La limite entre jeux vidéo et 7ème art continue de s’affiner. L’un emprunte à l’autre et vice versa, toujours avec l’envie de faire éclore des œuvres majeures et populaires. Côté gaming, les joueurs prennent plaisir à découvrir des productions toujours plus cinématographiques, à l’image des jeux narratifs de Quantic Dream ou les licences Naughty Dog. À l’opposé, les salles de cinéma et les téléviseurs accueillent des productions s’inspirant directement des univers vidéoludiques les plus plébiscités.
Si ces films et séries ont souvent eu du mal à convaincre, les adaptations arrivent enfin à se démocratiser. Fini les navets kitsch au possible, les créateurs de jeux passent derrière la caméra afin d’assister les réalisateurs dans la création de projets toujours plus fidèles à l’œuvre d’origine. C’est le cas de The Last of Us qui a su faire l’unanimité auprès des spectateurs. Joueurs comme nouveaux venus ont apprécié le voyage de Joel et Ellie dans une Amérique dévastée par un champignon. Même constat avec la nouvelle apparition de Mario au cinéma. Cependant, est-ce que ce genre d’œuvre plairait-il vraiment s’il ne s’agissait pas de jeux à succès à l’origine ?
Intégrer les jeux à notre monde
Pour l’heure, les adaptations les plus réussies se cantonnent à des univers cultes, intelligemment transposés hors du spectre vidéoludique en live-action. Les deux longs-métrages Sonic par exemple, même s’ils n’apparaissent pas non plus comme des chefs-d’œuvre, arrivent malgré tout à faire honneur à au hérisson bleu. On découvre presque un étrange mix entre Sonic Adventure, Sonic X et Spy Kids. Même chose pour Détective Pikachu qui joue avec un univers à mi-chemin entre monde fictif et monde réel, comme dans le spin-off dont il s’inspire.
Dans le cas de The Last of Us, les spectateurs ont pu découvrir une adaptation très fidèle, mais qui n’hésite pas non plus à apporter quelques éléments supplémentaires au scénario. Si l’exercice est moins difficile pour un jeu lui-même basé dans notre société, cette adaptation ci marque un nouveau précédent pour les adaptations de jeu. Elle arrive à prouver qu’il est possible d’allier respect de l’œuvre et originalité.
Mais alors que Super Mario Bros. le film s’annonçait idéal pour étoffer un univers vidéoludique à l’écran, il démontre que ce genre d’œuvre à encore une belle marge de manœuvre pour évoluer.
Aller plus loin que le jeu vidéo
Pour réussir à surprendre mais surtout à convaincre, les adaptations de jeux ont besoin de présenter des histoires captivantes. Découvrir une histoire manette en main offre bien plus de dynamisme qu’a un spectateur passif au cinéma. Il n’est donc pas toujours évident de rendre justice aux inspirations. Toujours avec l’excellent cas d’école de The Last of Us, la série a fait le parti pris d’abandonner les nombreux affrontements face aux infectés pour découvrir l’aspect humain de cette histoire.
La prochaine saison continuera de prendre ses aises. Les showrunners ont d’ores et déjà dévoilé leurs intentions de s’éloigner de la trame narrative du jeu afin de raconter de nouvelles histoires. Maintenant que les joueurs sont convaincus et que les nouveaux venus sont eux aussi tombés sous le charme, The Last of Us promet de prendre une ampleur nouvelle. De quoi dépasser l’excellent Part II ? Il va falloir s’armer de patience avant d’en avoir le cœur net.
D’autant plus que les aventures d’un certain plombier moustachu sur grand écran ont prouvé une fois encore qu’il n’était pas évident pour les studios de s’éloigner de l’original. Le film Super Mario propose de découvrir l’arrivée des frères plombiers au Royaume Champignon. Une idée à première vue efficace puisque ce thème n’est jamais abordé dans les jeux et remonte désormais à quelques manuels de titres rétro entre autres dessins animés oubliés.
Bien que l’on découvre une plus grande profondeur à ces personnages cultes, on regrettera que l’effort apporté à cette trame narrative ne soit que minime. Même si nous sommes tombés sous le charme de ce long-métrage d’animation, les références à gogo prennent le dessus sur le scénario, une recette à double tranchant : on aime ou l’on n’aime pas !
Les visuels comptent aussi
Maintenant que les adaptations tentent de développer ces histoires sous un angle plus intéressant, il ne manque plus qu’à parfaire les directions artistiques. Les jeux les plus populaires se démarquent par leur visuels, et les adaptations vont devoir poursuivre ce filon. La série Arcane inspirée de League of Legends à réussi cet exercice avec brio. Au cinéma, le réalisateur du film Ghost of Tsushima Chad Stahelski souhaite “dépasser” les visuels du jeu si l’on en croit son interview avec nos confrères de Discussing Films.
Face à cet élan de créativité, certaines adaptations pourraient bien réussir à dépasser l’œuvre d’origine. Néanmoins, il est plutôt question d’un nivellement par le haut pour les deux industries. Les améliorations cinématographiques profiteront aux jeux et inversement. Même si la frontière entre les deux genres se brouille peu à peu, les deux ne se consommeront jamais de la même manière.
Les jeux nous proposent un rôle actif dans une histoire tandis que les films nous plongent dans un univers en tant que spectateur. L’un ne pourra remplacer l’autre. On ne peut cependant qu’espérer que ces univers qui nous sont cher profitent d’un rayonnement toujours plus large. Après le succès de Mario au box-office et de The Last of Us à la télévision, les productions de ce genre vont se multiplier. Et pour notre plus grand bonheur, plus cet art sera maîtrisé, plus ces divertissements seront bluffants que ce soit manettes en main ou en projection.
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