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The Handmaid’s Tale : mais au fait, comment Gilead a pris le pouvoir ?

L’État de Gilead n’est pas arrivé du jour au lendemain. Mais que s’est-il vraiment passé pour en arriver là ?

The Handmaid’s Tale vient de dévoiler sa dernière saison. L’occasion d’un petit rappel sur les origines de Gilead, le régime totalitaire glaçant qui a transformé les États-Unis en une théocratie brutale. Comment un groupe extrémiste a-t-il réussi à renverser le gouvernement et à imposer un système aussi oppressif ? Si vous avez oublié les détails ou si vous êtes simplement curieux de comprendre comment tout a basculé, on fait le point.

Un coup d’État sous couvert de chaos

Tout commence avec les Fils de Jacob, un groupe religieux extrémiste convaincu que l’Amérique s’est éloignée de ses “valeurs morales” traditionnelles, alors que le monde brûle sous le feu du capitalisme et de la pollution. Leur objectif ? Reprendre le contrôle du pays en imposant une lecture ultra-radicale de la Bible, et d’importants interdits moraux. Petit à petit, les discours conservateurs font leur chemin dans l’opinion publique. La fenêtre d’Overton se met à bouger. Les parents (et surtout les femmes) se voient reprocher de privilégier leur carrière à leur vie de famille. Le mariage homosexuel n’est plus reconnu sur le sol américain, et il faut bientôt l’accord écrit de son compagnon pour prendre un contraceptif.

The Handmaid's Tale Saison 6
© Hulu

Au début de la saison, on voit que les femmes sont progressivement écartées du monde du travail, peu importe le milieu dans lequel elles évoluent. Cette situation latente se cristallise au moment d’une attaque terroriste coordonnée qui élimine le président des États-Unis, la majorité du Congrès et les juges de la Cour suprême. Le pays est plongé dans le chaos. Officiellement, ces attaques sont attribuées à des terroristes. Cette manipulation médiatique et politique permet aux fils de Jacob de justifier la déclaration de la loi martiale et de commencer à démanteler la démocratie.

Sous prétexte de rétablir l’ordre, le groupuscule religieux suspend la Constitution, instaure un contrôle strict des médias et éliminent toute opposition politique. En quelques mois, ils prennent le contrôle total du pays. Ce n’est pas une révolution brutale : c’est une prise de pouvoir méthodique.

La crise de fertilité : un prétexte parfait

Un autre élément clé dans l’ascension de Gilead repose sur la crise mondiale de fertilité. Dans l’univers de The Handmaid’s Tale, la pollution environnementale et les maladies ont rendu la majorité des femmes infertiles. Les taux de natalité chutent dramatiquement, ce qui plonge le monde dans une panique certaine.

June Osborn The Handmaid's Tale
© Hulu

Les Fils de Jacob utilisent cette crise comme justification pour restructurer entièrement la société autour du contrôle des femmes fertiles, et entamer un réarmement démographique drastique. Ces dernières deviennent des ressources nationales. C’est à ce moment qu’entre en scène le système des Servantes : des femmes fertiles sont capturées, “rééduquées” dans des centres comme celui dirigé par Tante Lydia, puis assignées à des familles puissantes pour produire des enfants, si possible à la chaîne. On ne précisera pas que dans ce contexte totalitaire, la contraception et l’avortement deviennent des crimes passibles de peine de mort.

Ce système est présenté comme une solution divine pour sauver l’humanité, mais il repose sur la marchandisation et la brutalisation du corps des femmes : viols ritualisés lors des Cérémonies, privation totale d’autonomie et surveillance constante, contrôle strict de l’hygiène de vie… Une interprétation extrémiste des textes religieux, qui transforment les femmes fertiles en objets au service de la Nation. Celles ne pouvant pas avoir d’enfants, quant à elles, sont reléguées au rang de Martha (domestiques), ou sont envoyées nettoyer les déchets toxiques dans les Colonies, promises à une mort lente et douloureuse.

L’inaction complice

C’est sans doute le point le plus terrifiant dans l’ascension de Gilead racontée par le roman et la série. Lors des nombreux flashbacks qui ponctuent les épisodes, on réalise que tout aurait pu être évité si davantage de gens avaient résisté dès le début. Avant même que les Fils de Jacob ne prennent officiellement le pouvoir, beaucoup d’Américains avaient déjà commencé à accepter certaines idées conservatrices prônant un retour aux valeurs traditionnelles. Les violences policières s’intensifient, les idées se radicalisent, et après les attaques terroristes, les citoyens sont paniqués, et prêts à accepter n’importe quoi pour retrouver un semblant de sécurité.

Ce glissement progressif vers l’oppression est brillamment décrit dans la première saison : “Quand ils nous ont interdit de travailler, nous n’avons pas levé le petit doigt. Quand ils ont gelé nos comptes bancaires, nous n’avons pas levé le petit doigt. Quand ils nous ont pris nos corps, nous n’avons pas levé le petit doigt. Et maintenant, c’est trop tard“. Il confirme que ce ne sont pas les attentats ou un événement spectaculaire qui font basculer une société : tout était déjà prêt pour que le peuple accepte de sombrer dans le totalitarisme religieux. C’est l’accumulation d’actions petites, mais significatives – et surtout l’inaction face à ces actions qui a conduit à l’avènement politique de Gilead.

Un écho au réel volontaire

Ce qui rend le discours de The Handmaid’s Tale si puissant (et si effrayant), c’est que son histoire semble étrangement plausible. Margaret Atwood, l’auteure du roman original publié en 1985, a toujours insisté sur le fait qu’elle n’a rien inventé : tout ce qui se passe dans son livre est inspiré d’événements réels ou historiques. Il suffit d’ailleurs de constater à quel point certaines décisions (restriction sur l’IVG, contrôle du corps des minorités, extrémisme religieux…) font écho à l’actualité pour s’en convaincre. L’ascension de Gilead nous rappelle que la démocratie n’est jamais garantie.

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