Stranger Things ne se limite pas aux frontières des écrans de ses spectateurs. Dès sa première saison, la série s’est invitée sur de nombreux supports. Comics, jeux vidéo et même expériences immersives, tout est bon pour prolonger le parcours des héros en attendant la prochaine saison. Netflix a eu le nez creux en investissant dans ce projet à mi-chemin entre Les Goonies et une partie de Donjons & Dragons, elle est sans doute la plus célèbre de son catalogue. Si aucun spin-off n’a encore vu le jour — c’est assez étonnant pour être souligné — la mythologie s’invite désormais sur les planches avec une pièce qui promet de nous en apprendre plus sur les origines de l’antagoniste incarné par Jamie Campbell Bower.
Cette œuvre théâtrale, baptisée The First Shadow, devait aussi être l’occasion de retrouver certains des personnages emblématiques de la production télévisuelle. Si son contexte temporel ne lui offre pas l’opportunité de livrer des secrets sur ce que l’avenir réserve à Eleven, Mike et les autres, la pièce n’a pas manqué d’attiser notre curiosité. Sous l’impulsion des créateurs Matt et Ross Duffer, Stranger Things : The First Shadow nous plonge à Hawkins en 1959. Direction Londres où elle se joue depuis le mois de décembre dernier.
De quoi ça parle ?
Les jeunes Jim Hopper, Bob Newby et Joyce Maladonado naviguent entre les défis de l’adolescence et leur scolarité au lycée du coin. Bob anime une émission pirate tandis que Joyce se démène pour monter une pièce de théâtre, mais n’obtient l’approbation des professeurs. Jim, lui, a vraiment un don pour s’attirer des ennuis. La vie de tout ce beau monde va néanmoins basculer lorsqu’un nouvel élève débarque en ville. Henry Creel a quitté précipitamment son ancienne école pour rejoindre les rangs d’Hawkins High. Il se lie rapidement d’amitié avec Patty Newby, la jeune sœur de Bob. Jack Thorne (Harry Potter et l’enfant maudit) est à l’écriture du scénario original, qui a ensuite été adapté pour la scène par Kate Trefry.
Une immersion complète
Dès les premiers instants, la pièce s’assure d’immerger les spectateurs dans l’ambiance si particulière de la série Netflix. Le Phoenix Theatre de Londres est plongé dans l’obscurité et des lumières rouges (référence au célèbre logo) éclairent les sommaires éléments de décors qui sont déjà visibles. Un texte est projeté sur l’épais rideau noir : “The Philadelphia Experiment” et des extraits de conversations radiophoniques — qu’on imagine confidentielles — sont diffusées à mesure que les spectateurs s’installent. Ce sentiment d’évasion est renforcé par la création de décors inspirés de la série dès l’entrée du théâtre, où il est possible de manger une glace Scoop Ahoy ou n’importe quelle autre sucrerie très américaine. Mais il est déjà l’heure de s’aventurer de l’autre côté de l’écran, de voir la série prendre vie pendant plus de deux heures et demie (avec entracte).
Un spectacle monstrueux
Le metteur en scène Stephen Daldry n’a pas fait les choses à moitié. La scène d’introduction convoque une impressionnante structure qui devient rapidement le théâtre de sombres événements. La pièce déploie quantité d’effets lumineux, sonores et spéciaux pour instiller la peur chez ses spectateurs. La pièce est interdite aux moins de douze ans, force est d’admettre que l’on comprend aisément pourquoi. Stranger Things ne s’est pas réfréné dans son passage de l’écran à la réalité, l’univers conserve sans peine sa propension à nous donner quelques frissons. Dès lors, il s’agira pour The First Shadow d’user de ces effets spéciaux pour surprendre autant qu’émerveiller, en multipliant les belles idées de mise en scène. La plus belle repose sans doute dans l’utilisation d’un sol tournoyant pour rappeler les disques utilisés par Bob Newby pour alimenter sa fréquence pirate. Cette installation permet de naviguer entre plusieurs scènes, apartés entre les personnages et ajoute au dynamisme de la pièce.
Un jeu de rideau permet d’ajouter du relief aux scènes. Stranger Things : The First Shadow fait entrer le théâtre dans un nouveau monde en mêlant les technologies modernes et des effets pratiques d’une parfaite maîtrise. Les équipes créatives se sont donné les moyens de leurs ambitions et la promesse d’un spectacle aux proportions inédites. Des costumes aux décors, la création Netflix n’a pas volé sa réputation de pièce nostalgique et moderne. Un sentiment renforcé par la bande originale, qui comme son alter ego sur le petit écran, pioche dans le répertoire de son époque pour accompagner les personnages.
Les origines du mal
Dès l’annonce de la mise en chantier de la pièce, les frères Duffer ont prévenu les spectateurs. Il ne s’agira pas seulement d’exploiter la licence, mais plutôt de raconter un volet essentiel de l’histoire de Stranger Things. Tandis que d’autres licences emblématiques s’adonnent souvent au remplissage, First Shadow prend le parti d’apporter des informations cruciales à ses spectateurs. En attendant la dernière saison — qui, on l’espère, fera écho aux événements relatés ici — First Shadow s’illustre comme un ajout passionnant au lore. C’est particulièrement vrai dans la manière qu’a le récit à faire vivre chacun de ses personnages principaux. Jim, Bob, Joyce, mais aussi et surtout, Henry se montrent sous un nouveau jour. À la lumière de leur parcours dans la série, les choix des scénaristes sont particulièrement éclairés.
Comme son aînée, cette nouvelle production oscille entre comédie et épouvante, ne lésinant jamais sur les effets de surprises. Le récit a une énergie folle, naviguant entre les saynètes pour préparer un dénouement que les fans redoutaient : raconter le basculement d’une jeune Henry vers la folie. Tous les acteurs sont d’une justesse et d’une sincérité folle, c’est particulièrement vrai concernant Louis McCartney qui donne corps à un Henry passionnant dans toute son ambivalence. Ce qui frappe à la découverte de cette pièce, c’est le soin apporté par chacun à respecter les traits de caractère et tonalités imaginés par les acteurs de la série.
@journaldugeek On a traversé la Manche direction Londres pour assister à la pièce de Strangers Things !🎭 #journaldugeek #strangersthings #theatre
Informations pratiques
Lieu : Phoenix Theater de Londres près de Tottenham Court Road Station et Leicester Square.
Durée : 2h30 (+ 30 minutes d’entracte)
Langue : anglais (difficilement accessible aux spectateurs exclusivement francophones)
Âge requis : minimum 12 ans
Avertissement : comprend de nombreux effets lumineux et sonores
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