Depuis 2019 et l’entrée de Disney sur le secteur du streaming par abonnement, la licence de science-fiction s’écrit sur le petit écran. Lucasfilm n’a pas encore enclenché un retour aux salles obscures, se contente des rayonnages de Disney+ pour faire son œuvre. The Mandalorian était la première d’une longue série de productions consacrées à la galaxie très très lointaine et ses nombreux personnages. Andor, Le Livre de Boba Fett ou encore Obi-Wan, Star Wars joue les complétistes… La firme semble vouloir s’attarder sur toutes les zones d’ombre de sa saga au cinéma, entrer dans le détail de nombreux événements cruciaux pour la mythologie.
Pourtant, Skeleton Crew a fait le choix de cultiver sa singularité en limitant ses références à des personnages et des lieux connus au strict minimum. Ici, pas question de rejouer la lutte entre les Jedi et les Sith, de s’attarder plus que de raison sur Tatooine ou de préparer un éventuel retour de la saga au cinéma. C’est aux côtés de jeunes aventuriers envoyés malgré eux aux confins de la galaxie qu’évolue la narration. Et si cette liberté était justement ce qui manquait aux précédentes productions Star Wars sur Disney ?
Journal du Geek : Comment vous est venue l’idée de la série, de cette aventure ?
Jon Watts : Ça a commencé avec un concept très simple. Nous aimions l’idée d’un groupe d’enfants qui n’en savent pas beaucoup sur la galaxie Star Wars, qui se perdent dans la galaxie et ensuite raconter l’histoire de leur quête pour rentrer chez eux.
JDG : Vous explorez une partie de la galaxie que l’on n’a jamais vu auparavant. Il y a une sorte de liberté j’imagine à évoluer dans un environnement inédit. C’est une série Star Wars certes, mais elle ne semble pas avoir de connexion directe avec un film ou une série de la franchise…
Christopher Ford : Oui, on avait beaucoup de liberté, on laissait toujours l’histoire guider nos choix créatifs. En même temps, on avait Jon Favreau et Dave Filoni comme producteurs, ils veillent toujours sur vous et s’assure que tout soit sur la bonne voie. Si vous déviez, ils vous le feront savoir et vous aideront. C’est génial d’avoir la liberté, mais honnêtement… C’est aussi plutôt effrayant. Je n’avais pas réalisé que nous aurions autant de marge de manoeuvre et que l’on pouvait créer des choses nouvelles dans Star Wars. On a demandé à Dave : “Est-ce que c’est autorisé ?”. Il nous a répondu “Tu peux inventer tout ce que tu veux, maintenant que vous faites la série, vous devez inventer de nouvelles choses…”
Jon Watts : Vous avez toujours peur de faire quelque chose de mal et que Dark Vador vous appelle (rires)
JDG : George Lucas a récemment déclaré que Star Wars a toujours été pensé pour les enfants. Mettre des enfants au centre de la narration, c’était un peu une manière de donner corps à cette idée j’imagine…
Jon Watts : Je pense que Star Wars fonctionne très bien car il vous donne l’impression d’être un enfant quand vous regardez, quel que soit votre âge. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles les gens aiment cette saga et que ce succès est durable. Pouvoir littéralement changer la perspective en racontant la série à travers le regard d’enfants d’une dizaine d’années, c’est offrir la possibilité de redécouvrir un univers que les gens aiment déjà mais de manière tout à fait nouvelle.
JDG : En parlant de personnages, comment fait-on éclore un tel groupe ? Ce sont des amis de fortune qui doivent affronter des dangers…
Jon Watts : Nous avons commencé avec des personnages archétypaux. Mais une fois que nous avons sélectionné les quatre enfants, nous avons réécrit l’histoire. Il s’agissait d’immortaliser au mieux ce que sont les enfants dans la vraie vie. C’était un miroir de la réalité, car ils étaient en train de devenir amis et faisaient l’expérience de la découverte d’une grande série comme celle-ci. Je pense que c’est quelque chose que l’on peut voir à l’écran. Nous devions simplement croire que les enfants allaient être géniaux. Ils ont juste besoin d’avoir une personnalité ! Et puis nous aimons l’idée que le personnage de Jude Law vient d’une partie plus sérieuse et sombre de la galaxie et que BAM ! c’est le chaos et il doit évoluer aux côtés de quatre enfants qui ne savent pas ce qu’ils font.
JDG : Parlons un peu du personnage de Jude Law…
Christopher Ford : Jude a une énergie unique. Jude est fondamentalement un mentor dans la vraie vie, il les aidait avec leurs répliques. Il s’assurait qu’ils touchent leur cible. C’est une dynamique incroyable et certaines de mes scènes préférées sont celles où les enfants tiennent vraiment tête à Jude.
JDG : D’ailleurs, on ne peut pas évoquer ce qui nous frappe à la découverte des épisodes. La série rappelle évidemment les films Amblin, des classiques du cinéma des années 80. Est-ce que ça a été une inspiration pour vous ? Est-ce qu’il y a des livres ou des films qui vous ont nourri pour la série ?
Christopher Ford : Une partie de ce qui nous a inspiré, ce n’était pas seulement les films de cette période mais surtout comment nous étions à cette époque. Comment nous étions quand nous allions jouer dehors ? On pouvait imaginer que quelque chose allait nous arriver, être poursuivi par des pirates ou trouver un trésor. Nous voulions faire un hommage à l’enfance, explorer quelque chose d’universel comme l’envie d’évasion et d’aventure. Les années 80 étaient vraiment une belle époque pour les films à propos des enfants car, pour une raison quelconque, les enfants étaient les protagonistes et ils étaient pris au sérieux. Steven Spielberg est à l’origine de ça. Ils avaient de vrais problèmes, étaient vraiment en danger. Je pense que Skeleton Crew est une sorte d’héritage de ces films. C’est ce que nous explorons.
JDG : Cette invitation au ludisme ne se traduit pas qu’au travers de la narration, c’est aussi vrai pour les costumes et les décors. Est-ce que ça a été compliqué de faire naître tout ça ?
Jon Watts : Ça a été beaucoup de travail, mais ça n’a jamais été difficile. C’était vraiment amusant et nous étions entourés d’une équipe d’artisans incroyable. La plus incroyable qui soit pour donner vie à vos idées. C’était toujours amusant. (rires)
JDG : Quel a été la chose que vous avez préféré créer ?
Christopher Ford : Oh… pour je ne sais quelle raison, nous étions tous les deux intéressés par les parties très banales de la galaxie Star Wars. C’était tout simplement intéressant de pouvoir concevoir des choses comme le bus scolaire. Les petits droïdes. Tous ces petits détails sont tellement fascinants. C’est cela qui donne l’impression que c’est à un pas de notre monde, que vous pouvez vraiment y aller. Et puis il y a Neel… Faire en sorte que l’un des personnages principaux est un alien et que son apparence évoque l’enfance , c’est quelque chose d’intéressant. Il a de grands et très beaux yeux, avec des cils très longs… Il est juste mignon. Avec sa petite trompe adorable. Nous sommes très chanceux d’avoir une équipe d’artistes d’effets spéciaux qui nous ont permis de faire éclore ça.
JDG : On ne peut pas ne pas parler de l’esthétique générale du projet, des techniques utilisées pour cette série. Vous avez misez sur des effets numériques évidemment, mais aussi du matte painting, de la stop-motion…
Jon Watts : Je voulais que ce soit le plus immersif possible pour les enfants, afin qu’ils puissent vraiment se perdre dans ce monde. À chaque fois que nous pouvions miser sur des effets pratiques, nous le faisions. Et puis égoïstement, c’est aussi très amusant pour nous de miser sur des techniques à l’ancienne. Et quand vous avez des superviseurs d’effets spéciaux comme John Knoll, qui a utilisé toutes les techniques imaginables et qui comptent parmi les pionniers dans le domaine, vous êtes vraiment encouragés à le faire. Ce sont juste des instruments différents dans votre boîte à outil et vous pouvez trouver des moyens de les faire correspondre à votre approche. C’est une source constante de joie… Et puis Neel.
Skeleton Crew est toujours diffusé sur Disney+. La série s’approche de sa conclusion, l’épisode qui sera diffusé ce mercredi marquera la fin des hostilités pour le moment. Lucasfilm n’a pas encore statué sur l’avenir de l’équipage de l’Onyx Cider.
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