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Roald Dahl, Agatha Christie, Disney… faut-il adapter les œuvres classique à notre époque ?

Adapter les romans classique à notre époque, pour quoi faire ?

Depuis déjà quelques années, la réécriture des textes classiques fait débat. En France, le sujet s’est d’abord cristallisé en 2020 autour du roman d’Agatha Christie Ils étaient dix, anciennement connu sous le nom Les dix petits nègres. Quelques années plus tard, l’annonce de la modification des textes originaux de Roald Dahl, puis de l’auteur de James Bond Ian Fleming a elle aussi, fait bondir les défenseurs des textes classiques, qui dénoncent la cancel culture de certains textes classiques.

Évolution naturelle ou dénaturation du texte ?

Modifier le texte d’une œuvre originale n’est pas un phénomène nouveau. Au micro de France Culture, l’essayiste et traductrice Tiphaine Samoyault explique : “La réécriture est inscrite dans le processus même de la littérature. Les anciens réécrivaient les plus anciens, et cela a toujours été un mouvement assez ordinaire”. Sans doute accéléré par les traductions successives de différents textes, le processus de réécriture aurait toujours existé. À travers lui, les nouveaux auteurs ne se privaient d’ailleurs pas d’actualiser les classiques, en les imprégnant de nouvelles valeurs plus contemporaines.

Reste qu’à notre époque, cette “présentification” qui consiste à adapter à notre époque des textes classiques n’a pas seulement vocation à moderniser. Lorsque certaines références racistes et sexistes sont éludées des textes classiques, la réécriture prend aussi une dimension idéologique. Quitte à mettre en émoi les antiprogressistes, qui dénoncent une pente orwellienne glissante, et la volonté d’effacer les textes jugés non conformes à nos mœurs contemporaines.

Respecter la volonté de l’auteur avant tout

Il n’est pourtant pas rare de voir des textes modifiés à la demande de l’auteur. De son vivant, Roadl Dahl avait déjà consenti à opérer certains changements dans ses œuvres. Les mœurs de 1960 n’étaient pas les mêmes qu’en 1970, et l’écrivain avait accepté de transformer les Oompa Loompa originaux — esclaves et noirs — en personnages blancs et employés. Même chose pour Agatha Christie, qui avait accepté de modifier son titre original Ten Little Niggers en And Then There Were None dès 1940, au moment de la sortie de son roman aux États-Unis.

La question du respect de l’œuvre originale peut évidemment se poser lorsque la décision de modifier le texte d’une œuvre est prise après la mort de son auteur ou autrice. Dans le cas de Ian Fleming notamment, on peut s’interroger sur la position qu’aurait adoptée l’écrivain face à ces transformations. Reste que ces dernières n’interviennent jamais par hasard, et sont toujours validées par les sociétés en charge des droits des œuvres en question, souvent gérées par les ayants droit et descendants des auteurs.

De son côté, la France n’aime pas réécrire les histoires. Il aura fallu attendre 80 ans pour que le titre du huis clos d’Agatha Christie s’aligne enfin sur ses cousins anglophones, non sans mal. Chaque modification est l’occasion de défendre la sacrosainte liberté d’expression, et l’idée même de dénaturer un texte de son essence originale a le don de nous hérisser le poil. Même chose lorsqu’il s’agit de changer la couleur de peau d’un personnage, ou de requestionner son orientation romantique.

Éduqué plutôt que censurer ?

Que les puristes se rassurent, la modification des textes originaux n’a a priori pas vocation à les faire disparaître. Pour Roald Dahl par exemple, l’éditeur britannique Puffin a confirmé qu’une édition spéciale non retouchée resterait en vente.

Plutôt que de simplement censurer les textes originaux, le monde de l’édition va devoir s’attaquer à un chantier colossal dans les années à venir, celui de recontextualiser les textes classiques avec lesquels nous avons grandi. Effacer l’histoire n’aidera pas à créer un monde plus tolérant. Au contraire, c’est en pointant du doigt certaines valeurs morales obsolètes ou problématiques qui ont marqué les textes classiques que les générations suivantes seront plus à même de dessiner les contours d’un nouveau paysage littéraire et culturel plus en adéquation avec notre époque.

À ce jeu-là, c’est Disney qui semble tirer son épingle du jeu. Au moment du déploiement de Disney+ à l’international, le géant du divertissement avait fait le choix d’apposer des messages d’avertissement au début de ses films, en assumant “des représentations datées et/ou un traitement négatif des personnes ou des cultures”. Plutôt que de tout modifier, l’entreprise détaillait ainsi : “Ces stéréotypes étaient déplacés à l’époque et le sont encore aujourd’hui”.

Place à la nouvelle génération

La transformation des textes classiques est aussi l’occasion de questionner le rôle des écrivains modernes dans l’écriture d’un nouveau paysage littéraire et culturel plus en adéquation avec nos valeurs modernes. Certains auteurs et autrices s’y penchent déjà, à l’image de La Passeuse de mots, qui depuis 2021 inscrit la fantasy classique dans un référentiel plus contemporain.

D’autres comme Netflix en ont même fait de l’inclusivité leur signature, en mettant un point d’honneur à apporter de la diversité dans leurs productions originales. Même Disney semble prêt à passer le cap, en dévoilant une Petite Sirène à la peau foncée pour sa prochaine adaptation live action. Les nombreuses réactions autour de cette annonce tendent d’ailleurs à prouver que certains combats ne sont pas encore gagnés.

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5 commentaires
  1. Une oeuvre, quelle qu’elle soit, est un produit de son temps.

    La réadapter ou la censurer n’a aucun sens et il vaut mieux écrire une préface à un livre pour contextualiser des expressions qui aujourd’hui font scandale, plutôt que de les remplacer.

    Idem pour un film: mieux vaut un disclaimer au début, plutôt que de couper au montage.

    Bref…..

  2. Effectivement, tout est dit dans le premier commentaire, c’est le compromis le plus juste entre l’adaptation aux mœurs actuelles et le respect de l’œuvre et de son auteur.

  3. Cela me semble relever du simple bon sens. Dans ce cas, pourquoi ne pas réécrire tous les livres de Zola, Jules Verne dont l’emploi du passé simple peut être compliqué pour de pauvres petits.
    Pourquoi ne pas réécrire l’histoire ?
    Les Martine, image d’une époque, sont assez choquantes. Mais la lecture peut servir de base à une critique, a une discussion et à des rappels historiques …
    Peut être que cela peut servir de base à une éducation
    Donc d’accord avec les autres commentaires.

  4. Une œuvre avec la mention ” Version originale” simplifierait bien des choses. Les woked et autres contre culturés liraient les noire neige et autres œuvres insipidées où les schtroumpfs d’un mètre quatre-vingt seraient blancs ou marron jaune ou sépia pour castrer toute création, anéantir l’imagination et mettre tout le monde dans un moule respectueux de quoi ? C’est là la question ! Soyez véganes et allez à là grand messe des nouveaux gourous, et apprenez aux renards à ne plus manger de volaille, aux poules à ne plus manger de vers et aux ours à ne plus tuer les saumons. Et pourquoi ne pas changer notre préhistoire et dire les hommes préhistoriques ( et les femmes car certaines se sentiront stigmatisées si on ne parle que des hommes même si c’est au sens général…) ne se nourrissaient que de végétaux, et que les lions aussi tout comme les tigres et les chacals.

Les commentaires sont fermés.

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