Passer au contenu

Réchauffement climatique : que valent les engagements pris hier au sommet de l’ONU ? (ITW)

Trois jours après une manifestation mondiale de la jeunesse pour le climat, un sommet de l’ONU a rassemblé une soixantaine de dirigeants mondiaux sur la question de l’urgence climatique. Responsable des politiques internationales de Réseau Action Climat, Lucille Dufour nous livre son analyse des annonces à l’issue du sommet. 

Que pensez-vous des annonces faites hier à l’occasion du sommet ? 

Malheureusement, il n’y a pas eu beaucoup de grosses annonces. De nombreux pays se sont engagés à relever leur objectifs climatiques ce qui est positif mais il s’agit, pour beaucoup, de pays qui ont un impact négligeable : à eux tous, ils représentent environ 6% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. Plusieurs pays ont également adhéré à l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Le problème, c’est que les scientifiques nous expliquent très clairement que les dix années sont cruciales dans la lutte contre le réchauffement climatique. On ne peut pas se contenter d’engagements à long terme, il faut des engagements ambitieux à court terme. Et on a une idée très précise de l’effort qu’il faut faire à court terme : nous devons multiplier par cinq les objectifs de baisse des émissions de GES d’ici 2030 dans le monde, nous explique l’organisation météorologique mondiale. C’est ce type d’engagements qu’il faut prendre désormais mais cela n’a pas été fait, hélas, lors du sommet. 

Y a-t-il eu, malgré tout, quelques avancées ? 

Il y a eu quelques annonces financières intéressantes de la part des pays les plus riches : plusieurs états ont doublé leur contribution au fond vert pour le climat. On arrive à plus de 7 milliards de dollars promis. Ce n’est toujours pas suffisant mais c’est tout de même un signal positif.

La France a t-elle fait des propositions intéressantes ?

Emmanuel Macron a fait trois annonces lors du sommet. Première chose : la France s’engage à soutenir un objectif de réduction de 55% des émissions de GES au sein de l’UE d’ici à 2030 (par rapport à 1990). C’est une bonne chose même s’il faudrait viser les 65% et qu’il faut voir dans quelle mesure ce sera appliqué. La France par exemple ne tient pas pour le moment ses objectifs et dépasse ses budgets carbone. Emmanuel Macron a également annoncé le doublement de la contribution du pays au fond vert et précise que 80% de ce financement se fera sous forme de dons. C’est une bonne chose car les prêts ne financent souvent que les projets rentables. Les dons sont donc essentiels pour financer de plus petits projets dans des pays pauvres. La France a enfin promis 100 millions de dollars pour aider la forêt amazonienne mais sa position est ambiguë : l’état promet des fonds mais ne s’attaque pas au problème de la déforestation importée à savoir que la France et l’UE importent massivement du soja d’Amazonie (pour l’agriculture) et de l’huile de palme (pour les agrocarburants) et que ces pratiques accélèrent la déforestation. 

Quel rôle peuvent jouer les citoyens ?

Le fait qu’il y ait cette mobilisation mondiale est un signal très encourageant. Il faut continuer à faire pression sur les dirigeants. Quand on voit l’urgence de la situation, tous les signaux au rouge, les citoyens qui se mobilisent et en face, l’absence de réaction politique, on voit que la situation n’est pas tolérable. Globalement il y a un vrai manque de volonté politique.Mais il n’y a plus d’excuse pour ne pas agir de manière rapide contre le réchauffement climatique.  

Plusieurs grandes entreprises ont annoncés ces derniers jours des objectifs de baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre. Qu’en pensez-vous ? 

Il y a eu quelques annonces intéressantes notamment d’acteurs financiers, de fonds souverains qui ont décidé de décarboner leur portefeuille. Et plusieurs entreprises prennent des engagements volontaires. Mais les engagements volontaires risquent de ne pas suffire car il est souvent difficile de vérifier qu’ils sont tenus. On a vraiment besoin des états pour réguler cela. 

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

13 commentaires
  1. Je trouve le débat écologique très complexe et les solutions difficiles à mettre en place, d’un coté les gens (je pense) sont conscient de la nécessité d’engager des changements radicaux pour inverser la tendance, d’un autre coté, ces mêmes gens (et j’en fait partie) seront les premiers a râler si cela impacte notre accès à la technologie ou notre confort, toutes nos habitudes à l’impact déplorable, pourtant c’est quasi inévitable.

  2. Yep, pauvrete (subie) ou sobriete (choisie). Commence a travailler sur l’abandon de ton confort petit a petit. Et evite de raler quand quelqu’un t’enlevera ton confort pour ton bien.

  3. L’acte le plus écologique au monde c’est ne pas faire d’enfants 
    La consommation est un problème oui mais c’est surtout COMBIEN de personnes consommes qu’il faut regarder…

  4. Argument fallacieux dans la mesure où un européen émet 6 à 10 fois plus qu’un africain. Et que la natalité baisse avec le développement.
    C’est les pays développés qui foutent en l’air la planète, pas les pays émergeants.

  5. Koki a raison. Je conseille de regarder quelques vidéos de Jancovici qui explique très bien que même le niveau de vie d’un smicard n’est pas soutenable. 
    La sobriété va devenir une norme dans quelques années, voulue ou subie. Mieux vaut donc s’y préparer.

    Et personnellement, j’ai divisé par deux mes émissions par rapport à la moyenne française en arrêtant la viande et les produits laitiers (régime végan – le moins consommateur en CO2), en ne faisant pas d’enfant, en n’ayant pas de voiture, en souscrivant à un fournisseur d’accès 100% renouvelable (Enercoop), en arrêtant d’acheter des fringues et en les faisant repriser à la place, en essayant au max d’acheter local et bio, en achetant que de l’occasion pour les produits de divertissement type livres). Et vous François ?

  6. C’est TRÈS courageux de votre part (et je ne dis pas ça de façon sarcastique) cependant :

    -Votre régime Vegan va infliger à votre corps de lourdes carences vous verrez
    -La planète a une date de naissance et une date de mort quoi qu’il arrive
    -La planète est à la moitié de son age (humains ou pas)
    -La planète survivra à la fin de l’espèce humaine (qui arrivera bien avant la mort de la terre)
    —>la planète peut durer encore au moins 3 milliards d’années, une espèce vivante ne peut durer aussi longtemps (même si elle est très intelligente) c’est impossible

    Moi je suis bien en dessous de vous mais contrairement à beaucoup j’assume.
    J’essaie de faire ce qui est juste et de respecter la nature que j’aime énormément

    Enfin n’oubliez pas le cycle de Milankovitch qui est infiniment plus puissant que l’homme

  7. Exact cependant les pays émergents n’on qu’un rêve : vivre comme les pays “développés”
    Ce sont donc des futur gros pollueurs

  8. Un régimé vegan bien mené ne présente AUCUNE carence. Il faut arrêter avec ce mythe fatiguant. Plein de sportifs sont vegans (Serena Williams, Carl Lewis) et beaucoup de pays ont actés qu’un régime végan bien mené était tout à fait correct, quel que soit votre âge. Même chez les enfants. 

    Les carences sont une sorte de totem brandi par les amateurs de viande, qui est de facto ridicule dans la mesure où l’on trouve plus de carence dans la population classique (allez, à la louche, 30% de la population mondiale manque de fer par exemple). Quand vous devenez végétarien ou vegan, vous faites doublement attention donc à contrario d’une population normale, vous allez au contraire avoir MOINS de carences. D’autant qu’on peut tout trouver dans une alimentation végétale hormis la B12. Qu’on ne trouve à l’état naturel que dans les systèmes digestifs de ruminants et dans les poissons / fruits de mer. Je doute que vous mangiez de cela si régulièrement donc sans le savoir, vous êtes complémenté en B12 quand vous mangez de la viande industrielle.

    De plus, si j’avais des carences, je doute de pouvoir mener trois sports de front, avec un niveau compétitions nationales pour l’un d’eux ? (fleuret, escalade et plongée)

    D’ailleurs, j’attends encore que les détracteurs des compléments alimentaires se lèvent vent debout contre TOUTES les céréales du commerce enrichies en 12 vitamines et en fer ?

    Quant à l’échelle de la planète, ce n’est pas ici le problème d’autant que l’espèce humaine n’est pas la seule concernée, avec 1 million d’espèces menacées. Donc faire des efforts est nécessaire, quel que soit le référentiel (soi, ses enfants, la biodiversité).

  9. Oui mais dans une planète aux ressources finies dont on atteint le bout (pic brut conventionnel en 2006, pic du schiste imminent), les vrais moteurs du changement sont l’Europe, les US, la Chine et la Russie. Pas les pays africains qui n’atteindront jamais nos niveaux de vie, en particulier avec la contraction de croissance qui s’annonce.

    Donc cet argument sert tout simplement à tenter de justifier un niveau de vie scientifiquement insoutenable pour la planète en essayant de reporter la faute sur des pays qui en souffriront le plus. La cynisme à son paroxysme.

Les commentaires sont fermés.

Mode