Zack Snyder et les Director’s Cut, ces versions censées être plus proches de la vision initiale du réalisateur que celles initialement sorties, une grande histoire d’amour ! Soyons honnêtes, l’histoire lui a souvent donné raison puisque son Director’s Cut de Batman v Superman est bien supérieur au film d’origine. Quant au fameux Justice League qui a fait couler beaucoup d’encre, si la vision de Snyder enterre la version cinéma, il faut savoir tempérer en se rappelant que le réalisateur a eu droit quasiment 90 minutes supplémentaires. Une liberté de durée qui lui a permis logiquement de rajouter beaucoup d’éléments manquants. Est-ce que Snyder aurait pu améliorer autant son œuvre en la contraignant à la même longueur ? On ne le saura jamais.
Et si on pensait cette époque de la dictature créative des studios révolue pour un Snyder promis à avoir carte blanche sur Netflix, il semblerait que les habitudes aient la vie dure. Son Rebel Moon Partie 1 – Enfant du feu sortait à peine sur la plate-forme que le cinéaste et toute l’équipe technique n’avaient de mots que pour une autre version. Comme si celle qu’il venait pourtant présenter n’était qu’un brouillon exigé par la plate-forme. Que le temps où les extensions de film venaient simplement renforcer les qualités de ce dernier – la trilogie Le Seigneur des Anneaux pour n’en citer qu’un – semble loin ; désormais, on a le sentiment de devoir subir un projet marketing opportuniste avant de voir le vrai. La faute aux demandes du géant du streaming ? À celle d’un réalisateur conscient du pouvoir que lui offre ses Director’s Cut et qui ne se gênera pas pour l’utiliser ? Des deux ?
Toujours est-il que ce Rebel Moon Partie 1 – Enfant du feu aura bel et bien une version modifiée, y compris sa partie 2 – et du coup, quel intérêt de visionner celle-ci à sa sortie en avril prochain ? D’autant que, selon les mots du co-scénariste Kurt Johnstad, le réalisateur planche déjà dessus pour une sortie sur Netflix en fin d’année 2024. Attention, on va spoiler.
Ce que la Director’s Cut peut changer
Pas besoin de tendre l’oreille pour savoir ce que nous promet Zack Snyder pour son « vrai » Rebel Moon tant il le crie à qui veut l’entendre. Plus de sexe, de violence, d’action, d’explications de l’univers Motherworld, de présence des personnages dans une version remontée de 45 à 60 minutes. Un film complètement différent de ce qu’on a pu voir.
Il faut avouer que cette promesse a de quoi rassurer tant le film sorti sur Netflix en fin d’année souffre ostensiblement de ces manques. Difficile de ne pas ressentir cette envie d’une version R-Rated (interdit aux moins de 13 ans) tout du long tant la pudeur présente ne paraît jamais être à sa place devant la caméra dès l’introduction du film. Lorsque Sindri (Corey Stoll) appelle son peuple à assouvir leurs pulsions toute une nuit, rien. Lorsque ce même Sindri se fait fracasser le crâne par Atticus (Ed Skrein), rien. Lorsque le groupe s’arrête sur une planète de gladiateurs, présageant au moins d’une scène de combat dans l’arène, rien. Une coupe d’autant plus évidente que le Général Titus (Djimon Hounsou) est étrangement le seul de la bande à ne pas avoir une scène mettant en avant ses capacités, comme si celle-ci avait été effacée du montage final.
Mais davantage que d’explications autour de Motherworld, ce qui manque à cette première partie de Rebel Moon, c’est bien d’épaisseur autour de ses protagonistes. On l’avait pointé dans notre critique, hormis Sofia Boutella, le reste du casting est réduit à n’être que des personnages non joueurs d’un jeu vidéo. Une fois recrutés, ils occupent constamment l’arrière-plan sans interagir ni avec les autres ni avec les événements hormis quinze secondes lors de la scène d’action finale. Ils n’existent pas au point où le sommet de leur caractérisation intervient uniquement lorsque Noble décide de nous donner des éléments d’informations les concernant. C’est ainsi qu’on apprendra que Tarak est un prince, que Nemesis est une mère épleurée qui a déjà beaucoup d’officiers de Motherworld tués à son actif. Quant à Charlie Hunnam, ses interventions gagneraient à ne pas le réduire en faux Han Solo, vrai livreur Deliveroo dont les actes sont dictés par les seuls besoins pour le film de changer de décor et faire avancer l’histoire.
Dès lors, on ne peut être que ravis de savoir que la Director’s Cut prévoit davantage de scènes autour d’eux dans l’espoir de leur offrir une existence et, surtout, de nous attacher un minimum. Cela évitera qu’on baille poliment devant le sacrifice censé être courageux et larmoyant – avec la grosse musique qui va avec – de Darrian Bloodaxe. Parfait exemple de l’acte manqué tant le film tente de mettre l’emphase autour de sa mort alors que le spectateur a seulement fait sa connaissance dans la scène précédente. Figure majeure de la mythologie Rebel Moon en tant que co-chef de la résistance pour le scénario, figurant avec un gros flingue pour nous. Fait (pas) amusant, c’est la seconde fois que Ray Fisher subit les pires coupures dans un univers de Snyder après son Cyborg dans Justice League. On espère pour lui qu’il aura droit à la même réparation dans la Director’s Cut.
Rebel Moon ou Rebel mou ?
Rebel Moon Partie 1 – Enfant du feu Director’s Cut sera assurément plus abouti, mais sera-t-il vraiment capable de changer notre vision du projet d’envergure de Zack Snyder ? Parce qu’au fond, on a beau s’arrêter sur tout ce dont le film manque et qu’il peut se rajouter a posteriori, il ne pourra pas changer ce qu’il est en profondeur. Ses personnages seront plus épais, mais toujours caractérisés à la tronçonneuse. Ses références bêtes et méchantes à Star Wars et aux Sept (Samouraïs, Mercenaires, choisissez) ne disparaîtrons pas.
Et, surtout, on sent que Zack Snyder ne s’intéresse pas réellement à ce qu’il raconte. Le réalisateur semble plus captivé par les possibilités étendues de son univers (selon le succès, on parle de comics, de jeu vidéo…) en rajoutant des couches sur des couches sans s’arrêter une seconde sur les gens qui vivent dans ces mondes. Étrangement, Rebel Moon propose tout en n’offrant rien. Une famille royale despotique (mais sympa) avec une fille divinisée, une résistance sans éclat, des flasbacks sur l’horreur de la guerre, l’endoctrinement, les sentiments de culpabilité, la présence apparente d’une religion, Snyder passe d’un élément à l’autre sans s’arrêter une seconde, pressé de nous fournir le plus de matière possible sans nous laisser la possibilité de vraiment poser les pieds sur ces mondes.
On est devant une présentation Powerpoint d’un startupeur en campagne pour son projet. Tout y est artificiel. De l’usage des célèbres ralentis de Snyder jusqu’au développement d’une héroïne qui finira par épouser la même instrumentalisation que ses copains une fois son rôle accompli. Sur un film qui dure déjà plus de deux heures, on n’a jamais la sensation qu’il pourrait enfin lâcher les chevaux pour nous emporter avec lui. On assiste à un Zack Snyder vendant du Zack Snyder avec la promesse d’une Director’s Cut qui va avec. Cette dernière sera supérieure oui, mais un meilleur produit ne fait pas un meilleur film.
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Pour une fois , tout à fait d’accord avec l’analyse et le septicisme de revolution de la future director’s cut…
Les acteurs sont naze…l intrigue humm…on dirait une mauvaise série b….alors rajouter 60 min de plus a part être encore plus soporifique….puis les ralentis a outrance au secours …même John woo abusait moin…
de plus , sachant qu’a l’origine, cela devait etre un film dans l’univers “Starwars” , j’ai passé (bien malgré moi) tout le temps du long metrage à essayer d’y voir ce qui aurait été du coté de l’Empire , du coté resistance/jedi etc…
Je suis fan de SF , mais ce genre de produit m’en dégoute de plus en plus.
J’adore ce genre de critique…. alors que vous vous pignolez sur du MArvel de merde 😀
vous etes tous tellement mignon
Annoncer une director’s cut avant même la sortie du mal, c’est un aveu assez triste : “la première version du film est pas terrible, mais c’est prévu”
Rebel Moon devrait être une série TV qui alterne entre un épisode centré sur un personnage et un épisode qui montre comment il rejoint l’équipe.
Dans le film actuellement diffusé, on ne peut pas s’attacher aux personnages et ceux-ci n’ont aucune raison légitime de suivre l’aventure.