À chaque année son lot de belles ou mauvaises surprises. Tandis que l’année 2023 était marquée par une grève sans précédent des scénaristes et des acteurs à Hollywood, une reprise plus lente que prévu après la pandémie et une chute drastique de l’écurie Disney, 2024 avait des allures de bouffée d’air frais pour le secteur audiovisuel. Les hostilités ont été lancées en février avec Dune : Deuxième Partie pour s’achever avec le retour du fils prodige du box-office, Mufasa : Le Roi Lion . Blockbusters, productions plus discrètes et bides monumentaux, voici le meilleur et le pire de l’année 2024 selon la rédaction du Journal du Geek.
Argylle — la pire coupe de cheveux
On y croyait, grand mal nous en a fait. En janvier dernier, Argylle ouvrait les hostilités avec une intrigue à mi-chemin entre Night and Day et Kingsman. Le réalisateur des aventures d’Eggsy avait dynamité le genre de l’espionnage, on pouvait espérer qu’il en soit de même avec ce projet porté par Henry Cavill, Bryce Dallas Howard et Sam Rockwell. La coupe de cheveux du héros semblait être un énième pied de nez au plus célèbre des espions anglais, une manière de détourner un peu plus les codes d’un genre qui peine à se renouveler. On n’aurait pas dû couper les cheveux en quatre, Argylle est sans doute le pire de ce que le grand écran nous a offert cette année, une vaste fumisterie teintée d’effets numériques douteux, de blagues trop longues pour être les meilleures. Un immense gâchis et les débuts ratés d’un univers cinématographique de l’espionnage qui ne verra jamais le jour.
Est-ce qu’il faut le voir quand même ? Oui. Comme on jette un œil à un accident de la route, par curiosité. La critique.
Dune : deuxième partie — les plus jolis grains de sable
Après la claque visuelle, Denis Villeuve était attendu au tournant. Si certains pouvaient reprocher l’aspect contemplatif des premières aventures de Paul Atréides, la seconde partie promettait de gagner en intensité. Le réalisateur s’abandonne de nouveau à Arrakis, pour questionner le fanatisme au travers des nombreux personnages qu’il immortalise. Plus intime, plus nerveux mais toujours aussi savant, le second Dune s’illustre comme un monument immédiat de la science-fiction. On ne peut que trépigner d’impatience à l’idée de découvrir prochainement Le Messie de Dune, qui promet déjà de redistribuer les cartes et d’entériner la complexité de Paul Atréides et du monde dans lequel il évolue. Et puis, même quand il ne filme que du sable, Denis Villeneuve nous captive.
Est-ce qu’il faut le voir ? Évidemment. La critique.
Kung-Fu Panda 4 — il faut savoir partir à la retraite
Cette année, DreamWorks nous a proposé deux films d’animation diamétralement opposés. Le Robot Sauvage est une belle surprise, tandis que Kung-Fu Panda 4 est l’équivalent cinématographique d’un plat congelé réchauffé au micro-ondes. Cet opus de trop est tellement décevant qu’on croirait découvrir un long-métrage développé par IA, dans le simple but de capitaliser sur l’héritage de la franchise. Le pari a fonctionné, le film a fait le plein d’entrées, mais les spectateurs en salles n’avaient qu’une envie : en sortir. À éviter à tout prix si vous souhaitez maintenir un peu d’estime pour le légendaire Po.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui, mais une fois seulement. La critique.
S.O.S fantômes : La Menace de glace — le pire film au rayon surgelé
Trois ans après l’héritage et quelque temps après le décès d’Ivan Reitman, Sony Pictures ressuscitait S.O.S. Fantômes pour une aventure new-yorkaise qui devait faire froid dans le dos. Le précédent film avait quelque chose de séduisant, on pouvait espérer qu’il en soit de même avec cette suite. Manque de chance, La Menace de Glace n’avait rien à raconter et se contentait d’accumuler les clins d’œil et références à ses prédécesseurs. Embourbée entre le passé et le présent, la licence est devenue aussi fantomatique que les créatures qu’elle immortalise. On s’ennuie sec.
Est-ce qu’il faut le voir ? Non. La critique.
Civil War — le film loin d’être cliché
Après son déroutant Men, Alex Garland plongeait les spectateurs dans un futur hypothétique où l’Amérique est en proie à une nouvelle guerre civile. Aux côtés de journalistes chargés de documenter ce qui s’annonce comme la prise de la Maison-Blanche, Garland encapsulait la polarisation des débats politiques autant que le regard de celles et ceux qui sont chargés d’en rendre compte au travers de leurs images. Civil War était une plongée déroutante dans le monde du reportage de guerre, portée par un casting cinq étoiles et avec une narration qui va là où l’on ne l’attend pas.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui. Mille fois. La critique.
Challengers — la tension amoureuse poussée à l’extrême
Qui aurait cru qu’un scénario centré sur le tennis puisse nous offrir un triangle amoureux si efficace ? Avec Challengers, Luca Guadagnino prouve une fois de plus sa maîtrise des relations émotionnelles représentées à l’écran. S’il y a bien un mot qui caractérise ce film, c’est l’audace. Dans sa structure, sa cinématographie, son scénario ou sa bande-son, Challengers n’hésite pas à nous surprendre pour nous tenir en haleine du début à la fin. Mention spéciale pour la scène de la balle de tennis : vous comprendrez en temps voulu.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui. Après Roland-Garros de préférence.
Furiosa — celui qui ne méritait pas son bide
Près d’une décennie après son Fury Road, George Miller revenait aux terres désolées de son univers postapocalyptique pour raconter comment naissent les légendes. Aux côtés de Furiosa, Miller multipliait les moments de grâce pour l’un des rares prequels qui valent véritablement le coup d’œil. Profitant des progrès technologiques pour faire entrer sa saga dans une nouvelle ère, le cinéaste accouchait d’un film qui promet déjà d’inspirer nombre de ses contemporains. Reste que cette toile de maître n’a pas eu le succès qu’elle méritait, une injustice que l’on a du mal à digérer.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui. Pitié. La critique.
Sous la Seine — la pire pub pour les JO
Les Dents de la Mer à Paris, avant les Jeux olympiques et l’assainissement du fleuve parisien qui faisait couler beaucoup d’encre, Netflix a voulu profiter du coup de projecteur sur la capitale française pour faire recette. Le film de Xavier Gens se rêvait fresque écologique, il aura finalement juste recyclé la recette de Spielberg pour en faire n’importe quoi. Un nanar qui serait sans aucun doute divertissant s’il ne se prenait pas trop au sérieux. Mention spéciale au final qui laisse entendre qu’une suite est possible et qu’on espère un peu moins premier degré.
Est-ce qu’il faut le voir ? Pas besoin. La critique.
Vice Versa 2 — la plus belle crise de larmes
Pixar n’avait plus vraiment la cote dans les salles obscures depuis la pandémie. Confinée à Disney+ depuis longtemps, l’écurie n’était pas parvenue à retrouver son public avec Buzz L’Éclair, ni même avec Élémentaire. La lampe bondissante a eu raison de se tourner vers ses succès d’antan, Vice-Versa 2 est le plus gros succès de l’année dans les salles obscures. Un succès mérité pour la saga qui n’a rien perdu de sa superbe. Dans la tête d’une Riley préadolescente, les émotions nous touchent en plein cœur. On en pleurerait presque de joie.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui, parce qu’on reste de grands enfants. La critique.
Deadpool & Wolverine — les meilleurs caméos
C’est un jeu auquel se prêtent souvent les propositions superhéroïque, pour autant, la performance de Deadpool risque d’être inégalée avant longtemps. Alors même qu’il aurait pu se planter de mille manières, le troisième film consacré à Wade Wilson a des allures de miracles. De la façon dont il s’amuse avec son statut particulier au sein du MCU à son statut d’hommage aux personnages morts trop tôt au sein de l’écurie Fox, le film de Shawn Levy est un plaisir coupable à tous les niveaux. On rigole aux blagues “pipi caca”, on adore retrouver Wolverine et, finalement on se dit que le jeu en valait la chandelle. Mention spéciale au “Cavillverine” que l’on attendait, mais qui ne nous a pas déçus.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui, parce que Henry Cavill (même pour 5 secondes) et Hugh Jackman. La critique.
Borderlands — le pire du pire
Plus le temps passe, et plus les adaptations de jeux vidéo ont la côte sur nos écrans. Mais l’année 2024 n’a pas manqué de nous rappeler qu’il est encore possible de produire un zéro pointé. Sur consoles et PC, la popularité de Borderlands n’est déjà plus au beau fixe et cette adaptation est le parfait reflet d’une formule épuisée. Humour “pipi caca” au summum du malaise, scénario inexistant et visuels à la limite de l’acceptable : Borderlands est aussi chaotique que sa postproduction qui aura pris des années… pour rien.
Est-ce qu’il faut le voir ? NON ! La critique.
Uglies — le pire filtre Snapchat
À l’aube de 2025, les dystopies sont à l’article de la mort. Seul Hunger Games parvient encore à tirer son épingle du jeu dans ce genre épuisé jusqu’à la moelle. Netflix s’est tout de même essayé à l’adaptation des romans de Scott Westerfeld, à commencer par Uglies. Tandis que notre société ne cesse de mettre l’accent sur une beauté toujours plus parfaite, cette dystopie imagine un futur où les jeunes de 16 ans sont contraints de recevoir une opération de chirurgie esthétique afin de correspondre aux normes de beauté et réduire les inégalités. Malgré un concept pourtant intéressant, le N rouge tombe dans le piège d’une adaptation aseptisée au possible, dont les visuels et la structure nous rappellent l’échec de Divergente sur nos écrans. Le film porte bien son nom : c’est moche.
Est-ce qu’il faut le voir ? Seulement, si vous faites un marathon Divergente, Le Labyrinthe et The Giver pour enfoncer le clou.
Joker Folie à Deux — les pires performances vocales
Dire que Todd Philipps était attendu au tournant est un doux euphémisme. Non content d’avoir dynamité le paysage superhéroïque avec les premières aventures d’Arthur Fleck, le réalisateur prenait le risque d’explorer un genre boudé par une partie du public pour raconter ce qu’il advient de son Joker. Avec Lady Gaga pour incarner Harley Quinn et la promesse de faire honneur aux comédies musicales emblématiques, on pouvait espérer voir Joker : Folie à Deux reproduire le miracle qu’a été son prédécesseur. Entre le film de procès, le thriller psychologique et le musical, le métrage ne choisit jamais. En résulte un micmac long, ennuyeux et entrecoupé de séquences chantées dignes des cris d’une bête à l’agonie. On pensait que Cats était le fond du panier des comédies musicales, Joker 2 vole le titre.
Est-ce qu’il faut le voir ? Peut-être, mais prenez rendez-vous chez l’ORL après. La critique.
Le Robot Sauvage — le plus mignon
Ce n’est pas parce que Disney joue la carte de la paresse avec ses derniers films que les autres studios font de même. L’un des meilleurs films d’animation de l’année (si ce n’est LE meilleur) est une nouvelle franchise signée DreamWorks. Après Dragons, le studio s’attaque à l’adaptation d’une nouvelle série de roman, publiée pour la première fois par Peter Brown en 2016. L’histoire du robot Roz et de son oison orphelin Joli-Bec est portée par des visuels aussi travaillés que ceux du Chat Potté 2 et des scènes d’une intensité émotionnelle comme on n’en voit plus. Comme quoi, les suites, reboots et autres remakes live action sont loin d’être la clé du succès. En espérant que cela serve de leçon à l’industrie.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui.
Wicked — le meilleur “oh woah oh oh oh”
Du rose et du vert partout. En novembre, le monde entier s’est pris d’affection pour la relecture du Magicien d’Oz offerte par Universal Pictures. Multipliant les collaborations et les plateaux TV, Wicked a été l’événement de la fin d’année. Le studio a même rejoué le match Barbie/ Oppenheimer, avec une nouvelle victoire pour le métrage largement dédié au public féminin. Un bel emballage pour un film qui n’a pas fait mentir les éloges qui lui étaient adressés outre-Atlantique. Respectant à la virgule près la comédie musicale emblématique, le film s’est illustré comme une lettre d’amour à Broadway et la preuve que le genre n’a pas dit son dernier mot. Wicked a défié la gravité, il a confirmé que les métrages chantés pouvaient encore être populaires.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui, en rose ou en vert comme vous voulez. La critique.
Kraven the Hunter — les pires adieux
Six ans après ses débuts tonitruants, l’univers Sony Pictures dédié aux antagonistes de Spider-Man est à l’agonie. Même Venom, apprécié du public avec son premier et son deuxième film, n’est pas parvenu à s’illustrer au box-office mondial. On ne donnait ainsi pas cher de la peau de Kraven le chasseur, héros de seconde zone dont le film a été repoussé de nombreuses fois. La présence de J.C Chandor à la réalisation avait pourtant quelque chose d’intrigant. À défaut d’être un chef-d’œuvre qui redistribuait les cartes au sein d’un genre qui peine à se renouveler, le métrage porté par Aaron Taylor-Johnson aurait pu être un monstre d’action divertissant. À la place, Sony aura livré une aventure inconséquente, qui n’embrasse jamais la portée épique de son héros et sa mythologie. Kraven est un mauvais chasseur, et fait office de piètres adieux à une licence dont personne ne voulait.
Est-ce qu’il faut le voir ? Oui, après avoir revu le sketch des Inconnus. La critique.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.