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Pourquoi vous devez (re)voir Twin Peaks avant son grand retour sur les écrans

Outre qu’il vous sera plus aisé de suivre la saison 3 qui a déboulé le 21 mai sur Showtime (ce 22 mai sur Canal +), 25…

Outre qu’il vous sera plus aisé de suivre la saison 3 qui a déboulé le 21 mai sur Showtime (ce 22 mai sur Canal +), 25 ans après la fin de la saison 2, voir ou revoir Twin Peaks est une nécessité pour comprendre son impact sur les œuvres cinématographiques et télévisuelles qui l’ont succédé.

Lorsque Twin Peaks débarque sur les écrans le 8 avril 1990, c’est un ovni télévisuel. Indéfinissable. Thriller, soap, série fantastique ou d’horreur ? Il est presque impossible de lui attribuer un genre, tant la série repousse le carcan dans lequel on voudrait l’enfermer et revendique le mélange des genres. Aujourd’hui encore, Twin Peaks conserve une aura de mystère : sa fin aura laissé nombre d’énigmes irrésolues.

En 1990, David Lynch n’est pas un inconnu ou un novice, il a déjà réalisé l’étrange Eraserhead, Elephant Man, Dune ou encore Blue Velvet lorsqu’il s’attèle à la création de Twin Peaks avec Mark Frost (scénariste des 4 Fantastiques de 2005), dont il signera le scénario des 3 premiers épisodes.

Et Marilyn Monroe devint Laura Palmer

Initialement, Lynch souhaitait adapter un roman autour de Marilyn Monroe et sa mystérieuse disparition. Finalement, le projet ne se fera pas, mais le duo de scénariste dérivera vers une autre histoire tout aussi étrange :

Dans la ville imaginaire de Twin peaks, située dans l’État de Washington, le cadavre de Laura Palmer, jolie lycéenne adorée de tous, est retrouvé sur la berge d’une rivière. Son corps, nu, est enveloppé dans une bâche en plastique. L’agent du FBI Dale Cooper est dépêché sur place pour mener l’enquête auprès du shérif Harry Truman. Il découvrira alors que la jeune fille n’avait rien de l’innocente personne qu’elle semblait être et que les habitants de Twin Peaks semblent tous cacher de bien sombres secrets.

Une enquête policière sur fond de soap opera saupoudré de fantastique avec l’apparition de Bob, cette entité maléfique et terrifiante, et celle de la Black Lodge, un espace hors du temps à mi-chemin entre rêve et réalité.

Deux petits tours et puis s’en vont

Diffusée en France sur La Cinq (Silvio Berlusconi détenait alors les droits pour toute l’Europe) Twin Peaks aura réussi en seulement deux saisons à générer un trouble suffisant pour gagner sa place de série culte et devenir une référence pour nombre de films et séries qui lui ont succédé.

25 ans plus tard, la voici prête à resurgir sur les écrans, son aura mystique toujours intacte. Voici les (bonnes) raisons de vous replonger dans l’œuvre originale.

[nextpage title=”Un ovni télévisuel”]

Tout en un

Twin Peaks, saison 1

À l’époque, Le Prince de Bel Air, Code Quantum, Mac Gyver, 21 Jump Street, mais aussi Parker Lewis (ne perd jamais), Alerte à Malibu, Beverly Hills et ses avatars produits par Aaron Spelling squattent les écrans et signent l’imagerie des 90’s. Lumineuse, blonde, healthy, overbrushée et maquillée. Des soap opera pur jus comme l’Amérique sait en créer. Un genre gravé dans le marbre qui vola en éclat avec l’arrivée de l’ovni télévisuel conduit par David Lynch.

Twin Peaks aura réussi ce pari fou de proposer une série où tous les genres se mélangent de façon cohérente. Série policière du fait de son intrigue principale, Twin Peaks n’en est pas moins une oeuvre fantastique sur fond de soap opera. À ce titre, rien n’est laissé au hasard, tout est savamment pensé et exacerbé : la maladresse (l’adjoint du shérif Andy Brennan), la folie (Nadine Hurley, Leo Johnson), l’excentricité (Ben Horne) des uns, rivalisent avec la féminité (Josy Packard, Donna Hayward ou Audrey Horne), les sentiments (James Hurley et Donna ou le shérif Harry S. Truman et sa fébrile Josie) des autres.

Certains dialogues et situations s’y prêtent d’ailleurs à merveille et n’ont rien à envier au feuilleton mielleux dont les personnages semblent eux-mêmes friands : Invitation to Love.

Le rythme volontairement lent et contemplatif de la série est parfaitement assumé. Et si les genres se mêlent, ils n’emmêlent pas l’intrigue, bien au contraire, il la dénoue. Les intrigues secondaires n’ont de secondaires que le nom : si elles peuvent paraitre accessoires, elles se révéleront primordiales en fin de course.

Malgré son apparence pointue, voire élitiste, Twin Peaks réussit à fédérer une palette de publics très variés.

[nextpage title=”Vous avez dit "normal" ?”]

Une inquiétante banalité

Twin Peaks aura réussi ce tour de force de rendre inquiétant, ce qui est banal, si ce n’est normal.

La plus petite ville, tranquille en apparence, peut cacher la plus affreuse des monstruosités. Cette série interpelle grâce à ce qu’elle évoque en nous : c’est une ville comme on peut en croiser, dans laquelle on pourrait vivre. Cette ville c’est la nôtre, ses habitants pourraient être nos voisins, nos amis ou parents.

Twin Peaks n’existe pas, mais cette ville nous est familière. Celle où se croise une galerie de personnages, rassemblée au sein d’une communauté où tout le monde se connait. Chacun a sa place dans la société, un rôle déterminé, inchangé, le maire, la reine du bal, le militaire, la serveuse du dinner, le patron de l’hôtel, le shérif, la jeune ingénue, etc.

Laura Palmer

Une vie bien rodée que le meurtre de Laura Palmer, reine de bal au visage angélique, fera valser. « Qui a tué Laura Palmer ? » deviendra l’ultime question à laquelle répondre, chacun y allant de ses interrogations et suspicions. Ce crime fait voltiger la poussière amassée sous le tapis de cette communauté de 50 000 habitants dans ce qui ressemblera à un véritable huit clos à ciel ouvert où chaque personnage sera amené à se dévoiler par la force des choses.

Les aspects qui donnaient alors à Twin Peaks cette allure de ville idyllique et préservée (hôtel du Nord face aux grandes cascades, la forêt, la convivialité entre habitants, etc.) sont les mêmes aspects qui la rendront dérangeante à plus d’un titre. Ce qui était hier n’est plus.

Twin Peaks interroge sur la folie, la normalité, ce qui relève du rêve, de la réalité, du bien et du mal. À travers la mort de Laura Palmer, c’est notre propre humanité qui est interrogée, la part d’ombre qui sommeille en chacun de nous. À mesure que les masques tombent, elle semble se révéler. Chaque personnage cache un secret (meurtre, adultère, escroquerie, mœurs dissolues, etc.) susceptible de le faire basculer.

En ce sens, Bob est la métaphore parfaite du mal incarné. Une entité maléfique qui prend possession du corps et de l’âme de ses victimes et qui apparaît sous sa forme humaine, effrayante à souhait, ou sous celle d’une chouette, animal nocturne s’il en est.

Bob

Bob ne meurt jamais, il voyage d’hôte en hôte et répand la mort sur son passage. Il représente notre face obscure, celle qui fait de l’homme un loup pour l’homme, et réveille ses plus bas instincts.

[nextpage title=”Une série révolutionnaire pour l’époque”]

25 ans déjà

Le casting de la saison 3, 25 ans après

Les fans de Twin Peaks lui voue un culte éternel. Des notes sombres et lancinantes de son générique, à son héroïne déjà morte, mais omniprésente, ses personnages hallucinés, sa parfaite absurdité, son fascinant et inquiétant paysage, Twin Peaks aura diffusé son imaginaire sitôt terminée.

Si la série s’est achevée au bout de deux saisons – faute d’audience – laissant de nombreux fans démunis, Twin Peaks a rapidement gagné ses galons de série culte et en a inspiré de nombreuses. Par son mélange des genres, son atmosphère, le théâtre de l’intrigue et sa façon de placer le téléspectateur au cœur de l’enquête.

Un dynamitage des codes de l’époque

La série Twin Peaks a été précurseure a plus d’un titre. Délaissant New York, Los Angeles ou Chicago, David Lynch et Mark Frost ont préféré planter leur décor dans la ville imaginaire (et champêtre) de Twin Peaks, petite bourgade tranquille de 51 201 habitants.

Une idée qui germera par la suite dans la tête des créateurs d’autres séries, de Northern Exposure (Bienvenue en Alaska), Buffy contre les vampires dans la ville de Sunnydale, à Breaking Bad à Albuquerque au Nouveau-Mexique, en passant par Desperate Housewives dans la bourgade supposément tranquille de Fairview, ville fictive de l’État non moins fictif d’Eagle State.

De la même manière, si cela nous parait familier aujourd’hui, Twin Peaks plaçait le téléspectateur au centre de l’intrigue, et faisait de lui un détective à part entière. Une initiative qui brisait les codes de l’époque.

Un mélange des genres inédit

Tout comme sa façon de mélanger série policière, soap opera et comédie. Les séries d’alors restaient enfermées dans leur genre et n’en bougeaient plus. Aujourd’hui les séries policières à l’humour noir ou absurde sont légions.

Et s’il fallait une preuve de plus démontrant que Twin Peaks est l’événement télévisuel de 2017, jetez un œil à l’impressionnant casting qui compose cette nouvelle saison. c’est bien simple, les acteurs se sont bousculés au portillon pour figurer au casting, même pour quelques minutes à l’écran : Monica Bellucci, Amanda Seyfried, Tim Roth, Eddie Vedder (Pearl Jam), Naomi Watts, Ashley Judd, Jessica Szohr, Jennifer Jason Leigh, Jim Belushi, Laura Dern, Michael Cera, Patrick Fishler et David Dastmalchian.

Rendez-vous lundi 22 mai sur Canal + pour la troisième saison de Twin Peaks.

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