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Pourquoi TikTok rend les États-Unis et l’Europe toc-toc ?

TikTok joue une partie de son avenir ce jeudi 23 mars 2023 aux États-Unis. Depuis plusieurs mois, le réseau social chinois est dans le collimateur de nombreux pays occidentaux. Il est même menacé d’interdiction au pays de l’oncle Sam. Mais pourquoi un tel acharnement ?

Dans quelques heures, le patron de TikTok fera face aux Congrès américain. Un tournant pour la jeune application qui enregistre une croissance record ces dernières années, reléguant loin derrière ces rivaux américains Facebook, Instagram ou Snapchat. À mesure qu’elle a gagné en popularité, l’application chinoise a commencé à susciter une certaine défiance de la part des autorités occidentales. Les États-Unis surveillent de près l’évolution d’un réseau social qu’il juge trop proche de Pékin, ce que TikTok nie depuis des années.

Donald Trump, alors locataire de la Maison-Blanche, était parti en guerre contre TikTok. À l’origine du regain de tensions entre les États-Unis et la Chine, l’ancien président a multiplié les menaces d’interdiction contre le réseau social chinois. Depuis sa prise de pouvoir, Joe Biden n’a pas vraiment changé de discours et se montre toujours hostile à l’égard des entreprises chinoises.

Que reprochent les États-Unis à TikTok ?

Si TikTok vit sous la menace d’une interdiction aux États-Unis, c’est en grande partie à cause de son origine chinoise. Il convient de rappeler que la plateforme, telle que nous la connaissons, n’existe pas en Chine. L’application TikTok se destine aux marchés internationaux (hors de Chine) et cible notamment les pays occidentaux. Elle est née d’une fusion en 2018 avec Musica.ly et ByteDance, et a conservé son nom. ByteDance est l’entreprise chinoise derrière TikTok et Douyin, une sorte de clone destiné au marché chinois et doté de fonctions supplémentaires.

Cette distinction ne suffit pas aux yeux de Washington qui voit TikTok comme une menace pour la sécurité du pays. Les États-Unis s’inquiètent de voir le réseau social chinois accumuler des données d’utilisateurs du monde entier. En effet, TikTok collecte toutes sortes de données personnelles auprès de ses 1,7 milliard d’utilisateurs. La pratique n’est pas surprenante et se rapproche même de celle de ses concurrents américains que sont Instagram, Snapchat ou Facebook. Ce qui inquiète de nombreux pays occidentaux est que la gestion de ces données revient au groupe chinois ByteDance. Dans les faits, elles pourraient donc tomber entre les mains du gouvernement chinois si ce dernier le demande.

D’autres pays occidentaux s’inquiètent aussi

L’accent est mis sur les États-Unis dans cette affaire, mais d’autres pays surveillent aussi les agissements de TikTok. C’est notamment le cas de l’Europe qui cale sa politique sur Washington et se méfie de l’application. Ces dernières semaines, les relations se sont tendues entre les deux parties et les institutions européennes ont, une à une, interdit l’usage de TikTok. Cela concerne tous les appareils professionnels, dont les smartphones équipés de TikTok. Les salariés sont invités à faire de même sur leurs téléphones personnels.

La France n’est pas en reste a récemment ouvert une enquête sénatoriale. Elle a pour but de faire la lumière sur les liens qu’entretient la plateforme avec le gouvernement chinois. L’Hexagone pourrait également inciter les ministres à ne plus utiliser TikTok sur leurs smartphones personnels.

Le Royaume-Uni a suivi le mouvement en interdisant l’app sur des appareils gouvernementaux. Là encore, la décision est motivée pour des raisons de « sécurité ». La BBC recommande également à ses journalistes de supprimer TikTok de leurs téléphones professionnels.

Des mesures comparables sont visibles aux Pays-Bas, en Norvège ou au Canada.

Que va-t-il se passer pour TikTok ?

Le patron de TikTok, Shou Zi Chew, est auditionné ce 23 mars 2023 par le Congrès américain. Ce nouvel épisode s’annonce très important pour l’avenir du réseau social en Occident. En effet, le dirigeant devra convaincre sur des sujets majeurs que sont l’impact de l’application sur les jeunes et ses relations avec le Parti communiste chinois. Ce dernier point est sans doute le plus à risque pour la plateforme, car il conditionne l’avenir de TikTok aux États-Unis.

Suite à cette audition, le pays de l’Oncle Sam pourrait demander des garanties à TikTok. En son temps, Donald Trump voulait pousser ByteDance à se séparer de son réseau social. L’idée semble plus que jamais d’actualité à la Maison-Blanche et pourrait même être la seule solution pour éviter une interdiction. L’opération vise à éloigner les dirigeants chinois de ByteDance et de couper le lien qui unit TikTok à la Chine. La plateforme pourrait alors devenir… américaine.

L’idée à de quoi séduire l’administration Trump, mais il est peu probable que Pékin l’entende de cette oreille. Les relations entre les deux pays restent tendues et Pékin n’a de cesse de défendre son application. La diplomatie chinoise affirme que les États-Unis « n’ont pas fourni de preuves que TikTok menace la sécurité nationale » du pays. Elle ajoute qu’ils « devraient cesser de diffuser de fausses informations, cesser leurs attaques injustifiées contre TikTok, et fournir un environnement commercial équitable et juste ». Des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux utilisés pour défendre HUAWEI.

Devenu un enjeu géopolitique, TikTok inquiète aussi pour son impact sur la jeunesse. Très populaire chez les adolescents et les jeunes adultes, l’application est réputée addictive. Des voix s’élèvent pour évoquer les conséquences néfastes de l’utilisation de TikTok, s’appuyant sur des études montrant déjà les effets d’autres médias sociaux (Facebook, Instagram…)

Quels sont les arguments de TikTok ?

Face aux soupçons américains, TikTok réfute en bloc les accusations et joue la carte de la transparence. Afin de convaincre les autorités américaines, elle précise que les données des utilisateurs sont stockées sur des serveurs situés aux États-Unis. Dans les faits, cela n’empêche pas vraiment des employés situés en Chine d’accéder à ces données. Fin décembre, ByteDance a d’ailleurs admis que ses employés – dont certains basés en Chine – ont espionné des journalistes américains. L’entreprise regrette l’incident et indique qu’elle a apporté des changements, mais cette affaire n’a pas amélioré son image.

Avant son audition, Shou Zi Chew affirme qu’il souhaite répondre aux « idées reçues » concernant l’application. Il devrait expliquer aux membres du Congrès que les inquiétudes au sujet de ByteDance et ses liens avec la Chine ne sont pas fondées. « Permettez-moi de l’affirmer sans équivoque : ByteDance n’est pas un agent de la Chine ni d’aucun autre pays », affirme le dirigeant. Le témoignage de Shou Zi Chew est conforme aux arguments avancés par TikTok depuis des années.

TikTok 150 millions USA
TikTok vante son nombre d’utilisateurs aux États-Unis pour se défendre. © TikTok

La firme met aussi en évidence le succès de TikTok aux Etats-Unis. La plateforme vient de franchir la barre des 150 millions d’utilisateurs américains mensuels. « Près de la moitié des Américains utilisent TikTok pour se connecter, partager, apprendre ou simplement s’amuser », précise-t-il dans une vidéo. Reste à voir s’ils suffiront pour convaincre les États-Unis de ne pas bannir l’application.

TikTok peut-il être banni du jour au lendemain ?

Le cas de TikTok est différent de celui de HUAWEI et un placement sur liste noire ne sonnera pas la « fin » de la plateforme. Alors que le constructeur de smartphones s’est vite retrouvé persona non grata aux États-Unis, TikTok est un réseau social. Quelle que soit la décision américaine, il faudra un délai avant qu’il ne soit inaccessible aux utilisateurs.

La maison-mère ByteDance peut aussi riposter juridiquement pour contourner l’interdiction. Du côté des utilisateurs, il sera sans doute possible de passer outre la mesure en modifier les paramètres DNS. Le fait d’opter pour un VPN peut également être une solution de contournement.

TikTok a déjà évité de justesse une interdiction aux États-Unis

Le réseau social chinois suscite actuellement beaucoup de méfiance, mais le feuilleton TikTok est loin d’être nouveau. En 2020, Donald Trump avait posé un ultimatum au groupe chinois de ByteDance en exigeant que le réseau social passe sous pavillon américain. L’ex-président américain avait presque réussi son tour de force, multipliant les efforts pour que l’application se rapproche d’Oracle plutôt que de Microsoft. Malgré cela, l’application de partage de vidéos a échappé de peu à un bannissement et a pu continuer à opérer aux États-Unis. Trois ans après, les autorités américaines restent mobilisées et ne sont plus seules.

À noter que 100 % des données des usagers américains passent aujourd’hui par l’infrastructure Oracle Cloud. Afin de montrer patte blanche, la plateforme s’est en effet tournée vers les serveurs du groupe américain.

TikTok peut-il disparaître en France ?

L’Europe aussi s’inquiète des agissements de TikTok (voir D’autres pays occidentaux s’inquiètent aussi). Elle suit de près le débat américain et pourrait marcher dans les pas des États-Unis en bloquant l’application.

L’autre option est de laisser la porte ouverte à TikTok sur le Vieux continent. Une bonne nouvelle pour la plateforme, à condition que les États-Unis ne désertent pas l’application. En effet, TikTok pourrait perdre de son éclat et un bannissement outre-Atlantique ne lèverait pas les doutes sur la plateforme.

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1 commentaire
  1. Simple pourtant, parcequ’il met à mal l’hégémonie des réseaux sociaux américains. Continuer à se poser la question, c’est soit de la malhonnêteté, soit vous êtes une bande d’abrutis de première classe

Les commentaires sont fermés.

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