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Pourquoi The Handmaid’s Tale est aussi flippant ?

Depuis sa première diffusion, la série The Handmaid’s Tale s’est imposée comme l’une des œuvres dystopiques les plus glaçantes de la pop culture contemporaine.

Adaptée du roman de Margaret Atwood La Servante écarlate, The Handmaid’s Tale est sans doute l’une des dystopies les plus glaçantes de sa génération. À la fois lointaine et très (trop) proche de nous, comment la série, qui s’apprête à conclure sur une note magistrale, parvient-elle à nous plonger dans cet indescriptible sentiment de malaise ?

Un miroir effrayant sur la fragilité des droits (des femmes)

Ce qui rend The Handmaid’s Tale si terrifiante, c’est d’abord son ancrage dans notre monde, et la facilité avec laquelle la série bascule dans l’horreur totalitaire. La République de Gilead, régime théocratique et ultraconservateur, s’installe non pas après une apocalypse spectaculaire, mais par une suite de lois et de crises qui érodent progressivement les droits fondamentaux. La série d’attentats qui conduit à la prise de pouvoir des Fils de Jacob n’est que la conclusion d’un lent déplacement des mœurs et de la fenêtre d’Overton dans la société américaine. Une progression insidieuse, presque banale, qui fait écho à la situation politique actuelle.

La série montre comment les femmes sont privées de leur travail, de leur autonomie financière, puis de leur identité même. Ce basculement est d’autant plus effrayant qu’il s’appuie sur des mécanismes déjà présents dans nos sociétés : montée des extrémismes, instrumentalisation de la religion, contrôle des corps et surveillance généralisée. The Handmaid’s Tale ne relève pas de la science-fiction classique, mais bien de la fiction spéculative chère à Margaret Atwood : tout ce qui se passe dans le roman et dans la série pourrait réellement arriver, avec les moyens déjà à disposition de l’humanité.

Face à la chute démographique, la montée du conservatisme

La puissance de la série réside dans son discours sur la condition féminine. À Gilead, les femmes sont réduites à leur fonction biologique : procréer pour la survie de l’espèce, dans un contexte de crise écologique et de chute de la natalité. Elles sont classées en castes rigides, et privées de tout pouvoir sur leur corps. Les Servantes subissent des viols rituels, des humiliations et des châtiments publics. Pour les autres femmes, la situation n’est pas beaucoup plus enviable : même les épouses ont l’interdiction de lire, sous peine d’être sévèrement mutilées.

The Handmaid's Tale Avis
© Hulu

La série ne se contente pas de montrer la violence physique : elle explore aussi la violence psychologique, l’aliénation et la manipulation mentale. Tante Lydia incarne cette volonté collective de briser toute résistance par la culpabilité, la honte et la terreur. Les femmes deviennent complices de leur propre oppression, intégrant les valeurs du régime jusqu’à s’y perdre elles-mêmes. C’est d’ailleurs sans doute ce qui glace le plus dans la série : derrière quelques éclaircies sorores, la méfiance et la peur pousse les femmes à se monter les unes contre les autres.

Un avertissement politique et social

La série a été diffusée à une époque où les droits des femmes étaient déjà remis en cause, notamment aux États-Unis, avec des politiques restrictives sur l’avortement et la contraception. La montée du discours conservateur n’est plus une fiction, et beaucoup voient dans la saga d’anticipation une prophétie funeste, de ce que pourraient devenir certaines démocraties en cas de crise ou de basculement politique majeur.

La force de The Handmaid’s Tale est aussi de rappeler que les droits ne sont jamais acquis, et que l’histoire peut basculer à tout moment. Les flashbacks, montrant la vie d’avant des personnages, soulignent la rapidité et la facilité avec lesquelles une société peut sombrer dans la barbarie, par simple inaction collective.

 

Une dystopie qui nous regarde droit dans les yeux

Si The Handmaid’s Tale nous effraie autant, c’est aussi parce qu’elle met en lumière des thèmes universels : la fragilité des droits humains, le danger des sociétés totalitaires, la perte d’identité et la responsabilité individuelle face à l’oppression. Le succès de la série tient en partie dans sa capacité à résonner avec les luttes actuelles pour l’égalité, la liberté et la justice sociale. Mais c’est aussi ce qui rend le récit aussi terrifiant.

Les mésaventures de June Osborne font peur parce qu’elles ne nous offrent pas l’échappatoire du fantastique ou du lointain. La série nous montre un avenir possible, construit sur les failles et les dérives de notre présent. Une dystopie glaçante, mais plus que nécessaire à notre époque.

Handmaids Tales
© Hulu

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