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Pourquoi la sextech c’est (aussi) un truc de geek ?

Les sextoys sont des objets technologiques comme les autres. Qu’il s’agisse d’écologie, de robotique ou d’innovation, on vous explique pourquoi un Womanizer n’a décidément rien à envier à un iPhone.

Depuis quelques années, la sextech s’est frayée une place dans nos lits, mais aussi dans les grands salons technologiques, au point de figurer parmi les secteurs les plus innovants de l’industrie. Pourtant, le marché souffre encore de bon nombre de préjugés auprès du grand public, qui refuse parfois de faire le lien entre deux concepts a priori antinomiques. Dans la réalité, smartphones et vibros ont en fait bien plus en commun qu’ils n’y paraissent. On vous explique pourquoi.

Un sextoy n’est pas “moins” geek qu’un smartphone

Si le terme “geek” désigne généralement des passionnés de pop culture et nouvelles technologies, on sait depuis longtemps que les choses ne sont pas aussi simples. Aujourd’hui, il s’agit surtout d’un mot fourre-tout, dans lequel se retrouvent autant les amateurs d’objets connectés, d’exploration spatiale et de technologies, que les adeptes de jeux de rôles et de cinéma. À l’origine péjorative, l’idée même d’être “geek” est rapidement devenue une identité culturelle revendiquée, rappelle le sociologue David Peyron dans son livre Culture Geek. Au point de désigner (à peu près) tout et n’importe quoi.

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© Amandine Jonniaux / JDG

À l’heure où le monde entier a un smartphone vissé à la main, posséder un téléphone capable de regarder Netflix et de lancer un jeu ne fait définitivement plus de vous un geek. À l’inverse, la sextech s’impose depuis déjà quelques années comme un incubateur d’innovation, qui tutoie certains domaines de pointe comme la robotique, la réalité virtuelle ou encore l’intelligence artificielle. Il n’y a donc a priori aucune raison de faire le distinguo entre un amateur d’iPhone, un fan de GeForce RTX 3080, et un possesseur de Womanizer.

Oui mais voilà : si le sexe fait vendre, il souffre aussi de bon nombre de préjugés. En France, l’époque des sexshops illégaux n’est pas si lointaine, et le grand public peine encore à dissocier les sextoys de leur héritage pornographique sulfureux. D’autant plus que les jouets pour adultes ont beau toucher un public de plus en plus large, ils restent encore des produits de niche, dont il est difficile de parler. Et c’est encore plus vrai lorsqu’il est question de sextech.

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Design, écologie… un produit tech comme les autres ?

Les sextoys ont en fait bien plus en commun avec les smartphones et autres objets connectés qu’on ne veut bien l’admettre. À commencer par leur design : depuis quelques années, les vibromasseurs réalistes en jelly fuchsia ont laissé leur place à des objets qu’on croirait tout droit sortis de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain). Les technologies vibratoires puis sans contact ont délesté les jouets pour adultes de leur forme phallique, et leur esthétique a peu à peu glissé vers des formes épurées, dont le design évoque davantage la technologie que le sexe. Si vous en doutez, essayez un peu de différencier le masturbateur F1S V2 de Lelo d’une enceinte connectée. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’un des fondateurs de la marque suédoise a d’abord fait ses armes chez Sony Ericsson, avant de finalement se tourner vers la sextech.

Différence sextoy enceinte
À droite, une enceinte connectée, à gauche, un masturbateur pénien – © Amandine Jonniaux / JDG

En déplaçant la sémantique des sextoys de la pornographie vers la technologie, les acteurs et actrices de la sextech ont aussi permis de les rendre plus accessibles et moins effrayants pour le grand public. Une inversion qui passe notamment par l’abandon des formes explicites, pour se rapprocher d’objets qui nous entourent déjà au quotidien. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si bon nombre de sextoys remportent le prestigieux Reddot Design Awards, à l’image du Double Joy de Satisfyer dont on vous parlait récemment.

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Preuve que les sextoys sont devenus des objets technologiques comme les autres, ils interrogent désormais les mêmes problématiques que l’industrie des objets connectés. Qu’ils soient à piles ou rechargeables, les jouets pour adultes sont énergivores, et doivent eux aussi trouver des solutions viables pour minimiser leur impact environnemental. Concernant le recyclage de leur batterie par exemple, il est nécessaire – comme pour les smartphones – de développer les filières de prise en charge pour s’assurer que notre vibromasseur usagé ne terminera pas sa course dans une déchetterie à ciel ouvert. En France, l’enseigne de lovetoys Passage du désir est la seule à proposer un circuit de recyclage adapté, mais force est de constater que l’initiative constitue un cas isolé.

Sextech et design
Oui, tous ces objets sont des sextoys – © Amandine Jonniaux / JDG

L’industrie de la sextech n’échappe pourtant pas à quelques initiatives. En marge de certains concepts au succès (très) mitigé, comme le vibromasseur solaire de Passage du désir ou la gamme Ooh de Je Joue, qui proposait un moteur unique et plusieurs embouts interchangeables, on retrouve aussi quelques best-sellers. L’année dernière, le géant Womanizer lançait son Premium Eco, conçu à base de bioplastique (biodégradable dans des conditions industrielles), doté d’une batterie remplaçable, et entièrement recyclable. Plus récemment, c’était au tour de la marque Oohcean, fraîchement débarquée sur le marché, de proposer des vibromasseurs conçus à partir de déchets plastiques récupérés sur les plages.

sextoy ohhcean
© Journal du Geek

Comme pour l’industrie des smartphones, les initiatives écolos de certaines marques riment parfois (un peu) avec greenwashing. Un petit geste vaut cependant mieux que l’inaction, surtout après le dernier rapport alarmant du GIEC paru la semaine dernière. Inutile cependant d’argumenter sur l’idée que pour ne pas polluer, il est toujours possible d’utiliser nos doigts. Il ne viendrait à l’idée de (presque) personne de se séparer de son smartphone ou de sa montre connectée sous prétexte qu’ils constituent un gouffre écologique.

Sextech et technologies de pointe

Depuis déjà quelques années, le monde entier s’extasie devant le mimétisme des robots de Boston Dynamics, et il y a de quoi. Avec les progrès de la technologie, la robotique a connu un véritable bond en avant, et permet de réaliser des exploits qui nous paraissaient jusqu’alors impossibles. Pour autant, les avancées en matière de robotique n’ont pas été bénéfiques qu’à Atlas, Spot et Handle. La discipline se retrouve aussi dans la sextech, et tout particulièrement chez Lora DiCarlo, qui s’illustre depuis quelques années par sa maîtrise du biomimétisme, cette branche de la robotique basée sur l’imitation du vivant. Les sextoys de la marque ont tout de la technologie de pointe, mais cela ne les a pas empêché de faire scandale au CES 2019, alors qu’ils étaient jugés trop sulfureux pour recevoir un prix d’innovation. Rappelons tout de même que sur les stands environnants, le salon accueillait aussi de la pornographie en VR à destination des hommes, qui de son côté ne semblait émouvoir personne.

Sextoy chauffant Lora Di Carlo Drift
© Amandine Jonniaux / JDG

Les mêmes constats s’appliquent d’ailleurs pour les sexdolls : comment expliquer que les robots humanoïdes nous fascinent autant (malgré leur tendance à nous transporter dans une vallée de l’étrange de plus en plus dérangeante), alors que les poupées sexuelles suscitent dégoût et malaise ? Fabriquées avec des matériaux bluffants de réalismes et boostés à l’IA, les poupées de Real Doll empruntent pourtant tous les codes de la robotique.

Sans même évoquer les sexdolls, qui restent un marché de niche très minoritaire, l’industrie de la sextech a pu compter ces dernières années, sur de véritables révolutions techniques. À commencer par le sans-contact de Womanizer, qui a précipité l’obsolescence des technologies vibratoires. Même si la qualité de vibration s’est énormément améliorée ces dernières années, gagnant en intensité mais aussi en profondeur grâce aux basses fréquences, le sans-contact a littéralement changé les règles du jeu. Un peu à la manière du premier iPhone en 2007, lorsqu’Apple balaie d’un revers de la main l’idée même du téléphone portable.

Désormais connectés, capable de se synchroniser directement avec la voix, une chanson et même un livre érotique, les sextoys ont encore de beaux jours devant eux. L’un des défis principaux de ces prochains mois sera sans doute de réussir à démocratiser la réalité virtuelle associée aux jouets pour adultes. Même si certains acteurs de l’industrie comme Svakom ont déjà fait un pas en ce sens, le secteur reste encore balbutiant. Il faudra sans doute attendre quelques années pour découvrir ce que la sextech nous réserve encore, mais le plus enthousiasmant semble encore à venir.

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5 commentaires
  1. Un geek c’est quelqu’un d’ultra calé sur un sujet précis. Utiliser un gadget high tech (ordi, smartphone, trucs connectés ou a s’insérer) fait pas de vous un geek. Juste un consommateur.

    Un vrai geek vous fait le sextoy avec un raspberry, un vibro de manette et une banane en peluche le tout codé en shell.

    Comme le mec qui est entrain d’inventer des gants de VR avec rétroaction intégrée qui permettent non seulement de tracker chaque doigt mais de simuler la prise en jeu. CA c’est un vrai geek. (noter les applications possibles avec le sujet de l’article d’ailleurs)

  2. Pas vraiment non.C’est encore une idéologie ellitiste de bien des personnes qui est complètement fausse.Ce genre de pensée est uniquement pensé pour faire de ses gens complètement a part et unique et excluant tous les autres.Comme soi disant la noblesse d’un moteur atmosphérique par rapport a un moteur suralimenté, comme un passionné hifi ou purement audiophile n’est censé écouter que du classique sur un certain type de matériel super defini qui ne peut faire que la quintessence de cet art, etc.Non le geek c’est bien plus que cela et heureusement.Par contre, je suis d’acoord sur le fait que carte graphique et sextoy connecté ne sont pas du tout la même chose quand même.C’est une frontière que je ne passerai pas, ou du moins encore.Y a trop de différence entre les deux.Pour les humanoides par contre dans leurs globalités futures (masculin ou feminin), c’est déja beaucoup moins mince en terme de frontière car il faudra une intelligence artificiel très pointu et beaucoup de puissance de calcul et apprentissage pour se rapprocher d’un comportement humain même en dehors du physique.Mais je suis un geek aussi et je regarde aussi parfaitement ce sujet, donc…

  3. Non ,c ‘est juste une pub pour womanizer , un article misandre parce que la sextech ne doit pas concerner que la femme (et ce n’est pas le 1er article comme cela) et que l’auteure doit se sentir tellement élite 3.0 et fiére de parler de sexe de façons tellement décomplexé.

Les commentaires sont fermés.

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