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Ceci est une révolution !
Cette DeLorean DMC-12 fut présentée en mars 1976. Elle devait incarner la voiture éthique par excellence. Entendez par là qu’elle était portée sur la sécurité (carrosserie déformable) et l’environnement. D’ailleurs, elle fut construite en divers matériaux, dont la fibre de verre et l’acier inoxydable (matériaux capables de résister au temps, c’est ce qu’on appelait l’écologie à l’époque).
Son moteur, un V6 à injection du partenariat PRV (Peugeot Renault Volvo) correspondait aux normes de pollution des USA. Ce fut un choix secondaire, le premier étant porté sur un Wankel, moteur rotatif développé en partenariat par Mazda et Citroën, ce même moteur qu’on retrouve dans les RX7 et RX8 (merci @SaucissonMaster).
Les portes en papillon avaient une classe indéniable. Bref, elle devait durer. C’était une philosophie qui n’était pas du goût des autres constructeurs qui souhaitaient pour leur part, un cycle de vie de 5 années pour leurs véhicules (capitalisme quand tu nous tiens) contre environ 7-10 ans à cette période.
Les papas de la DeLorean s’appelaient John Zachary DeLorean et William T Collins.
Le premier était un ancien PDG de General Motors et l’autre l’ancien ingénieur en chef de chez Pontiac. Ils auraient donc dû savoir ce qu’ils faisaient. Ils auraient dû, car la technologie de conception qu’ils avaient choisie (dont ils avaient acquis les droits d’utilisation) et qui devait réduire les coûts de production tout en réduisant le poids global du véhicule n’était pas applicable sur la production en grande série.
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Ceci est un flop !
À ce moment-là, ils étaient dans la panade, puisqu’il fallait entièrement repenser la voiture, alors que la production aurait déjà dû commencer. Ils ont donc été chercher le spécialiste des constructions poids plume, Colin Chapman, Monsieur Lotus. Il changera presque tout, excepté la ligne (signée Giugiaro), les fameuses portes papillon et la carrosserie en acier inoxydable.
Pour l’époque, la DeLorean est un véhicule high-tech par excellence. Outre l’aspect métal et les portes, elle dispose de plein de gadgets innovants pour l’époque, comme la clim, l’auto radio, les vitres électriques… La DeLorean fut construite en Irlande du Nord. La production débuta en 1981.
Fait intéressant : à cette époque, à Belfast, le taux de chômage était élevé. L’usine a donc facilement trouvé la main-d’œuvre nécessaire. Payés avec de bons salaires et disposant du meilleur matériel possible, les employés, malheureusement peu expérimentés, construisirent mal les premiers modèles. Cela engendra de nombreuses pannes sur le premier véhicule qui s’affichait à 25k $ en concession, soit plus du double du prix initial (DMC-12 pour 12 000$). Tout tombait en panne et le circuit électrique rendait l’âme constamment. Il fallut attendre 1982 pour avoir des DeLorean bien construites, et surtout 1985 pour voir la version capable de voyager dans le temps.
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Pas de happy end
Mais fin 1982, John Zachary DeLorean se fait arrêter pour trafic de drogue. Trafic qui devait pallier les difficultés financières de la société. Suite à cette arrestation, les dernières DeLorean en cours de production furent terminées et vendues neuves jusqu’en 1983. La société fit faillite. Plus tard, John Zachary DeLorean fut relâché pour non-lieu : en réalité, c’était le FBI qui l’avait piégé. Un piège qui lui coûta son entreprise et plusieurs années de sa vie. Comble de l’ironie : un investisseur l’appela le jour de son arrestation pour lui proposer 200 millions de dollars supplémentaires, afin de développer une version bi-turbo. Les voitures se vendirent cependant très mal, entre l’histoire autour de DeLorean, les problèmes de fiabilités et les risques de faillites de la société (qui se confirmèrent rapidement après).
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Une star malgré elle
La chose intéressante, c’est que la DeLorean n’était pas une bonne voiture sur le marché. Elle était lourde, manquait de dynamisme, n’avait aucune reprise et coûtait cher. D’un autre côté, elle ne ressemblait à aucune voiture. Elle était à la fois un symbole du futur, mais également un symbole du passé. Une innovation présentée comme une révolution qui fit un flop et dont la production stoppa après seulement 3 années de production. C’est ce qui a incité les scénaristes Bob Gale et Robert Zemeckis à la choisir elle plutôt qu’une autre.
Son côté innovant plaisait au Doc, son côté ringard rebutait Marty. Il fallait également une voiture symbolisant le futur, mais assez réaliste pour s’inscrire dans le présent (le présent au moment de la sortie du film). À ce moment-là, personne ne savait si le film marcherait, et personne ne se douterait qu’une voiture au piètre destin et sans aucune considération, deviendrait le symbole de toute une génération. Elle fait penser à ces produits qui plaisent à une poignée de fans, sans succès, et qui finissent aux oubliettes alors qu’ils promettaient beaucoup. Ou encore, à ces objets dénués d’intérêts qui, une fois passés dans les mains de génies, se transforment et deviennent mythiques. C’est en ça que la DeLorean est liée à l’univers Geek : impopulaire, elle fut choisie par un savant fou qui trouvait son côté “high-tech” génial, et qui l’a transformé dans l’imaginaire de tous, comme le meilleur véhicule au monde.
Aujourd’hui, les DeLorean DMC-12 (sans convecteur spatio-temporel) se négocient entre 35 et 45 k€. Il y a quelques années, on les trouvait pour 15-20 k€.
C’est la société texane DeLorean Motor Company Of Texas, fondée par Stephen Wynne (qui récupéra les droits d’utilisation de la marque DMC) qui assure la distribution des pièces détachées, après avoir acquis l’outillage et les pièces restantes en 1997, soit 14 ans après l’arrêt de la production. À ce jour, 99% des pièces sont disponibles.
Enfin, une des raisons du choix était également d’ordre pratique, car on ne peut pas faire ce que l’on veut d’une voiture dans un film. Les constructeurs ont des exigences (plans, degré de destruction et conditions, etc.). Autant de contraintes qui s’ajoutent à celles du film. Or, la DeLorean de BTTF est d’abord nourrie au plutonium,
puis aux détritus,
et enfin, est poussée par un train.
Elle prend d’ailleurs cher tout au long du film. En choisissant une voiture libre de toutes ces contraintes, les scénaristes s’offraient une certaine liberté.
C’est donc le triste destin de la DeLorean DMC-12 (sa conception maintes fois revue, sa fabrication qui fut catastrophique au départ, ses ventes médiocres, l’arrestation d’un de ses deux géniteurs, la faillite de la société qui la produisait) qui lui permit de devenir cette icône si célèbre. Parce qu’au fond, on la kiffe tous la DeLorean !
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Article tres sympa. Merci Djenuwine
Tant qu’à voyager, autant le faire avec classe !
“Quitte à voyager dans le temps au volant d’une voiture, autant en choisir une qui ait de la gueule !”
Pour la précision nécessaire 😀
Oui article bien sympa, finalement JDG excelle avec les articles Geek comme celui-ci ! Merci.
Les voitures se vendent à plus de 3ok aujourd’hui principalement parcequ’elles ne sont plus dans leur état d’épave et ont subit une cure de rajeunissement, qui coûte bonbon surtout lorsque la production est tenue par une seule entreprise
Il n’y a pas de pots d’échappement sur la V2 du doc.
Petite erreur, à l’origine DeLorean souhaitait utiliser non pas un moteur 4 Cylindres Citroën mais le moteur Wankel (communément appelé “Rotatif”) qui était à l’époque conçu dans un partenariat entre Mazda et Citroën. Les raisons de ce choix sont les mêmes que pour le reste de la voiture, la durabilité théorique du moteur, un moteur Wankel nécessite beaucoup moins de pièces en mouvement pour fonctionner (L’exemple le plus parlant est l’absence de soupapes, sans soupape pas d’arbres à came, pas de courroie moteur, injection simplifié, etc…). Donc en théorie, un risque de panne amoindrie et une durabilité augmentée.
Malheureusement quand la DeLorean a commencée à être vendue, la conception du Wankel n’était terminée et DeLorean a jeté son dévolue sur le PRV.
Exact. Le fameux rotatif que l’on trouve dans les RX7 et RX8. Mais d’un autre côté, ces moteurs consomment autant d’huile que d’essence, donc le V6 n’a pas été une si mauvaise chose…
Quelle belle soirée au Rex !
Un article interessant, mais qui me rappelle les exposés du collège :3
@dageek
putain je confirme !
je ne regrette pas ! [j’ai même encore garder le bracelet :p]