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Quelles phobies peut-on soigner avec la réalité virtuelle ?

Phobies des araignées, des avions, des espaces exigus… nombre d’entre nous souffrent de peurs irrationnelles à des degrés plus ou moins élevés. Pour les traiter, de plus en plus de praticiens utilisent les casques de réalité virtuelle. Psychiatre à La Pitié Salpêtrière dans le service du Pr Fossati (responsable d’un programme sur le sujet au sein de l’Institut du Cerveau), Fanny Levy nous explique comment cela fonctionne.

Pixabay / 631372

Pourquoi la réalité virtuelle est-elle un outil adapté au traitement des phobies ?

Fanny Levy : La réalité virtuelle a plusieurs avantages. Quand on a une peur, il faut s’y confronter de manière progressive suivant un protocole précis. D’abord on liste et on hiérarchise tous les cas qui posent problème. Pour quelqu’un qui a peur des chiens, cela peut par exemple démarrer avec un bébé chihuahua et se terminer avec un bulldog sans laisse, en passant par plein d’intermédiaires (labrador tenu en laisse, labrador sans laisse, etc.) Idem si vous avez peur de l’avion. Avant d’arriver au vol de nuit avec des turbulences, il y aura des étapes telles que le trajet vers l’aéroport, le contrôle des billets, etc. Une fois que l’on a listé ces étapes, on ne s’y expose pas n’importe comment, il faut le faire pendant un certain temps jusqu’à ce que l’anxiété baisse de moitié. Ces exercices durent en général 15 à 20 minutes. En temps normal, les patient font ces exercices de leur côté. L’intérêt de la réalité virtuelle c’est qu’elle me permet d’être à leurs côtés pendant ces périodes d’exposition. Je peux donc les guider et les aider à suivre le protocole. C’est aussi très pratique si votre phobie porte sur quelque chose qui n’est pas proche de vous au quotidien. Vous avez peur de l’avion par exemple ou vous avez une phobie des falaises mais n’habitez pas à Paris. Le côté ludique de la réalité virtuelle aide par ailleurs les gens à sauter le pas. Ce n’est pas toujours simple en effet de se décider à prendre rendez-vous dans un service de psychiatrie pour soigner sa phobie. La réalité virtuelle rend tout cela moins intimidant.

Les séances de réalité virtuelle fonctionnent bien sur quels types de phobies ?

FL : La réalité virtuelle marche très bien sur les phobies dites “spécifiques”. Cela regroupe notamment les peurs liées à un animal (chien, araignée…) ou à une situation précise (enfermement, vide…) et les phobies sociales telles que le fait de parler en public. Mais il faut vérifier que le trouble anxieux à traiter n’est pas lié à un trauma plus profond. Une personne qui a peur des ascenseurs car elle a été violée dedans aura peut-être besoin de s’exposer de façon encadrée à ce trauma plus qu’à ce lieu précis. C’est le travail du psychiatre d’évaluer cela.

Comment se déroule une séance ?

FL : Dans notre service, nous procédons à une première évaluation pour vérifier qu’il s’agit d’une phobie et qu’il n’y pas de co-morbidités, de trauma ou de dépression qui pourrait entraver le déroulement du traitement. Ensuite, on programme une douzaine de séances avec divers exercices d’exposition qui vont du plus facile au plus délicat. Pour la peur du vide, par exemple, nous avons un univers qui plonge le patient dans une tour de 24 étages avec des baies vitrées et des balcons. Le patient va explorer cet environnement en allant, petit à petit, vers des étages de plus en plus hauts. La séance dure 45 minute mais l’exercice d’exposition en lui-même ne dure que 20 minutes. Et le prix des séances est équivalent à celui d’une consultation à l’hôpital.

Quel est le taux de réussite des traitements de phobies qui s’appuient sur la réalité virtuelle ?

FL : Elle permet une diminution de 70% des symptômes. Mais il faut faire attention à certains cabinets qui affirment offrir de la réalité virtuelle mais ne proposent en réalité que de la vidéo à 360°. La vidéo à 360° n’est pas du tout aussi immersive. On ne peut pas se déplacer dedans, on peut juste tourner la tête. Le fait de ne pas être actif empêche de s’exposer de manière aussi progressive que dans la réalité virtuelle. Et surtout vous n’y croirez pas autant donc cela fonctionnera moins bien. L’efficacité de la vidéo à 360° n’a d’ailleurs pas du tout été démontrée dans le traitement des phobies.

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2 commentaires
  1. L’épouvantard de Harry Potter version geek 🙂
    Quand on voit a quel vitesse progresse le vr gaming je trouve ça dommage et même étrange que ce genre d utilisations ne soit pas plus répandu, peut être mon manque de culture mais j’ai l’impression que ça serait applicable à tellement de domaines, et sans trop forcer !

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