Pendant un bref instant, Paddington 2 a détrôné Citizen Kane au rang de film le plus apprécié sur l’agrégateur Rotten Tomatoes. Le petit ourson britannique n’a eu aucun mal à conquérir le cœur des petits et des grands enfants, à s’illustrer comme un succès incontesté au rayon des productions familiales gavées de bons sentiments et de riches idées.
Sa réputation n’est plus à faire, il a même été cité dans Un talent en or massif porté par Nicolas Cage et Pedro Pascal. À l’occasion de la sortie du troisième film, réalisé cette fois par Dougal Wilson, retour sur ce héros national qui n’a pas volé son titre.
Un symbole pour une nation
Des personnages emblématiques, la littérature britannique n’en manque pas. De Sherlock Holmes à James Bond en passant par Harry Potter, nos voisins anglo-saxons font rayonner leur culture à travers le globe. Paddington est l’un de ces personnages dont la célébrité internationale est récente, il doit tout aux films de Paul King sortis en 2014 et 2017. Preuve s’il en fallait une de son importance pour la culture britannique, il apparaît face à la Reine d’Angleterre dans un court métrage pour célébrer son jubilé de platine en 2022.
Au décès d’Elizabeth II, quelques jours plus tard, il devient un symbole pour le deuil de la reine et des centaines de peluches sont déposées devant les différentes résidences royales. En octobre 2022, The Independant rapporte que les ventes de marmelade, mets préféré du petit ours et à l’épicentre du court-métrage, ont augmenté de 12% à cette période.
Mais, outre ses goûts culinaires et son adorable trogne, Paddington est aussi et surtout un personnage reconnaissable entre mille, un héros attachant et indissociable de son manteau élimé bleu, de son chapeau rouge et du sandwich à la marmelade d’orange qui se cache sur sa tête. Son humour, autant que sa politesse et sa maladresse, en font un doudou pour les petits comme les grands.
Un poisson hors de l’eau
La recette Paddington repose sur un concept somme toute assez simple et qui captive le septième art depuis des décennies : celle du personnage transporté dans un monde qui lui est inconnu. Dans le premier film de Tom King, il débarque à Londres seul avec sa petite valise et une tête pleine de rêves.
Ce dépaysement est moteur du comique, permet de faire éclore des situations plus fantasques les unes que les autres. D’un brossage de dent qui dérape à un premier jour en qualité de coiffeur qui lui permet de s’adonner une fois de plus au jeu de la cascade, le héros est une intarissable source de rires.
Car oui, Paddington c’est aussi et surtout un gentil empoté, un personnage mue par son envie de faire le bien mais qui s’avère être un inadapté de premier rang. Le second film encapsule cette approche au détour d’un passage par la case prison. Même les humains les plus récalcitrants succombent à son charme… et ses sandwichs de marmelade.
Pour les personnages comme les spectateurs, il est impossible d’éprouver autre chose qu’une profonde envie de le câliner. Car c’est sans doute là que la saga de Paul King tire sa plus grande force, en embrassant toute la mièvrerie de son personnage et des thématiques qu’elle illustre. Les aventures de Paddington sont évidemment un conte sur la différence, la famille (autrement que par les liens du sang) et la gentillesse.
Plutôt que d’adopter un ton cynique, qui reviendrait à contrebalancer toutes les séquences émouvantes avec un humour potache, les films offrent toutes les chances de nous émouvoir. Le film embrasse la portée émotionnelle de ses séquences et de ses dialogues, faisant naître une tendresse inconditionnelle chez les spectateurs. La comédie y est franche, les larmes aussi.
Un ludisme à toute épreuve
Paul King n’a pas seulement eu le bon goût de miser sur un récit émouvant et drôle, il appuie son propos à travers une mise en scène inspirée. Les gags sont accompagnés de beaux mouvements de caméra, le cadrage souligne les effets de style et la saga convoque des costumes et décors qui invitent au dépaysement.
Les gags visuels ne manquent pas, l’humour est dans les détails. On se souvient encore de la Une d’un journal qui titrait “La case ‘sortez de prison’ n’a aucune valeur légale”, elle nous avait valu un beau rire au moment de la découverte de Paddington 2. Plus largement, la saga profite d’une esthétique régressive mais qui se prend au sérieux.
Dans une banlieue londonienne colorée, avec des personnages qui le sont tout autant et un héros qui peine à trouver sa place, la saga Paddington s’illustre comme un divertissement de tous les instants. Des costumes du grand méchant Phœnix Buchanan (Hugh Grant est incroyable) aux séquences dans la jungle luxuriante du Pérou, les films sont généreux. Ils reposent sur des effets numériques d’un réalisme saisissant, n’ont pas à rougir face aux blockbusters hollywoodiens.
La petite bête poilue est tangible, renforçant l’attrait du public. On le voit s’ébrouer, utiliser sa langue pour racler un pot de sucre et l’on fond comme on le ferait pour une peluche. Car Paddington est un doudou dont on ne pensait pas avoir (autant) besoin mais qui s’avère bien réconfortant en ces temps sombres.
Est-ce que ça marche toujours sans Paul King ?
Paddington doit beaucoup à Paul King dans nos vertes contrées, où sa célébrité était jusqu’alors modérée. Le cinéaste, qui a récemment mis en scène Willy Wonka dans le prequel musical, a participé à forger la légende du personnage et à en faire un véritable phénomène cinématographique. Il a néanmoins quitté le navire pour ce troisième volet qui n’en est pas vraiment un. C’est à Douglas Wilson que revient désormais la responsabilité de le faire vivre sur le grand écran. Le Britannique doit prouver que l’ourson n’a rien perdu de sa superbe sans son chef d’orchestre. Et c’est vrai à bien des égards. D’un côté, il profite des progrès techniques pour s’afficher plus réaliste encore, de l’autre, la mise en scène manque cruellement de panache.
Loin de la banlieue londonienne, le héros apparaît moins comme un poisson hors de l’eau. C’est tout le propos du film, mais aussi une occasion manquée pour le film de nous faire rire franchement. Si Guillaume Galienne continue d’être impeccable dans la version française, force est de constater que cette suite manque de saveur… À l’instar d’une marmelade un peu trop sucrée, Paddington au Pérou manque de l’acidité de ses prédécesseurs. Reste que la simple présence de l’ourson suffit à nous rattraper en plein vol, lorsque le récit s’étire plus que de raison. On se surprend aussi la larme à l’œil lorsqu’approche la conclusion, empreinte d’une tendresse nouvelle.
Paddington au Pérou sort au cinéma ce mercredi 5 février. Le film fait revenir quelques acteurs emblématiques des précédents films, comme Hugh Bonneville, Julie Walters, Madeline Harris et Samuel Joshlin. Emily Mortimer prend le relais de Sally Hawkins dans le rôle de Mary Brown. Antonio Banderas et Olivia Colman comptent parmi les ajouts de la distribution, le premier dans la peau d’Hunter Cabot et le second dans celle d’une Révérende Mère excentrique.
L’histoire raconte comment, après plusieurs années passées près des Brown, Paddington se lance à la poursuite de ses origines. Lorsque sa tante Lucie a disparait, il embarque toute sa petite famille vers le Pérou mais rien ne va se passer comme prévu.
Voir Paddington 1 et 2 sur Disney+
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