On était au Festival de la comédie d’Alpe d’Huez et on vous raconte tout !

Du 13 au 17 janvier dernier, le cinéma était à l’honneur à l’Alpe d’Huez où se tenait la 19ème édition du Festival International du film de Comédie. Un festival moins médiatisé que celui de Cannes, par exemple, mais qui mettait pourtant cette année le cinéma local à l’honneur puisque 100% des longs-métrages présentés étaient français. Et c’était à un jury de stars que nous avions affaire avec le Président d’honneur, Kad Merad, suppléé par Karine Viard, Alice Pol, Patrick Bosso et Philippe Lacheau.

Nous avons eu la chance de partir deux jours rencontrer les acteurs, voir leurs films en avant-première mais aussi découvrir des courts-métrages réalisés par de jeunes inconnus et surtout échanger sur ce qu’était la comédie en France.

Le programme fut court mais chargé. Départ le jeudi matin et arrivée dans le village enneigé de l’Alpe d’Huez aux environs de 14 heures. Durant cette journée, j’ai pu voir le long-métrage de Franck Gastambide, Pattaya, qui sortira sur nos écrans le 24 février prochain, mais aussi deux courts-métrages, Coup de foudre de Guy Lecluyse ainsi qu’Un Entretien de Julien Patry.

Jamel Debbouze et Lambert Wilson étaient également présents pour présenter leur film La Vache qui sortira le 17 février prochain, mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de le voir. Enfin, lundi dernier, j’ai pu découvrir La Tour 2 Contrôle Infernale de et avec Eric Judor mais aussi son compatriote de longue date, Ramzy.

Avant de passer aux critiques, voici le palmarès complet du Festival :

GRAND PRIX – OCS DU FESTIVAL DE L’ALPE D’HUEZ 2016 : LA VACHE

PRIX DU PUBLIC STUDIO CINE LIVE / KINDER BUENO : LA VACHE

PRIX D’INTERPRETATION MICHEL GALABRU : Fatsah Bouyahmed dans LA VACHE

PRIX SPECIAL DU JURY : ADOPTE UN VEUF

PRIX OCS DU COURT METRAGE (EX ÆQUO) : COUP DE FOUDRE de Guy Lecluyse & UN ENTRETIEN de Julien Patry

Un grand merci à Marion et Maurizio d’avoir organisé cette escapade au pays de la neige et à Ferrero, partenaire du Festival, de nous avoir invité (et de nous avoir présenté la Evil Machine, une tuerie !). Et merci également à Chris de PurePeople et Etienne du Geek c’est Chic pour m’avoir permis d’utiliser leurs photographies !

Pattaya est la seconde réalisation de Franck Gastambide, après Les Kaïra en 2012 qui faisait suite à la série Kaïra Shopping dont il était déjà le réalisateur. Le film nous fait suivre les traces de Franky (Gastambide) et Krimo (Malik Bentalha), deux meilleurs amis qui rèvent de quitter la grisaille de leur quartier pour partir en voyage dans la célèbre et sulfureuse station balnéaire thaïlandaise de Pattaya. Pour pouvoir s’y rendre à moindre coût, les deux amis ont la folle idée d’inscrire à son insu Karim (Anouar Toubali), le nain de leur quartier, au championnat du monde de Boxe Thaï des Nains. Mais ce qui devait être pour eux des vacances de rêves va se transformer en l’aventure la plus dingue et périlleuse de leurs vies.

Frédéric Lopez présentait les films et leurs acteurs

On retrouve en plus de ce trio, d’autres acteurs qui font partie du cercle d’amis de Franck Gastambide et avec lesquels il a l’habitude de travailler. Ramzy Bedia joue le rôle de Reaz, un ami du quartier qui a réussi à monter un business à Pattaya, mais aussi la belle Sabrina Ouazani qui joue le rôle de l’ex petite amie de Franky et surtout Gad Elmaleh, le méchant du film.

Franck Gastambide a assuré “être très fier de ce second long-métrage”

Autant être clair d’emblée : le film est une comédie qui vise un public assez jeune. Dans la droite lignée des Kaïra, on retrouve un véritable humour impertinent et presque parodique sur les jeunes de banlieue avec un vocabulaire qui est propre à la nouvelle génération et des blagues du moment à la Very Bad Trip. Alors, bien évidemment, on ne retiendra pas l’histoire, qui peut tenir sur un petit morceaux de papier, mais quelques moments totalement loufoques et qui pourraient devenir cultes dans les prochaines années (notamment la scène dans l’hôtel en Thaïlande avec Malik Bentalha). Alors oui, on s’amuse, on rigole souvent, mais nous ne sommes clairement pas face à la comédie de l’année.

Franck Gastambide a peut-être trop voulu s’adresser au même public que pour Les Kaïra et n’évolue pas vraiment dans son jeu et sa réalisation. Dommage, il aurait été intéressant de voir plus grand et de tenter de toucher un public plus vaste pour prouver qu’il est capable d’alterner dans le comique. Un bon divertissement, drôle et touchant à quelques instants, qui vaut surtout le coup pour son casting, sans fausse note et pour ses scènes tournées à l’américaine. On attendra néanmoins de voir la prochaine réalisation de Franck Gastambide, déjà 37 ans, pour confirmer si le jeune réalisateur a un véritable talent pour la comédie ou non.

La Tour Montparnasse infernale, vous vous rappelez ? C’était l’une des comédies qui a fait le plus parler d’elle en 2001. Le long-métrage réalisé à l’époque par Charles Nemes avait réussi à attirer près de deux millions de spectateurs dans les salles obscures et a aujourd’hui conservé des fans dans la France entière et est presque devenu, à l’instar d’autres comédies françaises, cultes au fil du temps. Ainsi, lorsque Eric Judor annonce il y a 2 ans qu’il travaille sur un nouvel épisode, nombreux sont ceux à s’émouvoir et à s’impatienter.

Il y a quelques mois, le duo d’humoristes explique que cette suite sera en réalité un préquel qui mettra en avant Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk, deux brillants pilotes de l’armée française. Suite à une malencontreuse erreur au cours d’un test de centrifugeuse, ils perdent une partie de leur potentiel intellectuel. L’armée voulant les garder dans l’aviation, on leur trouve un poste de bagagistes à Orly Ouest. Et c’est là qu’on découvre en réalité qui sont les parents de Eric et Ramzy dans le film d’origine et on s’aperçoit que ce préquel se déroule en octobre 1981, 20 ans avant le premier épisode.

Cette fausse suite nous permet donc de retrouver l’humour burlesque et même très absurde d’Eric et Ramzy. Les blagues n’ont pas changé, seuls Ramzy, qui était “la tête pensante” en 2001 devient au final aussi bête que son compatriote. On retrouve également avec bonheur Marina Foïs, qui joue donc la maman de la Marina du premier épisode (vous suivez ?) mais aussi Philippe Katerine, dans le rôle du Colonel Janouniou, grand méchant du film. Serge Riaboukine, qui était lui le bad guy de La Tour Montparnasse Infernale est aussi de retour dans le rôle de…Le méchant.

Déjà, première chose, il est dommage que Serge Riaboukine et Marina Foïs, qui tenaient l’affiche dans le premier épisode, soient aussi “effacés” par Philippe Katerine dont la performance est à relever. Le problème de La Tour 2 Contrôle Infernale est qu’il ne retrouve jamais les lettres de noblesse qui ont tant fait rire les spectateurs du premier. Différent tout en ressemblant, dans sa construction, au film de 2001, la réalisation d’Eric Judor ne parvient malheureusement jamais à nous accrocher et à nous faire tordre de rire. Quelques sourires certes, un ou deux rires durant l’heure et demie, mais c’est bien trop insuffisant.

Pour avoir échangé avec Eric et Ramzy, il est clair que même eux ont eu envie de changer de cap pour ce préquel. Dommage que ce soit fait de la sorte puisque, s’il reprend les grandes lignes de ce qui a fait le succès du premier épisode, on ne retrouve que trop rarement les blagues exceptionnelles et les séquences cultes qui ont fait du premier long-métrage un succès dans le temps. Si vous adhérez à l’humour burlesque d’Eric & Ramzy et qu’il vous manque, foncez. Autrement, attendez peut-être une diffusion télévisée.