On a testé l’abonnement Netflix avec publicités, on zappe ?

La publicité fait son arrivée sur Netflix. Alors que l’absence de page de réclame est un argument pour la plateforme, cette dernière change finalement son fusil d’épaule. Consciente que le prix de ses abonnements peut être un frein pour de nombreux potentiels utilisateurs, le N rouge revoit ses tarifs à la baisse et trouve un autre moyen de financer son modèle économique.

Depuis ce jeudi 3 novembre, il est possible de profiter d’un accès à Netflix pour seulement 5,99 euros par mois. C’est trois euros de moins de l’offre Essentiel, qui était jusqu’ici la moins chère. En échange, il faudra composer avec quelques pages de réclames. On a testé pour vous ce nouvel abonnement Essentiel avec publicité. Alors on zappe ?

Véritable pionnier du secteur, Netflix s’est forgé une solide réputation auprès des amateurs de séries et de films. Forte d’un catalogue absolument colossal, la plateforme a conquis bien des marchés et faire frémir de nombreuses chaînes de télévision partout sur le globe. En France, le bras de fer est constant entre la petite lucarne et le streaming. Le N rouge semblait détenir un avantage indéniable : l’absence de publicité.

Netflix perd sa plus grande force ?

En France, le CSA encadre la diffusion des publicités sur tous les réseaux de TNT. Ainsi, elle est limitée à neuf minutes par heure en moyenne quotidienne. Elles peuvent en revanche atteindre douze minutes pour une heure d’horloge donnée, comprenez entre midi et treize heures par exemple Sur Netflix, on est largement en dessous de cette limite fixée. Du moins pour les films.

Pour les longs-métrages, quatre pages de réclames sont diffusées au cours du visionnage. Le film s’ouvre d’abord sur une première de 30 secondes avant de laisser place au métrage concerné. La suivante intervient une vingtaine de minutes plus tard et dure 80 secondes. Trois autres seront proposés tout au long du film. Pour un film de deux heures, on atteint ainsi les 4 minutes 30 de publicité. 2 minutes 15 par heure, on est bien en dessous des chiffres de la télévision.

Notons que le procédé n’est pas trop intrusif, nous n’avons pas constaté de coupure trop abrupte, le timecode ayant été déterminé en amont. Pour Shazam par exemple, qui dure 2 heures et onze minutes, ces coupures n’interviennent pas au beau milieu d’une réplique comme cela peut parfois être le cas à la télévision. Notez en revanche que si vous avez interrompu votre visionnage avant une publicité, et que vous repartez du même point plus tard, vous devrez regarder la publicité au moment donné.

Pour les séries, comme les sitcoms au format 20 minutes, il y aura en revanche seulement 80 secondes de publicités pour tout l’épisode. Ramené à une heure, on obtient une moyenne de 4 minutes et trente secondes de publicité par heure. C’est ce qu’annonce Netflix sur son site. Surprise, dans l’hypothèse où vous êtes indécis quant à votre choix, et que vous avez débuté de nombreuses productions dans l’heure précédente et donc regardé plus de quatre minutes de publicité, celle-ci semble disparaître pour un temps.

Des annonceurs divers et variés

Pour les annonceurs, l’arrivée de Netflix sur le marché représente un gros coup qu’il ne faut pas manquer. Les jeunes spectateurs délaissent la télévision au profit des offres SVOD, voici donc pour les marques une excellente manière de leur adresser des pages de réclames. Malgré tout, les publicités diffusées sur Netflix entre aujourd’hui et hier, restent sensiblement les mêmes que pour les chaînes de télévision. Nous avons par exemple croisé plusieurs publicités consacrées à des voitures (pas de luxe), des parfums et des maisons de couture, mais aussi des jeux pour enfants et des enseignes de décorations.

Rien de bien trop ciblé pour l’instant. À l’heure actuelle, les publicités sont personnalisées en fonction de vos interactions avec Netflix et des informations que vous fournissez. Les annonceurs vont ensuite établir votre profil selon vos séries préférées, votre âge et votre genre. Reste à voir si votre amour pour les histoires criminelles vous donnera accès aux publicités pour des magasins de bricolage.

Il est, dans tous les cas, assez rare d’être confronté trop souvent à la même vidéo au cours du visionnage. Parmi les marques ayant répondu à l’appel de Netflix, on peut citer Dior, Nissan, 4MURS ou encore LEGO. Il faut néanmoins rappeler que la publicité n’est pas proposée sur les profils “jeunesse”.

Une expérience intuitive mais… verrouillée

L’intégration des lecteurs de publicité dans le processus de visionnage se fait avec beaucoup d’aisance. Comme sur YouTube, l’encart s’invite sur l’écran à la place du contenu et disparaît une fois la vidéo terminée. Un compteur en haut à droite permet de connaître le temps restant. En revanche, pour les resquilleurs qui pensait pouvoir y échapper sur navigateur, en changeant de fenêtre, il ne sera pas possible d’appliquer cette méthode puisque la lecture se met en pause à chaque fois que vous quittez le lecteur pour vaquer à vos occupations. Les commandes disparaissent d’ailleurs pendant le visionnage, accélérer la cadence n’est donc pas une solution.

Du côté de l’application, ou de l’écran d’accueil sur navigateur, peu de choses changent en réalité. On retrouve la même classification des contenus, par format, par genre ou selon leur succès. Tendances actuelles, TOP 10 et reprendre avec votre profil, tous les essentiels de l’interface sont là. Manque une des fonctionnalités les plus intéressantes pour les nomades : le téléchargement.

C’est l’un des gros points noirs de cette offre, l’absence de zone de téléchargement pour pouvoir profiter de ses séries ou de ses films préférés même en déplacement. Ce n’est d’ailleurs pas la seule option aux abonnés absents puisque la diffusion via le wifi semble aussi avoir disparu. Plus question de caster depuis votre téléphone, il faudra obligatoirement passer par l’application déjà installée sur votre téléviseur ou votre box. À noter que certains appareils pourraient ne pas être compatibles avec l’offre Essentiel avec pub. C’est notamment le cas avec l’Apple TV.

On craque ?

Alors que Netflix planche sur une manière de contraindre ses utilisateurs à ne pas partager leur accès en dehors de leur foyer, l’arrivée d’une telle offre tombe à pic. Pour les étudiants qui quittent le domicile familial, les jeunes actifs qui ne peuvent pas s’offrir l’offre sans publicité, cette nouvelle formule pourrait bien être la solution toute trouvée.

De notre côté, on doit bien avouer que si la publicité n’a pas encore eu le temps de mettre nos nerfs à rude épreuve, l’absence de plusieurs fonctionnalités s’est déjà fait ressentir. C’est d’ailleurs sans doute là que la stratégie de Netflix trouve tout son sens, ce nouvel abonnement s’adresse moins aux abonnés actuels qu’aux néophytes.

Cette porte d’entrée vers la plateforme est un formidable argument de vente pour Netflix, qui espère sans doute que nombre d’entre eux adopteront plus tard une autre formule. C’est aussi une manière pour le service de streaming de diversifier ses sources de revenus, et d’ainsi assurer la pérennité de son modèle. De notre côté, rien que pour la qualité proposée, on lui préférera l’abonnement Standard et son 1080p.

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