Depuis plus de 20 ans déjà, le monde du jeu vidéo semble être soumis à une fâcheuse malédiction. À chaque fois qu’un titre a reçu le traitement de l’adaptation au cinéma ou en série, la production s’est révélée être plus que décevante allant même parfois jusqu’à s’inscrire dans les annales des pires métrages. Le meilleur exemple de ce phénomène est la saga Resident Evil, initiée en 2002 par Paul W.S. Anderson et mettant en scène Milla Jovovich dans des aventures horrifiques qui n’ont plus rien à voir avec les jeux du même nom.
Depuis cette tragédie, les adaptations de mauvais goût se sont enchaînées et ce pendant deux décennies. Une des difficultés connues du genre est de devoir transposer une histoire dont le joueur est le héros, en une œuvre qui prend de la distance avec ses personnages et les regarde évoluer. Le spectateur se détache inévitablement, et se désintéresse si le produit de base n’est pas respecté. Toutefois, l’avènement de Netflix et des services SVOD a remis sur le devant de la scène ce genre cinématographique si particulier, qui a repris des couleurs grâce à quelques productions réussies. La malédiction est-elle définitivement brisée ?
Prendre des libertés est (presque) toujours une bonne idée
Depuis une poignée d’années, les joueurs ont vu naître d’innombrables films et séries adaptés ou inspirés de jeux vidéo très célèbres et certains d’entre eux sont parvenus à se hisser au rang de très bonnes œuvres. Récemment, c’est Sonic qui a profité de ce traitement, alors que son départ était plus que compromis. Après des graphismes hasardeux, le premier film sorti en 2020 fut un triomphe immédiat et à l’international.
Le hérisson bleu en CGI n’a plus rien à envier à son homologue sur consoles, lui qui est déjà en train de préparer son troisième volet sur grand écran. La recette du succès ne s’explique pas, mais peut se justifier par le fait que le film est toujours resté près de son matériau de base, notamment au niveau visuel, tout en prenant quelques libertés du côté de la narration. Un parti pris qui a également servi à Uncharted plus tôt cette année, alors même qu’il n’était pas prédestiné à être si apprécié.
Il faut dire que le choix de la franchise était plutôt bon dès le départ bien qu’il comportait quelques risques. Les jeux Uncharted nous rappellent étrangement Indiana Jones, une formule qui fait déjà recette mais qui aurait pu tout compromettre en raison de son héritage, en plus du fait que les jeux sont déjà très cinématographiques par essence. Cela se ressent aux niveau des mouvements de caméra, et de l’accent mis sur les cinématiques, les dialogues et les phases narratives. Ajoutez à cela un peu d’action et le tour est joué… ou presque.
Cette méthode n’est en effet pas infaillible. Décidément abonnées aux fiascos, la saga Resident Evil a connu quelques déboires en deux ans, avec le film Bienvenue à Raccoon City et la série Resident Evil sortie sur Netflix. Les deux œuvres se sont attirés les foudres des spectateurs, et à raison : les changements étaient bien trop importants, et la transposition a tout simplement échoué.
Adapter un univers plus qu’un jeu
Si on analyse les productions les plus récentes, il existe une méthode qui jusqu’ici n’a jamais failli. Arcane, la série Netflix inspirée du lore de League of Legends en est la parfaite représentation. Cette dernière a su décrocher le titre de chef d’œuvre, a été récompensée de multiples fois et a même décroché une statuette aux Emmy Awards, une grande première pour Netflix. Son secret ? Avoir adapter un univers et non pas un jeu vidéo en tant que tel.
Pour ce faire, le studio Fortiche s’est basé sur des éléments factuels tirés du jeu en ligne LoL, pour créer une histoire complètement inédite et construire un univers qui a sa propre identité. L’œuvre peut donc être appréciée sans même connaître le jeu avant, ce qui témoigne justement de la qualité de la série. Avant d’être une adaptation, c’est surtout une histoire solide, des personnages attachants et profonds, et un univers riche et complexe.
C’est également le cas de Cyberpunk Edgerunners qui se situe dans le même univers que le jeu Cyberpunk 2077, mais ne suit pas du tout les mêmes personnages, et ne traite donc pas des mêmes thèmes. Elle aussi série animée, les codes visuels ont été complètement retravaillés et confèrent à l’œuvre un dynamisme nouveau qui a fait recette.
Quelles adaptations sont les plus attendues ?
Les adaptations vidéoludiques sont donc sur la voie de la guérison et avec toutes celles qui sont à venir, c’est tout ce que l’on pouvait espérer. Parmi les plus attendues, on pense à la série The Last of Us commandée par HBO, qui fait d’ailleurs le choix de coller très fidèlement au premier jeu de la saga, tant visuellement que narrativement. Une décision qui a rarement joué en faveur de l’adaptation, même si on espère au fond de nous qu’elle fera office d’exception. D’autant plus qu’il s’agit encore une fois d’un jeu très porté sur les cinématiques, le transformer en une œuvre en live-action ne devrait pas être dépaysant. Notons aussi qu’HBO est une fabrique à succès, le projet ne pouvait pas être entre de meilleures mains.
On attend également au tournant le film d’animation Super Mario Bros. qui voit Chris Pratt interpréter le fameux plombier moustachu. Le premier trailer semble prometteur, mais on n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise. On n’oublie pas non plus la série God of War signée Amazon, qui risque d’être un défi d’une autre ampleur, bien que l’univers attire de nombreux joueurs depuis des années. Du reste, voici toutes les autres adaptations dont on guette la date de sortie.
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Évidemment qu’elles sont pas toutes nulles, je dirais même que sur ces dernières années elles sont majoritairement bonnes, entre Cyberpunk, Tekken, Ni No Kuni, Dragon Quest, Cowboy Beboop, Fullmetal Alchemist, Kenshin le vagabond… et tout ça seulement sur Netflix, c’est tous des œuvres exceptionnelles, même si vous en avez massacrés certaines.
D’ailleurs je trouve que dès le titre de l’article c’est l’hôpital qui se fout de la charité, car c’est bien vos critiques qui sont le plus souvent acerbes et surtout de mauvaise foi…
Rien que la série Resident Evil sur Netflix, les avis sont beaucoup plus mitigés que ce que vous affirmez, car hormis le choix d’un acteur noir (certes excellent) pour incarner Wesker, le reste reste assez fidèle à la licence en faisant justement le parti pris de prendre des libertés tout en adaptant l’univers plus que les jeux comme vous dites.
Quel dommage d’avoir oublié de mentionner le Silent Hill de Christophe Gans. Je ne jugerai pas la fidélité de l’adaptation, n’ayant pas joué aux jeux, mais en tant que film, il se tient et n’est jamais ridicule.
Le fait est que pendant longtemps le jeu vidéo n’était pas pris au sérieux par les cinéastes, c’était juste une moyen de faire du fric avec des licences en attirant les joueurs en salle.
Aujourd’hui le jeu vidéo emprunte au cinéma et inversement, les cinéastes s’emparent du médium avec beaucoup plus de respect qu’avant, et les jeux vidéos sont beaucoup plus tournés comme des films (en mettant le visage des acteurs comme dans Death Stranding par exemple). De ce fait, il ne s’agit plus d’attirer un nouveau public vers les salles, mais d’attirer un nouveau public vers les jeux vidéo. La plupart des films adaptés ont désormais l’implication des créateurs du jeu (c’est le cas pour Sonic, Mario, Uncharted, The Last of Us, etc.) là où avant on vendait les droits et le studio faisait ce qu’il voulait.
Donc on va vers des adaptations beaucoup plus respectueuses et/ou qualitatives qu’avant. Ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir des ratés (Halo est un bon exemple), mais que les ratés vont devenir l’exception et plus la norme.