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Non, interdire les sites pornographiques aux mineurs n’est pas qu’une question de sexe

La pornographie ne fait pas que bombarder les mineurs d’images explicites, elle forge aussi leur future vie sexuelle, et leurs complexes.

Aujourd’hui, une étude publiée par 01net, en collaboration avec l’IFOP lève le voile sur l’accueil finalement mitigé des Français et des Françaises face aux restrictions de l’âge sur les sites pornographiques. Parmi les axes et problématiques les plus évoqués, la protection des mineurs est évidemment au centre du sujet. Si la majorité des sondés ne croient pas à une mise en place efficace du dispositif souhaité par le gouvernement, tous s’accordent à reconnaître l’importance d’une interdiction aux mineurs.

Les jeunes regardent beaucoup de pornographie

En France, les mineurs ont en moyenne 11 ans lorsqu’ils sont confrontés à leur premier contenu pour adulte. Depuis quelques années, le temps passé devant des films X est en nette progression, avec 2,3 millions de jeunes de moins de 18 ans rien qu’en 2022, et un temps d’écran moyen de 49 minutes par mois, soit sensiblement le même que chez les adultes.

L’arrivée des smartphones dans le quotidien des adolescents n’est sans doute pas étrangère à ce phénomène. Ainsi, chez les 18-24 ans interrogés par l’IFOP, 35% des garçons et 19% des filles ont surfé sur un site X avant 13 ans (contre 12% et 9% il y a 10 ans).

La restriction de l’âge n’est pas seulement question de sexualité

Cet accès massif et sans réelles limites aux vidéos pornographiques n’est pas sans conséquence. Comme le révèle l’enquête, plus de la moitié (53%) des jeunes âgées de 18 à 24 ans estiment que la pornographie a contribué à leur apprentissage de la sexualité, contre 33% chez les 18-69 ans. Cet enseignement sauvage, couplé à l’absence quasi totale d’éducation dédiée dans les écoles passe par la reproduction de certaines pratiques, mais aussi par l’assimilation de certains comportements amoureux et intime.

Autre conséquence de cette exposition prématurée à la pornographie, l’apparition de nombreux complexes physiques face aux plastiques parfaites des acteurs et actrices, ou de leurs performances. Sans surprise chez les hommes, c’est la taille du pénis qui est source d’inquiétude : 30% d’entre eux déclarent avoir déjà complexé à ce sujet en visionnant une vidéo pornographique, et ce chiffre grimpe à 51% chez les plus jeunes. Côté femmes, c’est la taille des seins (22%) et la forme de la vulve (14%) qui est au centre des préoccupations. Chez les 18-24 ans, 54% des sondées se disent complexées par leur corps de manière générale. Les performances ne sont pas en reste, puisque 29% des hommes et 17% des femmes craignent de ne pas réussir à mener leur partenaire à l’orgasme lorsqu’ils et elles se comparent aux scénarios et au volume sonore des contenus pornographiques.

S’il est urgent de protéger les mineurs de la pornographie en ligne, ce n’est pas seulement pour retarder leur accès à la sexualité, mais aussi, et surtout pour leur offrir assez de maturité (et soyons fous, de bagages éducationnels) pour qu’ils soient capables de percevoir un contenu pornographique pour ce qu’il est : une fiction à visée masturbatoire ou érotique, très éloignée de la réalité. Les complexes générés par le X mainstream parlent d’eux-mêmes, il semble donc important aujourd’hui d’y remédier.

Reste que le travail sera sans doute long, et qu’il ne se limitera sûrement pas à un simple blocage des plateformes concernées. C’est toute l’industrie pornographique mainstream qui doit être remise en question, en délaissant male gaze et culture du viol pour se tourner vers d’autres horizons. Sans surprise, il faudra sûrement s’attendre à devoir mettre la main au porte-monnaie pour les consommateurs, et se tourner vers de la pornographie plus éthique.

L’étude complète de l’IFOP pour 01net est disponible en intégralité ici.

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6 commentaires
  1. “35% des garçons et 19% des filles ont surfé sur un site X avant 13 ans” / ” Les complexes générés par le X mainstream parlent d’eux-mêmes, il semble donc important aujourd’hui d’y remédier”
    Faut pas chercher le problème et les solutions du côté du gouvernement. A un moment donné, il appartient aux parents de protéger un minimum leurs enfants en mettant des solutions de contrôle parental en place sur leurs écrans et box internet, ça limitera déjà la casse.
    Et comme fatalement, ils finiront par voir du contenu non adapté par échange avec les copains, on peut aussi ne pas attendre après les pouvoirs publics (école et autres) pour faire le job et commencer à ouvrir le dialogue parent/enfant parce que ooooooh! bah oui, on peut parler à un enfant/ado et même que ça marche pour lui expliquer des trucs et même qu’en plus c’est un peu le rôle des parents dis donc!

  2. Je ne suis pas d’accord! La premiere confrontation avec des corps qui font complexer est insta et ce genre de réseau!
    Combien de femme poste des photos d’elle à moitie nue…. pire pour snap ou c’est clairement le truc qui fait “vendre”.
    Alors oui limiter les sites c’est bien, mais on reste sur un domaine ou les jeunes ne sont pas sensé aller! Ca serait peut etre deja bien de vérifier les sites ou ils ont le droit d’aller et qui sont de plus en plus vendeur d’image sexy ou plus….

  3. Vous avez raison, les parents ont un rôle à prendre. Et en même temps, que cela n’empêche nullement de mettre en place un cordon sanitaire pour les jeunes. qui passerait par e par la sensibilitation et la formation des diverses instances qui gravitent autour de l’enfant / du jeune.
    Le gouvernement dont vous parlez, a également un rôle à jouer par le positionnement d’un cadre de securité et protection , et de mise en place de systèmes qui pourraient être déployés et mis à disposition des parents et autres instances proche des jeunes.

    Malgré une bonne volonté et l’intention de vouloir protéger son enfant et de faire au mieux, les parents peuvent aussi se sentir démunis face à la rapidité des échanges d’informations à caractère sexuel -ou non- disponible sur le net. Leur offrir des outils et des informations pour les soutenir dans leur intention ou la conscientisation des risques pour leur jeune, est plus qu’une nécessité, c’est une question vitale.

    J’aime votre idée d’ouverture du dialogue parent/enfant, dans le monde idéal, oui bien sûr. Et en même temps qui dit dialogue n’implique pas nécessairement que l’enfant va comprendre tout de suite les risques et cela ne l’empêchera nullement de ‘braver ce que l’on dit ne pas être bon pour eux ‘, cela fait partie du developpement de l’enfant de vivre des experiences, alors oui il bravera des interdits.

    Là où je vous rejoins, est que même si cela se produit, il est nécessaire que le parent essaie de trouver un espace pour en parler avec le jeune.

    Et malgré cela, il y a des familles où le dialogue est complexe , est ce pour autant qu’il faudrait laisser la seule charge aux parents de ce que les jeunes voient sur le net et des dégâts conscients et inconscients que cela lui occasionne? Non je ne le pense pas.

    Ensemble apportons plus de nuances, de soutiens d’un point de vue systémique, plutôt que de prôner une vision contre des individus, des groupes, des instances… Ce n’est pas l’un OU l’autre.
    C’est ensemble, dans un esprit collectif de mieux-être pour les générations actuelles et futures que nous pourrons progresser et soutenir un développement sain et porteur tant pour les familles, les parents, enfants, enseignants, groupes…. C’est bien l’un ET l’autre.

  4. @Lamy
    Nous sommes en phase. Quand je dis qu’il ne faut pas attendre après les pouvoirs publics pour faire le job, il s’agit bien d’attendre au sens “temps”. Ce que je veux dire, c’est que le premier filtre à mettre en place est celui fournit par les parents. Tant d’un point de vue technique (contrôle parental et autres outils) que d’un point de vue dialogue et prévention.
    Pour autant, bien évidemment, l’école (notamment) a un rôle important à jouer mais il ne faut pas se reposer uniquement sur elle. Le problème est plus général et certains attendent de l’éducation nationale d'”édudquer” leurs enfants à 100%. L’école est là pour instruire, ces notions d’éducation se font en premier lieu à la maison. il en va de même pour la prévention des contenus Internet. Ensuite, les pouvoirs publics sont là pour pallier les manques existants car, comme vous le soulignez, dans certains foyers, le dialiogue sur ce genre de sujet peut être difficile.
    Là où leur intervention devrait arriver en avance, c’est sur l’information vis-à-vis des parents concernant les dangers que peuvent courir leur progéniture afin qu’ils soient à même de mettre en place des protections et d’ouvrir le dialogue.
    Vous avez raison, tout cela se fait conjointement mais le discours général de l’article et tout ce débat autour de la mise en place de restrictions d’accès aux sites X font justement oublier la part prépondérante qu’ont les parents autour de ce sujet.

  5. Terrible époque où l’adolescence est l’impensée de la société et la résultante de toutes ses lachetés et ses contradictions.

    Tu es une fille de 14 ans, tu es dans une famille de Français moyens, tu est moyennent mignonnes, tu as des émotions sexuelles: pas de soucis pour te trouver un beau-gosse qui te passera dessus. Tu peux même en tirer un bénéfice, de la balade en 205 GTI à mon époque, à de la monétisation de contenu sur Insta ou OnlyFans. La pespective ultérieure de travailler te semblera bien morne.

    Tu es une fille de 14 ans grosse et moche, c’est fini pour toi.

    Tu es un gars moyen de 14 ans, aucune nana de ton âge ne s’intéressa à toi sans l’aide de l’alcool. Attends ton tour et bosse tes maths, un VPN te permettra de mater gratos du porno sur un site du Honduras.

    Tu t’appelles Slimane, 15 ans à la Courneuve, ou Nahel, 17 ans en CAP électricien à Nanterre, tu crois que c’est avec ça que tu vas pécho et que tu vas ramener une zouz dans ta chambre de HLM où vous êtes trois? Vends de l’herbe et loue une BM jaune.

  6. Dans tous ces cas, feignons de croire que les parents ont une responsabilité parentale. La solution est dans le marché qui répond à nos besoins et dans le gouvernement qui doit répondre à toutes nos lâchetés. Installer un contrôle parental, c’est si compliqué.

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