En 2019, Disney enregistrait une année record au box-office. Aidée par les sorties d’Avengers : Endgame, Toy Story 4 et Star Wars : L’Ascension de Skywalker, la firme aux grandes oreilles confirmait son statut de reine incontestée des salles obscures, toutes licences confondues. Le remake photoréaliste du Roi Lion n’était pas en reste, dépassant largement le milliard de dollars de recettes. 1,6 milliard dans le monde, l’opération était rentable pour l’entreprise toujours prompte à exploiter ces univers de fiction les plus emblématiques. Le développement d’un nouveau film du genre est rapidement acté, cette fois-ci, c’est Barry Jenkins qui se charge de la mise en scène.
Le réalisateur de Moonlight va raconter l’ascension de Mufasa, d’orphelin à roi de la terre des lions. Il s’agira aussi d’explorer sa relation avec Scar, ajouter plus de dimension à leur guerre fratricide. Trente ans après le premier film d’animation, Mufasa : Le Roi Lion veut réunir plusieurs générations de spectateur autour d’une production résolument familiale. La magie opère-t-elle ? Nous avons vu les trente premières minutes du film qui en compte 158, l’occasion de découvrir la manière dont le récit se réapproprie la mythologie.
Frères et lions
Après un Roi Lion aux allures de copie améliorée en 2019, Disney s’engage sur la voie de l’approfondissement et la relecture. Comme Maléfique avant lui, ce nouveau film entend donner à voir une autre version de l’histoire de la terre des lions. Ce sont les événements qui ont conduit Mufasa sur le trône qui seront ici décrits. Avec Rafiki comme narrateur, le spectateur est transporté aux moments cruciaux de la vie du félin. De sa prime enfance à son ascension, il s’agira d’ajouter un peu de densité à celui qui a toujours été présenté comme un roi juste et droit, un modèle à suivre pour Simba. Comme Maléfique néanmoins, Mufasa : Le Roi Lion s’offre quelques libertés pour évoquer sa relation avec celui qui est amené à devenir Scar.
Il est indéniablement l’un des antagonistes les plus réussis de l’univers animé Disney, ce projet ne pouvait se faire sans lui. En 1994, les scénaristes se sont inspirés du plus grand dramaturge anglophone pour raconter l’histoire de Simba, Scar est donc un adversaire purement Shakespearien, dans toute sa vilénie, sa fourberie et sa cruauté. Disney et Barry Jenkins veulent cette fois-ci interroger ses motivations.
Si l’on ne peut évidemment pas en dire trop sur les événements dépeints dans l’introduction, force est d’admettre que Mufasa a piqué notre curiosité. Avec adresse, quoiqu’un certain empressement les premières minutes posent les bases d’une nouvelle tragédie fraternelle. À bien des égards, le nouveau film de Disney déjoue nos attentes et s’illustre là où on ne l’attendait pas. La firme aux grandes oreilles n’a pas choisi la voie de la facilité, et pourrait bien livrer un récit plus nuancé que son prédécesseur. Il faudra tout de même attendre que les choses se mettent vraiment en branle pour savoir si ce nouveau film sera à la hauteur de ses ambitions.
Visuellement intéressant
Après une esthétique proche de celle du documentaire animalier en 2019, Mufasa : Le Roi Lion se réinvente avec plus de fantaisie. Moins réaliste que son prédécesseur, ce nouveau film profite des mêmes technologies, mais une direction artistique très différente. La lumière et les couleurs rapprochent un peu plus ce film du classique d’animation. L’introduction livre même quelques scènes plutôt enthousiasmantes, comme lorsqu’une course profite de jolis effets de caméra pour ajouter au dynamisme de la scène. La présentation de nouveaux personnages est aussi particulièrement intéressante, lorsqu’une lumière rouge inonde une terre aride et blanchie. Reste que le film ne parvient, pour l’instant, pas véritablement à rendre hommage aux interludes musicaux qui s’invitent régulièrement. Si les passages chantés du classique d’animation profitaient de la liberté offerte par l’animation 2D pour se démarquer, les effets numériques et réalistes ne permettent pas de faire vibrer les musiques de la même manière.
Désenchanté ?
En 1994, Elton John et Tim Rice ont fait naître des airs qui seront entonnés encore des années plus tard par les jeunes et moins jeunes spectateurs. Mufasa n’abandonne pas ce volet musical et livre quelques chansons originales pour accompagner les héros à la recherche d’une terre d’accueil. Les trente premières minutes du film permettent de découvrir deux de ces thèmes inédits, composé par nul autre que Lin-Manuel Miranda. Devenu un des auteurs-compositeurs les plus importants à Broadway, l’américain de 44 ans signe une nouvelle collaboration avec Disney après Encanto et La Petite Sirène. Si dans le second cas, il s’agissait surtout de retravailler aux côtés d’Alan Menken les chansons emblématiques du film d’animation, dans le premier la réussite est évidente. On pouvait espérer que le créateur d’Hamilton mette son talent au service de partitions endiablées et entraînantes. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas. Il en va de même pour les thèmes orchestraux, qui ne s’extirpent que très rarement du travail d’Hans Zimmer sur Le Roi Lion (1994) ou de certaines réinventions pour la version de 2019.
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