Dans sa tonalité et son univers, Moon Knight est très différente de ce que nous a offert Marvel par le passé. La série a été pensée comme une exploration intime de la psyché du personnage, qui entend aborder la santé mentale sous un nouveau prisme.
Un défi pour la maison des idées, mais aussi et surtout pour le réalisateur Mohamed Diab, qui dirige le projet derrière la caméra. Aidé par Justin Benson et Aaron Moorhead, celui qui vient du cinéma indépendant nous a confié son approche et ses inspirations lors d’une interview.
Mohamed Diab, nous explique que ce changement de registre s’est accompagné de plusieurs défis à relever. Un jeu d’équilibriste pour faire cohabiter plusieurs genres, du thriller au film d’action en passant par l’horreur.
“C’est un grand saut par rapport à mes films. Néanmoins, faire des histoires intimes n’est pas exclusif aux films à petits budgets. Pour moi, faire de la comédie, de l’action et un peu d’horreur, c’était nouveau. Ça a apporté son lot de challenge, mais j’aime ça. Si je fais quelque chose, je dois le faire de manière unique. Le plus gros défi était sans aucun doute de faire comment faire coexister du drame, de l’horreur, de l’action et de l’aventure dans une seule et même série, sans que cela ressemble à des petits bouts assemblés.”
Une nouvelle mythologie à développer
Mohamed Diab a également dû construire une imagerie inédite pour le MCU, celle de la mythologie égyptienne et de l’Afrique du Nord. Pour ce réalisateur égyptien, il était crucial de rendre hommage à toute cette culture, sans la dénaturer et en s’écartant de la représentation que peuvent en faire les studios occidentaux.
“La plupart du temps, quand je vois l’Égypte représentée dans des films américains, je vois cette vision exotique qui déshumanise complètement les Égyptiens. C’était vraiment important de montrer l’Égypte de manière réaliste. 90 % des fois où vous voyez l’Égypte à l’écran, ce n’est pas tourné en Égypte. J’étais un peu la police de l’Égypte (rires) ”
Il était important pour lui de transformer cette série en véritable lettre d’amour à son pays, tout en conservant l’aspect grand spectacle de ce genre de production. “La représentation est importante pour les gens, mais aussi pour les lieux. Quand vous voyez les pyramides et ensuite le désert, les pyramides sont au cœur de la ville.”
Il a pu s’entourer d’experts en mythologie pour développer une véritable exploration visuelle de ce vaste univers. Il nous confie avoir aussi pioché dans les comics, pour construire les différents épisodes sur lesquels il officie. “J’ai définitivement inspiré les comics, mais ne rien savoir sur les récits papier au début était un avantage. Je n’avais aucun poids sur mes épaules, la seule chose qui importait était de raconter une belle histoire et d’aller où je voulais aller.”
Il explique notamment avoir pu développer un personnage presque inédit pour jouer l’antagoniste. Si Arthur Harrow est bel et bien apparu sur papier glacé, l’approche du personnage dans la série Moon Knight est tout à fait neuve. Une manière d’offrir un joli contre poids à nos personnages principaux, et d’aborder des thématiques aussi larges que la santé mentale, mais aussi la spiritualité et la destinée.
Le début d’une nouvelle aventure ?
Justin Benson et Aaron Moorhead ont collaboré avec Mohammed Diab à la réalisation de certains épisodes. Selon Mohamed Diab, cette association de leurs univers respectifs était une évidence dès le départ.
Désormais, les deux cinéastes vont d’ailleurs opérer en solo sur la prochaine saison de Loki. De son côté, Mohammed Diab n’a pour l’heure pas officiellement été recruté par Marvel pour un nouveau projet. Cela ne l’empêche pas d’espérer revenir derrière la caméra pour poursuivre les aventures de Moon Knight.
“J’adorerais faire quelque chose de nouveau, Marvel est très secret et cela va dépendre de ce qui arrivera prochainement avec Moon Knight. Je ne sais pas ce qu’ils vont faire de moi, j’espère que j’ai fait du bon boulot. C’était en tout cas la meilleure expérience de ma vie”.
Mohamed Diab nous a également confié quelques mots au sujet de Gaspard Ulliel, décédé en janvier dernier après une chute de ski. L’acteur doit apparaître dans la série dans la peau d’un mystérieux personnage.
“Je n’arrive pas à croire que l’on parle désormais de lui au passé. Je l’ai rencontré en 2011, on regardait le Bus 678 (film réalisé par Mohamed Diab ndlr) et on a eu une conversation après la projection. Nous sommes restés en contact et je le voulais pour ce rôle. Il était vraiment humble et terre-à-terre. Je sais à quel point c’est une légende en France, mais j’ai toujours senti qu’il était quelqu’un qui avait tout ce qu’Hollywood veut. Je lui ai dit après le tournage que les fans et les spectateurs voudraient le revoir à nouveau, pour sûr. Mais la seule chose positive dans toute cette histoire c’est qu’il va être immortalisé dans ses films, il sera toujours avec nous”.
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