Matter arrive en version 1.0 et ça va vous changer la vie, c’est le titre de notre article publié en début de mois. Nous évoquions alors l’arrivée de la version finale de ce protocole domotique qui veut connecter tous les objets de la maison. Un mois plus tard, la Connectivity Standards Alliance (CSA) – anciennement Zigbee Alliance – donnait rendez-vous à Amsterdam pour son événement de lancement.
L’occasion pour les membres de faire des annonces et de revenir sur l’intérêt de ce protocole très attendu.
Matter, qu’est-ce que c’est ?
Initialement connu sous le nom de CHIP (pour Project Connected Home over IP), le protocole Matter n’est pas qu’un simple protocole domotique. Il a pour mission de standardiser la communication entre les objets connectés de la maison.
Avec Matter, nos appareils « intelligents » parleront un même langage ; faisant tomber les barrières qui existent aujourd’hui pour une interopérabilité totale. L’alliance à l’origine de ce projet explique vouloir des appareils sécurisés, fiables et faciles à utiliser. « C’est un point d’inflexion majeur pour l’IoT. Alors que nous devenons plus connectés et abattons les murs entre le monde numérique et physique, nous devons travailler ensemble pour rendre ces connexions significatives. Matter et nos membres s’attaquent à ce défi de front », explique Tobin Richardson, président et chef de la direction de la Connectivity Standards Alliance.
Pourquoi a-t-on besoin de Matter ?
Actuellement, les nombreux appareils connectés disponibles sur le marché sont incapables de communiquer entre eux. Avec Matter, la frontière se brise pour permettre à un objet compatible d’échanger avec un autre appareil, quel que soit son fabricant ou son interface. Le protocole promet que ces appareils de différentes marques fonctionneront nativement ensemble, sans passer par le cloud. En effet, le protocole offre cette interopérabilité localement.
Pour le responsable de la CSA, Matter a le « pouvoir de créer une maison intelligente plus connectée, sûre et utile ». Matter doit aussi servir de déclic pour les utilisateurs qui attendent de passer à la domotique. Selon la CSA, 35 % des ménages sur les principaux marchés européens ont l’intention d’acheter des produits pour la maison intelligente au cours des 12 prochains mois.
Faire progresser la maison connectée
Grâce à son fonctionnement simple, Matter vise à rendre le concept de maison connectée plus accessible. Les barrières actuelles freinent l’intérêt des utilisateurs, limitant le plus souvent les objets connectés à un public averti. Le protocole change la donne et ouvre la voie vers une maison vraiment intelligente.
En effet, le fait de proposer le même langage à l’ensemble des appareils facilite la mise ne place de scénarios complexes. À titre d’exemple, il pourra être possible d’allumer automatiquement la lumière à la fermeture d’une fenêtre et de lancer le chauffage. Cela peut se faire depuis une seule application, un appareil ou un assistant vocal.
Dans les faits, il est déjà possible de réaliser ce type d’action en se souciant de la compatibilité ou en jonglant entre les solutions de chaque marque. Une étude récente menée par Parks Associates rapporte que l’interopérabilité est aujourd’hui une priorité pour les consommateurs.
Comment fonctionne Matter ?
Conçu pour être basé sur le protocole IP, Matter assure une communication entre des objets connectés sur un même réseau. Si les échanges sont standardisés, ils peuvent se faire par l’intermédiaire de diverses technologies telles que l’Ethernet, le wifi, le Bluetooth LE ou la technologie Thread. Notez que Matter se montre également compatible avec les technologies cellulaires, comme la 4G ou la 5G. Enfin, il repose sur une approche libre de droits pour atteindre le maximum d’acteurs.
Un pont entre tous les objets connectés
Sur le papier, le protocole promet une véritable révolution et nous rapproche de la maison « intelligente » telle qu’imaginée dans les années 2000. Pour les consommateurs, c’est la notion de transparence qui est largement mise en avant. Le fait d’opter pour un produit compatible doit permettre de l’intégrer facilement dans votre installation. On pense par exemple à une ampoule connectée ou à une prise intelligente, qui peut être commandée depuis n’importe quel système ou application.
Matter va s’occuper de la communication directe entre les appareils sans que cela perturbe les habitudes des utilisateurs. Ces derniers continueront de trouver des produits et des écosystèmes différents, proposés par acteurs comme Apple, Amazon ou Google.
Pour un utilisateur Apple, c’est l’assurance de pouvoir contrôler n’importe quel périphérique Matter via Maison. Même constat pour un utilisateur d’Android ou propriétaire d’un PC sous Windows, qui pourra gérer son installation sans se soucier de la compatibilité.
Les fabricants s’intéressent-ils à Matter ?
Oui, les fabricants ont décidé de rejoindre massivement le protocole Matter.
Il réunit actuellement plus de 550 entreprises qui gravitent autour de l’univers de la domotique. Aujourd’hui, 220 acteurs du marché indiquent qu’ils supportent le protocole. Parmi les firmes intéressées, on trouve des géants comme Amazon, Apple, Google, Comcast, Huawei, IKEA, LG, Philips et Samsung SmartThings. Il y a aussi des sociétés françaises comme Legrand, STMicroElectronics ou Schneider Electric.
À Amsterdam, la CSA a fait sur le point sur la situation. Elle assure que l’élan « n’a cessé de s’accélérer » depuis la sortie de Matter. Dans la capitale des Pays-Bas, des membres ont présenté des produits compatibles, comprenant les stores de mouvement, les capteurs de présence, les dispositifs météorologiques, les prises intelligentes, les serrures de porte ou des dispositifs l’éclairage. « Depuis la sortie, 190 produits ont reçu une certification ou sont en attente de test et de certification », ajoute la CSA.
À l’avenir, Matter devrait aussi prendre en charge des appareils tels que des caméras ou les appareils électroménagers. Le protocole travaille également sur la possibilité de gérer la fermeture des portes et portails, de gérer les capteurs et contrôles de la qualité de l’environnement, les détecteurs de fumée et de monoxyde de carbone ou la détection de mouvement et de présence ambiants.
Mes objets connectés seront-ils compatibles Matter ?
L’intérêt de Matter est de ne pas se limiter aux futurs produits. Les appareils existants peuvent être mis à jour pour prendre en charge le protocole et faire évoluer les installations actuelles. La solution prévoit aussi que les nouveaux équipements pourront communiquer avec ceux d’ancienne génération. Des firmes comme Google ou Amazon ont déjà annoncé des mises à jour de plusieurs de leurs appareils connectés.
La firme de Mountain View a déjà fait savoir que tous ses appareils connectés (écrans, enceintes, routeurs…) vont être mis à jour pour devenir compatibles Matter. Lors de l’événement à Amsterdam, Amazon a emboîté le pas de son rival pour annoncer la prise en charge de Matter par 17 appareils de la gamme Echo.
D’autres fabricants – comme Philips Hue – ont fait des annonces similaires. Cela devrait se poursuivre dans les semaines qui viennent.
Des débuts encore limités
Derrière cette annonce en grande pompe, il convient de rappeler que le protocole n’en est qu’à ses balbutiements. Plusieurs fois retardés, son déploiement risque de prendre de temps ; même s’il faut s’attendre à l’arrivée de nombreux produits compatibles Matter dans les mois qui viennent.
Pour l’heure, on observe que ce sont surtout l’éclairage et les prises connectées qui prennent en charge la norme. Notons aussi que certains appareils se contentent d’une prise en charge partielle. Il y a donc encore du travail avant que Matter ne devienne incontournable, mais c’est déjà un très bon début.
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