C’était l’annonce à ne pas manquer cette semaine. Le géant du streaming audio Spotify a annoncé son arrivée sur le marché du livre audio, avec 200 000 titres accessibles gratuitement pour les abonnés Premium, dont 15 000 en langue française. Un partenariat attendu de longue date avec des groupes d’édition et une formule d’abonnement originale semblent convaincre l’entreprise qu’elle est en passe de révolutionner le marché de l’audiobook.
Une écoute à l’heure qui change tout ?
Contrairement à Audible, le service de livres audio proposé par Amazon, Spotify entend proposer une formule très différente. D’abord parce que l’abonnement Premium de base (déjà souscrit par les amateurs de musique donc suffit à profiter gratuitement de la formule audiobook. De quoi assurer aux auditeurs une entrée en matière progressive, et sans surcoût. De son côté, Audible n’est pas inclus dans l’abonnement Prime, et nécessite un abonnement supplémentaire de 9,95€ pour un crédit audio par mois.
Ensuite, et c’est là la principale différence entre les deux formules, tandis qu’Audible et Amazon misent sur un crédit audio permettant de découvrir un livre par mois (quelle que soit sa durée), Spotify fonctionne en temps d’écoute. Les abonnés ont ainsi accès à 12 heures d’écoute mensuelles non cumulables. Cette formule est particulièrement innovante sur le principe, puisqu’elle va permettre aux auditeurs et auditrices de tester plusieurs livres avant de s’arrêter sur celui les transporte vraiment. L’objectif de la plateforme est ainsi de permettre aux abonnés d’élargir leurs horizons, sans jamais avoir à faire un choix unique.
Pour Timothée Borne, le fondateur de la société de production Blynd, spécialisée en aventures audio, cette nouvelle formule sera aussi l’occasion de mettre en avant des histoires plus courtes, ou plus confidentielles, souvent éclipsées au profit de best-sellers et de longs romans avec une formule par crédit. Pour Antoine Monin, directeur général de Spotify France, il sera ainsi possible de s’adapter au rythme de lecture de chacune et chacun : “On va pouvoir piocher plusieurs livres audio dans sa bibliothèque, et alterner en fonction de ses envies, du moment. On espère que ce sera l’occasion pour les lecteurs d’explorer encore plus“, explique l’homme d’affaires à l’occasion d’une conférence de presse de lancement tenue cette semaine à Paris.
Des heures d’écoute plutôt que des crédits audio
Pour la plupart des internautes, les 12 heures d’écoute mensuelles suffiront sans doute à tenir le mois sans jamais arriver à court de crédit. Reste que sur certains ouvrages audio, comme Le Comte de Monte-Cristo par exemple, il faudra trois mois de crédits pour venir à bout du premier tome, et trois mois supplémentaires pour le second. Une temporalité qui pourra rapidement lasser les plus impatients, à moins de remettre la main au portefeuille. Rappelons qu’à l’issue de ces 12 heures, il sera toujours possible de recharger ses crédits d’écoute, à raison de 9,99€ les 10 heures supplémentaires. N’espérez d’ailleurs pas tricher en modulant la vitesse de lecture en x2 pour profiter de plus de contenu, l’entreprise a pensé à tout, et précise que “seule la vitesse de lecture naturelle sera comptabilisée“.
Pour s’imposer face à Audible, Spotify va aussi devoir s’interroger sur son offre d’appel. Car la plateforme, malgré une formule innovante, possède deux désavantages qui sautent aux yeux : d’abord, certains livres sont exclus de l’abonnement classique, et devront être achetés à l’unité, avec des prix variables en fonction de l’éditeur. À l’inverse, Audible fonctionne sur le principe d’un catalogue gratuit illimité, accessible pour les abonnés, et d’une sélection de livres payants, téléchargeables via les crédits mensuels.
Ensuite, les livres audio consommés sur Spotify ne vous appartiennent pas vraiment. Chez la concurrence, les ouvrages obtenus via des crédits mensuels restent la propriété de l’internaute à vie, même si ce dernier décide de résilier son abonnement. Seuls les titres appartenant aux catalogues “gratuit” et accessibles en illimités disparaissent en cas de résiliation du contrat. Il faut s’attendre à ce que Spotify adopte la position inverse, en misant sur un catalogue entièrement soumis à l’abonnement actif de son utilisateur, en se basant sur le modèle Netflix et des autres plateformes de streaming.
Quelle rémunération pour les auteurs et les autrices ?
La question épineuse concernait sans grande surprise le modèle de rémunération des auteurs et des autrices sélectionnés pour voir leurs livres adaptés vocalement. À ce sujet, Spotify est resté flou, indiquant que chaque heure d’enregistrement audio correspondait à un investissement d’environ 1500 €, et que le modèle économique ne serait pas le même que celui que la plateforme applique déjà pour rémunérer ses artistes musicaux. On n’en saura donc pas plus, si ce n’est que les tarifs ont été négociés avec les maisons d’édition en amont, et qu’ils correspondent “à ce qui existe déjà sur le marché“.
Penser une nouvelle expérience de lecture
Cet investissement à grande échelle devrait indubitablement permettre à Spotify de toucher un nouveau public. Pour les éditeurs aussi, l’enjeu est important, puisqu’il permettra de débloquer de nouveaux schémas de lecture. De manière plus globale, l’élargissement de la concurrence et du marché pourrait aussi permettre d’enrichir l’expérience, en brouillant les lignes entre audiobook et série audio. À la place d’une simple voix qui lirait un texte, on peut imaginer la généralisation d’une ambiance sonore, ou d’un casting vocal plus complet. Spotify a toutefois précisé que contrairement à ses podcasts, l’entreprise ne prévoyait, à l’heure actuelle, aucun dispositif d’aide ou de financement à destination des auteurs et des éditeurs.
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Petite précision d’une abonnée audible, le catalogue de la plateforme n’est pas illimité, c’est uniquement une sélection de quelques titres, qui se renouvelle qui est accessible gratuitement. Tout le reste du catalogue est payant.
J’ai fait l’expérience, on comprend des les premières minutes que les livres sont lues par une IA… ce rend l’expérience très mauvaise et c’est assez décevant… surtout que ce n’est absoluement pas précisé par Spotify.