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L’intelligence artificielle va tuer les influenceurs, et ce n’est qu’une question de mois

Entre arnaques, dérapages et surexposition médiatique, les influenceurs ont de moins en moins la cote auprès du grand public, surtout lorsque l’IA s’en mêle.

Depuis quelques semaines sur Instagram, l’influenceuse fit_aitana est sous le feu des projecteurs. À 25 ans, la jeune femme est jeune, jolie, mince, sportive, et se démarque du flot de contenus qui défilent sur la plateforme grâce à sa chevelure rose poudrée. Dans les standards de beauté actuels, Aitana coche toutes les cases. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle cumule plus de 164 000 followers sur le réseau social de Meta.

Seul détail important : Aitana n’existe pas. Il s’agit d’un compte fictif, créé de toutes pièces par le dirigeant de l’agence espagnole d’influence The Clueless, Rubén Cruz. Après avoir vu plusieurs contrats lui échapper, il réalise que le problème ne vient pas de son travail, mais bien des influenceurs et des influenceuses avec qui il collabore, rapporte le média Euronews. Il décide alors de créer de toutes pièces la créatrice de contenu parfaite. Belle, docile et surtout bénévole, Aitana devient vite l’une des clientes les plus rentables de l’agence. “Nous l’avons fait pour pouvoir mieux vivre et ne pas dépendre d’autres personnes qui ont un ego, qui ont des manies ou qui veulent simplement gagner beaucoup d’argent en posant“, explique Rubén Cruz.

 

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Arnaques, dérapages… l’influence ne fait plus rêver

Si le projet de Rubén Cruz ressemble à s’y méprendre à un épisode de Black Mirror, cet attrait de l’IA dans le monde de l’influence n’a finalement rien de surprenant. Le marché a explosé au milieu des années 2010, mettant en lumière une nouvelle activité très lucrative pour les créateurs et créatrices de contenus, mais aussi pour leurs agences. Depuis quelques années pourtant, le monde pailleté de l’influence ne brille plus comme avant. Face aux arnaques, aux dérapages, aux évasions fiscales assumées et aux placements de produits illégaux, la confiance des internautes est rompue. La rixe médiatico-judiciaire entre le rappeur Booba et la “Papesse de l’influence” Magalie Berdah a pointé du doigt l’opacité du milieu, au point que le gouvernement a voté cette année une loi de régulation de l’influence en France.

Au milieu de ce joyeux capharnaüm, rares sont les influenceurs à avoir su se renouveler. Beaucoup ont cédé à l’appel des Lives matchs TikTok, qui pourraient, eux aussi, faire l’objet d’une régulation prochaine pour leur affiliation avec des jeux d’argent et de hasard. D’autres ont préféré claquer la porte au nez de leur agence pour se mettre à leur compte, et assurer à leur communauté une plus grande transparence sur la question des placements de produits. Encore faut-il savoir bien s’entourer.

L’IA réussit là où l’humain échoue

Face à des humains largement imparfaits, qui sont régulièrement accusés d’en montrer trop ou pas assez, de prendre parti ou de malmener enfants et animaux face caméra, l’idée d’une influenceuse artificielle prend tout son sens. Non seulement Aitana s’offre un physique parfait, mais en plus sa vie est millimétrée. Chaque post, chaque aspect de son quotidien fictif fait l’objet d’une réunion préalable pour déterminer ce qui sera susceptible de plaire (ou non) à ses followers. “Nous devons raconter une histoire“, résume Rubén Cruz.

Force est d’admettre que la recette fonctionne. Créée il y a environ quatre mois, la fausse influenceuse est déjà suivie par plus de 164 000 followers sur Instagram. Si la jeune femme ne cache pas son statut de “création digitale“, elle fait rêver, au même titre qu’une créatrice de contenu de chair et d’os. Ses publications récoltent plusieurs dizaines de milliers de likes, et elle a déjà décroché quelques contrats publicitaires, notamment avec une marque de compléments alimentaires. Une situation plutôt ironique quand on sait que la jeune femme ne doit son physique qu’à l’intelligence artificielle.

L’influenceuse parfaite n’est pas humaine

Sans jamais heurter la modération d’Instagram, Aitana s’impose comme une objectivation à l’extrême du corps féminin. La jeune femme est ouvertement sexualisée, et permet d’ailleurs aux internautes les plus demandeur de poursuivre l’expérience sur OnlyFans, moyennant un abonnement à 15$ par mois. Résultat, elle génère en moyenne 3000€ de revenus par mois, avec ces pics à 10 000€.

Fort de ce succès, l’agence indique que plusieurs marques l’ont déjà contacté dans le but d’avoir leur propre modèle personnalisé, entièrement généré par IA. Un second modèle baptisé Lima a été mis en ligne, mais il pourrait signer le début d’une longue série. Quant aux influenceurs et influenceuses humains, il faudra sans doute réussir à trouver la parade en se démarquant davantage pour séduire les marques autant que le grand public. Sur ce point, la solution réside peut-être dans la micro-influence, qui permet à des personnalités à l’audience restreinte de toucher un public plus ciblé, mais beaucoup plus sensible à leur cause, et donc aux marques qu’elles défendront face caméra.

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9 commentaires
  1. Mon dieu ça rassure pas sur la quantité de teubé, comment le monde arrive à tourner c’est juste un miracle tout les jours^^

    1. Ah mais si justement, on va enfin réussir à virer ces abrutis d’influenceurs. Pour une fois, on peut être content que l’IA remplace un job.

      1. toi t’as rien compris.. le problème c’est pas les quelques milliers d’influenceurs.. le problème c’est les millions d’influencés ! cqfd

  2. Pour une fois c’est une bonne chose, et tous les jeunes crédules qui ont des paillettes dans les yeux vont devoir réapprendre à « vraiment » travailler, vu que l’éducation parentale laisse à désirer.

  3. Les influenceuses ont un grand avantage sur l’I.A elle peuvent vendrent leur petite culotte, c’est un gros avantage…lol

  4. Et bien que de boomer !
    L’IA ne changera absolument rien vu qu’elle produira se que les gens voudront voir.
    Il y a toujours eu ce phénomène de présentation de produit divers et varié depuis que la société de consommation existe. C’est sûrement affligeant mais c’est toujours mieux que vivre à l’Age de pierre.
    Plus j avance en âge et plus je me conforte dans ma vison de la société d’y il y a 25 ans.
    Tout se consomment. Du simple bonbon à la plus complexe des réflexions.
    C’est à chacun de trouver ça place dans ces réseaux pour s’épanouir.
    Je ne suis pas condescendant ou moralisateur face aux contenus que je n’aime pas car je n’apprécie que des gens le soient sur ceux que j’apprécie.
    Ce n’est pas l’idéale comme société mais il y a bien pire dans le monde…

Les commentaires sont fermés.

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