Après avoir donné la réplique à Jessica Alba et Chris Evans, les 4 Fantastiques s’apprêtent à faire leur entrée officielle dans le MCU. La sixième phase cinématographique de la maison des idées débutera avec Thunderbolts l’année prochaine, et se poursuivra avec l’un des projets les plus prometteurs de la machine à blockbusters. Réalisée par Matt Shakman (Game of Thrones, WandaVision), cette nouvelle adaptation réunira notamment Pedro Pascal dans le rôle de Monsieur Fantastique, Vanessa Kirby en Femme invisible, Joseph Quinn en Torche humaine et Ebon Moss-Bachrach dans le rôle de la Chose. Pour leur donner la réplique, c’est l’acteur Ralph Ineson (Game of Thrones) qui incarnera Galactus.
Hormis une adaptation doudou (mais médiocre) pour les gamins des années 2005, Les 4 Fantastiques n’ont pas encore eu la chance de briller sur grand écran. Écartés du MCU pour des raisons légales, les quatre héros de la Fox sont désormais passés aux mains de Disney, ce qui leur permet d’intégrer officiellement l’univers étendu d’Iron-man et Captain America. Heureusement, les héros ont eu plus de chance sur papier. Depuis 1961, le quatuor s’est imposé comme l’un des pilliers de l’écurie Marvel sur papier glacé. Pour y voir un peu plus clair dans le Panthéon Marvel, petit tour d’horizon de leurs plus belles aventures comics.
Les fondations
Novembre 1961, Stan Lee et Jack Kirby lâchent une petite bombe dans l’industrie du comic. Une bombe qui marque de son empreinte le Silver Age et les comics de super héros pour les décennies à venir avec Fantastic Four #1. Leur secret ? Les Quatre Fantastiques ne sont pas seulement des personnages dotés de pouvoirs extraordinaires : ils sont avant tout des explorateurs, et plus encore, une famille unie et soudée. Une famille avec ses côtés perfectibles, ses tensions, ses points de rupture et ses gros câlins avant d’aller dormir.
La force de la série Fantastic Four se situe surtout dans tout le travail d’imagination et de mise en place d’une mythologie fondatrice. Stan Lee est crédité sur le comic book en tant que scénariste, mais c’est bel et bien le génial Jack Kirby qui se charge de toute la mise en place d’histoires faites de demi-dieux, de voyages interdimensionnels et de menaces toutes plus extravagantes les unes que les autres. Galactus, The Watcher, Silver Surfer, Super Skrull, Namor, et bien évidemment ce bon vieux Doctor Doom (Fatalis chez nous) ne sont que la partie visible de l’iceberg, les graines semées d’un univers Marvel qui ne cessera jamais de tourner autour de ces menaces pour les années à venir. Sans compter les premières apparitions des inhumains ou de Black Panther, que les spectateurs ont pu découvrir lors de la phase 3 du MCU.
Le duo signe 102 chapitres, un record pour une industrie aux équipes versatiles et aux changements de style constants (il aura fallu attendre les 110 chapitres d’Ultimate Spider-Man de Bendis et Bagley en 2007 pour enfin dépasser ce score). On ne saurait que trop vous conseiller la lecture des débuts des Quatre Fantastiques qui conservent à ce jour un fond étonnamment moderne en termes d’aventures super héroïques, malgré quelques maladresses liées au décalage dans le temps (des femmes pas toujours sous leur meilleur jour, le contexte de course aux étoiles, les références aux communistes complètement dépassées, etc.).
Découvrir les origines des 4 Fantastiques (en anglais)
Le retour aux sources de John Byrne
Sans plonger le titre dans des abysses de nullité, le départ de Kirby a tout de même dépourvu les 4 Fantastiques d’une partie de leur exubérance graphique. Orphelines de cette narration essentiellement visuelle, les aventures souffrent pendant une bonne dizaine d’années de ce manque de magie dans la narration. Puis John Byrne hérite du titre au numéro 232, il redonne à lui seul ce souffle de fraîcheur propre aux premières aventures du groupe. Byrne remanie les personnages. Ils gagnent en épaisseur et prennent part à des aventures résolument plus modernes qui voient les personnages rattrapés par leurs actes comme dans l’histoire du procès de Reed, poursuivi pour avoir sauvé la vie de Galactus qui vient tout juste d’anéantir l’empire Skrull.
L’esprit de famille reprend aussi ses droits et les Quatre Fantastiques redeviennent ce groupe de héros imparfaits, parfois en froid les uns avec les autres, dont les membres vivent leurs propres aventures en marge du groupe. C’est aussi à partir de ce moment que le statut de Susan Storm (Jane Storm en V.F.) change du tout au tout. De l’Invisible Girl des débuts, ingénue et demoiselle en détresse, Susan s’affirme en Invisible Woman. Elle endosse le rôle d’une femme forte et d’un super héroïne accomplie, membre le plus doué du quatuor.
C’est aussi sous la plume et le crayon de Byrne que nait l’excellente série She-Hulk, prémices à son apparition en tant que membre à part de l’équipe à la place de Ben Grimm (chapitre 265). Byrne en profite aussi pour ajouter ses propres pierres au mythe en dotant Franklin Richards (le fils de Reed et Susan) de mystérieux pouvoirs de manipulation de la réalité qui en font par la suite l’un des personnages les plus puissants de l’univers Marvel. Encore à ce jour le travail de John Byrne montre qu’il est possible de faire des étincelles lorsque l’on parvient à créer une vraie dynamique de groupe.
L’hommage de Mark Waid et Mike Wieringo
En presque 60 ans d’existence de nombreux tandems se sont formés pour raconter des aventures originales sur les Quatre Fantastiques, plus ou moins réussies, plus ou moins funs et raccords avec les événements passés. Les histoires s’accumulent et finalement peu de scénaristes respectent le principe de continuité, ou du moins peu d’entre eux réussissent à faire de cet héritage la force de leur run. Mark Waid fait partie de ces auteurs de comic book autant à l’aise sur les personnages DC, Marvel ou ses propres créations. Un véritable fanboy pur jus qui sait de quoi il parle. On le connaît pour son immense travail sur le personnage de Flash, son passage sur Justice League of America, et très récemment sur Daredevil dont il signe en ce moment les derniers chapitres après plus quatre ans de présence et d’histoires incroyablement fraîches.
Arrivé sur le titre Fantastic Four en 2001, Waid remet sur le tapis une problématique essentielle de ce groupe : il s’agit avant tout d’une famille d’explorateurs qui font face à des menaces improbables. Des insectes géants, une équation vivante, et pour couronner le tout une nouvelle version de Doctor Doom. Ces aventures marquent physiquement les membres de l’équipe, ils se transforment au fil des aventures. On retrouve le charme et l’urgence des épisodes de Kirby, chose que l’on doit essentiellement au coup de crayon d’une star du milieu partie trop tôt.
C’est bien simple, personne ne dessine un comic book comme Mike Wieringo. Très peu sont les dessinateurs à avoir réussi à créer une telle cohérence visuelle, aussi bien dans les champs de force de Susan, dans l’élasticité du corps de Reed que dans la forme des (très nombreux) monstres qui parsèment ce run. Décédé à l’âge de 44 ans, il laisse derrière lui une jolie poignée d’histoires de Spider-Man, Superman et cette saga complète de FF, sans compter une quantité astronomique de dessins qui pullulent sur la toile. Qu’on se le dise, les Quatre Fantastiques ont eu énormément de chance de l’avoir connu. Son trait cartoon manque énormément à l’industrie.
Découvrir l’intégrale de Mike Wieringo
La Fondation du Futur
En 2009 Marvel confie à Jonathan Hickman la destinée des Fantastic Four. Le bonhomme est connu pour ses histoires originales (Secret Warriors, SHIELD) mais personne ne soupçonnait alors l’ampleur que prendrait ce run, l’ambition folle derrière cette saga et les répercussions pour l’univers Marvel. Jonathan Hickman réussit ce véritable tour de force qui consiste à la fois à conserver l’essence des aventures originelles tout en chamboulant complètement le statu quo établi depuis des lustres. Le scénariste de Manhattan Projects et East to West voit les choses en grand dès le départ. Il établit un plan solide aux ramifications multiples et propulse la myriade de personnages qui constitue l’univers des FF dans des directions précises, toujours au service d’histoires qui brillent par leur imagination et leur côté épique.
Il pousse le bouchon jusqu’à raconter la dernière histoire des Quatre Fantastiques avec le chapitre 588. La dernière histoire du groupe en tant que tel avant la mort de l’un des membres fondateurs de l’équipe. Le titre s’arrête d’ailleurs pour donner naissance à un nouveau titre, sobrement intitulé FF (Future Foundation), dans lequel il raconte la naissance d’un nouveau groupe de super héros construit autour d’une école de jeunes scientifiques et de certaines figures inédites jusqu’à présent dans l’équipe comme Doctor Doom ou Spider-Man (dont nous vantions déjà les mérites dans le dossier Spider-Man).
Les Nouveaux Quatre Fantastiques
Depuis sa naissance, le titre brasse une quantité incroyable d’alliés et d’antagonistes créant une dynamique de groupe allant bien au-delà du simple quatuor de base. Le thème de la famille recomposée explose littéralement lorsque les FF, souvent contraints par des puissances extérieures, une mission annexe ou le besoin de prendre du recul, cèdent leur place quelque temps à d’autres personnages de l’univers Marvel. Les fans se souviennent encore de l’arrivée de Miss Hulk dans le groupe en remplacement de Ben Grimm après l’event Secret Wars (le crossover de 1984) ou le couple la Panthère Noire/Tornade qui permet à Reed et Susan de s’accorder une pause loin du tumulte de l’équipe, quand ce n’est pas une équipe complète de secours dirigée par Scott Lang (Ant-Man) qui assure l’intérim dans le récent run de Matt Fraction.
Parmi toutes ces formations plus ou moins éclectiques, la plus marquante reste à ce jour la composition imaginée par Walter Simonson et superbement illustrée par Arthur Adams dans Fantastic Four 347 à 349. Le temps de trois chapitres, le duo raconte une histoire complètement disproportionnée, constituant son équipe de remplaçants de super héros parmi les best-sellers des années 90. On y retrouve Hulk (dans sa version grise, avec la personnalité de Joe Fixit), Spider-Man, Wolverine et Ghost Rider (Daniel Ketch à l’époque).
Même si on ne croit pas une seconde au potentiel de cette équipe de gros bras cassés, le résultat est incroyablement amusant à parcourir. Ces chapitres caricaturent à merveille les thèmes majeurs du comic book, plaçant ces personnages complètement inaptes au travail en équipe dans des situations qui requièrent une certaine harmonie de groupe. Arthur Adams, beaucoup trop rare, se lâche complètement — mention spéciale pour l’aspect de ses monstres, magnifique hommage à ce genre phare dans les années 50. Vous auriez tort de vous en priver.
Ultimate Fantastic Four
On vante beaucoup les mérites de Mark Millar pour Old Man Logan et Kick Ass, deux œuvres majeures du comic book moderne qui ont su fédérer le public ces dernières années. Ce que l’on sait moins c’est que l’Écossais a aussi travaillé sur les Quatre Fantastiques, et ce à deux reprises : avec l’équipe classique sur lequel il était associé à Bryan Hitch (son comparse sur The Ultimates), et sur sa version Ultimate, une première fois dans leur mise en place, puis plus tard dans une succession de courtes histoires. C’est cette période qui nous intéresse aujourd’hui.
Forcément plus accessible à notre époque, l’univers Ultimate reprend les fondations du mythe en modernisant le tout. C’est d’ailleurs cette version qui a été retenue pour le ernier reboot, et qui devrait faire foi en 2025. Les 4 Fantastiques ne cherchent plus à conquérir les étoiles avant les communistes. L’équipe se crée de manière plus posée. Il s’agit simplement d’une bande de jeunes scientifiques surdoués (du moins en ce qui concerne pour Reed et Susan) qui partent à la conquête d’une nouvelle dimension qu’ils ont découverte et qui va leur conférer leurs pouvoirs.
Les histoires de Millar vont bien évidemment s’inspirer du canevas imaginé par Jack Kirby, réintroduire des menaces connues comme Namor ou le Super Skrull. Le scénariste exploite assez habilement le filon des dimensions parallèles, jusqu’à organiser une rencontre privilégiée avec le monde de Marvel Zombies — univers créé par Robert Kirkman (Walking Dead, Invicible) à l’occasion de son bref passage chez Marvel. Millar prouve surtout par le biais d’une poignée d’histoires très courtes (pas plus de trois chapitres à chaque fois) que l’on peut encore surprendre avec des thèmes jugés surannés.
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Sur Ultimate ” C’est d’ailleurs cette version qui a été retenue pour le ernier reboot, et qui devrait faire foi en 2025. ”
Alors juste…
Oui, à part le fait que la Torche soit adopté et la fin nulle rushée.
C’est un très bon comics à lire, comme beaucoup des Ultimate, ça replace dans un contexte moderne qui rend beaucoup de points bien plus agréables.