Passer au contenu

Tourner la page Marvel : est-ce qu’on y croit encore ?

Au lendemain du lancement de la production d’Avengers : Doomsday, Marvel peine à surprendre. Pire, la licence semble se perdre dans une surenchère de noms et de moyens, et l’enthousiasme d’antan n’est plus là. On se demande : est-ce que tout ça en vaut encore la peine ?

Ce mercredi 26 mars, devant plusieurs millions de spectateurs sur les réseaux sociaux, Marvel a officialisé le début du tournage d’Avengers : Doomsday. Dans le même temps, l’entreprise de Kevin Feige dévoilait la liste des acteurs et actrices invités à prendre part à l’aventure. Chez les Quatre Fantastiques, les X-Men ou au sein des Avengers originels, le film des frères Russo fonce à toute allure vers la réunion de superhéros que les fans attendaient depuis des années.

Si la firme n’a pas encore franchi le cap du crossover avec DC — ça a déjà été le cas sur papier glacé  — force est de constater que plus rien d’autre ne parait impossible au sein de la saga débutée en 2008 avec Iron Man par Jon Favreau. Mais après six heures d’un événement pour le moins soporifique, une retransmission plus longue que le film lui-même, on se demande sincèrement si tout ça vaut vraiment encore le coup d’être vu. Et si, après plus d’une décennie à suivre religieusement le Marvel Cinematic Universe, on laissait tomber ? Est-ce qu’on y croit encore ?

“Je vous parle d’un temps…”

En 2017, les fans (comme nous) sont aux aguets. Marvel a promis une conclusion épique à sa Saga de l’infini, une apothéose après une décennie de bons et loyaux services. Le plan de Thanos a été déroulé dans une dizaine de films. Son arrivée a été promise dans des scènes post-crédits plutôt savantes et Civil War a mis l’équipe dans un état qui permet de véritablement sacraliser leurs retrouvailles.

Lorsque l’entreprise publie une vidéo de quelques minutes le 11 février, pour officialiser le début du tournage du film des frères Russo, il est surtout question de revenir sur le chemin parcouru et de donner quelques indices sur ce que l’avenir réserve aux spectateurs. On retrouve Robert Downey Jr, Chris Pratt et Tom Holland devant un immense décor et les réalisateurs Joe et Anthony Russo en interview. Tout le monde rappelle la singularité de ce projet, tout le monde s’enthousiasme à l’idée de voir ces personnages se côtoyer enfin au cinéma. Jusqu’ici, les Gardiens et les Avengers ne s’étaient pas croisés. Iron Man et Captain étaient en froid.

Infinity War Bataille
Nous à la sortie d’Avengers Infinity War © Marvel Studios

Un an plus tard, les spectateurs sont au rendez-vous. Les avant-premières affichent complet en France comme dans le reste du monde et il ne fait aucun doute que le premier volet du diptyque marquera l’histoire du MCU et plus largement de la pop culture. Dans l’obscurité, lorsque la fanfare est remplacée par un appel de détresse du vaisseau asgardien, les fans qui sommeillent en nous s’éveillent et trépignent. Il est là, le moment que l’on attendait depuis que les Chitauris ont envahi New York devant la caméra de Joss Whedon. On est loin d’imaginer que la proposition des frères Russo bousculerait l’équilibre de la franchise. On avait même envisagé que Marvel prenne une pause de plusieurs années après le final d’Endgame. Oui, on était sans doute un peu naïf…

Marvel ne peut pas faire mieux…

Infinity War et Endgame ont placé la barre si haut qu’elle parait désormais hors d’atteinte. Comment faire mieux que la disparition déchirante de la moitié d’un univers ? Comment choquer avec la mort d’un héros quand les morts peuvent revenir encore et encore pour se sacrifier une vingtième fois ? On parle de toi Loki. Qui peut encore être surpris par l’arrivée des X-Men quand Doctor Strange 2 les a fait intervenir et qu’ils ont été à l’épicentre de Deadpool & Wolverine ?

Non, s’il y a bien une chose qui nous a surpris au cours du long et barbant direct d’Avengers : Doomsday, c’est qu’aucun sursaut d’intérêt ne s’est fait sentir chez les aficionados de Marvel que nous étions il n’y a pas si longtemps. Rien n’a su titiller l’enfant qui sommeille en nous, rien n’a su effacer cette impression d’une fête ratée avec des anciens du lycée. On a grandi, et on n’a plus rien en commun.

Ant Man Endgame
“Euh mais attendez… J’e l’ai déjà affronté le grand méchant moi ” © Marvel Studios

On s’inquiète même de voir le nombre de personnages annoncés pour Doomsday, de savoir comment la narration va pouvoir tous les exploiter sans frôler l’indigestion. Dans Infinity War, on comptait pas moins de 25 personnages principaux et tout autant de secondaires. 27 noms ont été partagés hier… et Marvel laisse déjà entendre que d’autres seront annoncés au cours des prochains mois. Il faut dire que certains manquent cruellement à l’appel, à l’image de Spider-Man et Doctor Strange, que l’on imaginait pourtant à l’épicentre du récit.

A priori, cette rangée de chaises n’est pas surprenante, puisque Secret Wars était déjà un événement dantesque sur papier glacé. Mais, même avec un film qui devrait allègrement dépasser les trois heures, nos héros vont devoir jouer des coudes. Ils n’auront pas quantité de numéros de comics ou d’épisodes de série pour livrer leur histoire. C’est d’autant plus vrai que Doomsday ne profite pas de l’avance qu’avait Infinity War. Son intrigue repose sur une phase au mieux incomplète, au pire chaotique. Jusque récemment, c’est en effet l’arrivée de Kang le Conquérant que Kevin Feige préparait. C’est pour cette raison qu’il est apparu dans Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, pour cela qu’un de ses variants était à l’épicentre de Loki sur Disney+.

Docteur Fatalis, lui, n’a même pas encore eu droit à une scène post-crédits. Preuve s’il en fallait une que la Maison des Idées avance à tâtons, Brave New World ne s’est pas payé le luxe de ne serait-ce que mentionner son nom. Sept ans plus tôt,  la personnalité de Thanos avait été construite sur plusieurs films, au travers du parcours de Gamora, de Drax et même de Loki. Doomsday part d’une feuille blanche pour un résultat que l’on espère pas aussi foutraque que les phases 4 et 5 du MCU.

Du suspense ? Pour quoi faire ?

Mais plutôt que spéculer sur ce que pourrait ou ne pourrait pas être le prochain film Avengers, revenons un peu sur ce que l’on sait de Doomsday. L’événement diffusé hier, en plus d’avoir été ponctué d’annonces prévisibles, rappelle que Marvel n’a que faire des films qui sortiront avant le retour de son mastodonte. Preuve s’il en fallait une du peu d’intérêt que la firme porte à Thunderbolts* et Les Quatre Fantastiques, les noms des acteurs et actrices centraux des deux films ont été officialisés au casting de Doomsday. Pour le suspens, on repassera.

Hulk Colère
“Des chaises… pendant six heures !” © Marvel Studios

Dans le deuxième cas, l’on pouvait aisément s’en douter au vu de l’importance qu’ont Reed Richards et Sue Storm dans l’histoire de Docteur Fatalis. Pour Thunderbolts* néanmoins, c’est beaucoup plus compliqué. Marvel a confirmé qu’aucun de ces protagonistes ne mourrait dans le film de Jake Schreier. Le studio laisse même entendre que Lewis Pullman n’est pas ce que laissait croire la dernière bande-annonce. On avait déjà souligné que la campagne promotionnelle de Captain America : Brave New World était incompréhensible, Marvel remet ça et confirme qu’il n’est désormais plus question de surprendre les spectateurs mais de leur donner un menu précis du film qu’ils verront quelques mois plus tard. Elle demandera tout de même aux premiers spectateurs de ne pas spoiler les prochains, encore faut-il avoir quelque chose à spoiler…

Maintenant, est-ce que l’on sera au rendez-vous le 29 avril 2026, conscience professionnelle mise à part ? Oui. Car la machine Marvel est bien huilée et que la franchise nous a pris en otage et nous tient par notre plus vilain défaut : la curiosité. Face à tous les défis que les frères Russo et le scénariste Stephen McFeely devront surmonter, on ne peut qu’attendre impatiemment de découvrir si tout ce beau monde transformera l’essai. Et c’est sans doute là que Marvel a réussi son coup, le sort des personnages (et des acteurs) nous importe tellement qu’on ne laisse pas notre déception nous faire rompre tout à fait avec cette franchise en perte de vitesse. Syndrome de Stockholm ? Sans doute.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Mode