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Le futur du dating est-il dans le métavers ?

Après les applications de rencontres, le futur du dating est-il dans les mondes virtuels ?

Présenté comme l’avenir d’Internet et des réseaux sociaux, le métavers entend révolutionner les codes, et notamment celui du dating. Comme les sites puis les applications de rencontre il y a dix ans, nos habitudes de séduction sont-elles sur le point de migrer vers les mondes virtuels ?

Pendant plus de deux ans, la pandémie de covid-19 a obligé le monde entier à adapter ses habitudes à une situation jusqu’alors inédite. Le télétravail s’est imposé comme une nouvelle norme chez les salariés, et pour draguer, il a aussi fallu se résoudre à dater en ligne. Les ventes de sextoys ont explosé, et les applications de rencontres ont vu leur audience grimper en flèche à chaque nouveau confinement. Parallèlement, les plateformes ont aussi dû adapter leurs fonctionnalités à la situation sanitaire, par exemple en rendant possibles les rendez-vous en visio et les échanges vocaux. Autant de nouveautés destinées à diversifier le marché de la rencontre en ligne, à une époque où les besoins des célibataires étaient largement bouleversés.

Nous sommes à l’été 2022, et le monde a presque repris son cours. Les confinements semblent loin derrière nous, et l’idée d’être testé positif ne paraît plus aussi dramatique qu’il y a quelques mois. Pour autant, il faut bien se rendre à l’évidence : le covid-19 a bouleversé nos codes amoureux, et le retour à la normalité excite autant qu’il inquiète. Après deux ans de télé-dating imposé, “les utilisateurs ont surtout envie de prendre une revanche sur une période où ils ont beaucoup souffert”, analyse Karima Ben Abdelmalek, CEO de la plateforme happn. “Ce n’est pas qu’ils sont contre les dates virtuels ou le métavers, c’est simplement qu’ils ont envie de se rencontrer en vrai”.

Le virtuel, c’est aussi la vraie vie

L’idée de se rencontrer dans le métavers ressemble de prime abord au synopsis d’un épisode de Black Mirror. Pourtant, avec l’émergence des mondes virtuels et les promesses de Mark Zuckerberg, cela semble aussi de plus en plus tangible. Il faut bien se rendre à l’évidence : il y a tout juste 15 ans, les applications de rencontres faisaient figure d’OVNI chez les célibataires. En plus de souffrir de bon nombre de préjugés, ces dernières étaient plutôt destinées à des groupes d’utilisateurs spécifiques, recherchant la discrétion ou des affinités particulières. Aujourd’hui, la majorité des célibataires a déjà sauté le pas, ne serait-ce que pour essayer.

dating virtuel
© JDG

Si les sites de rencontres se sont imposés comme une norme dans le paysage amoureux moderne, le métavers pourrait-il suivre le même chemin ? Pas si sûr : selon un récent sondage réalisé par happn, 64% des Françaises et des Français sont réticents à l’idée d’un premier rendez-vous virtuel. Pourtant, et à l’image des apps de dating, cette étape ne serait que la première avant une rencontre bien réelle, rappelle Karima Ben Abdelmalek : “Les technologies sont importantes parce qu’elles facilitent la vie de tout le monde. Mais il faut les utiliser de manière intelligente, comme un premier pas avant de se rencontrer. On ne parle pas de deux mondes distincts. On peut être présent à la fois en ligne, mais aussi dans la vraie vie. Notre objectif c’est justement de rapprocher ces deux aspects“.

Les limites amoureuses du métavers

Évidemment, le métavers soulève plusieurs questions éthiques et sécuritaires. Ces derniers mois, les affaires rapportant des tentatives de viols et d’agressions sexuelles se sont multipliées. De là à ériger les mondes virtuels en zones de non-droit où tout est permis ? “Ce qu’il faut retenir, c’est que les problématiques du métavers sont les mêmes que dans la vraie vie” analyse Karima Ben Abdelmalek. “Le droit va s’adapter à ce nouveau cadre, il y aura rapidement des réponses pour lutter contre ces dérives”.

Comme pour les bandes dessinées, les jeux vidéo et les réseaux sociaux avant lui, le métavers souffre de bon nombre de préjugés. Une perception en grande partie européanocentrée rappelle Karima Ben Abdelmalek : en Inde, plus de la moitié des femmes célibataires sont favorables à un premier rendez-vous amoureux dans les mondes virtuels, rapporte le sondage happn. “Le métavers est beaucoup plus accepté parce qu’il apporte un aspect sécuritaire, qui en Inde est considéré comme particulièrement important. Le dating virtuel contribue à créer un lien, tout en favorisant un environnement de confiance avant de se rencontrer dans la vraie vie”.

Horizon waolrds dans le metaverse
© Meta

Derrière son aspect (vidéo)ludique, le métavers n’échappe pourtant pas à ses responsabilités. Quelques mois tout juste après leur déploiement pour le grand public, les mondes virtuels enregistrent déjà des premiers cas de harcèlement et d’agressions sexuelles. Un glissement moral et légal inévitable, qui nécessite un cadre juridique précis estime Karima Ben Abdelmalek : “L’enjeu pour les applications de rencontre et le métavers, ça va être de mettre en place des outils qui permettront de signaler des comportements inappropriés et de se protéger”. Comme dans la vraie vie, des responsabilités existent dans le métavers : “Il y a exactement les mêmes problématiques dans le métavers que dans la vraie vie. Tout l’enjeu va être de s’adapter juridiquement parlant”.

Dating 3.0

Malgré les nombreuses interrogations légales et éthiques que pose l’émergence du métavers, Karima Ben Abdelmalek se veut confiante. Ce n’est pas la première fois que nos codes amoureux et sociaux sont bouleversés par le numérique : “Lorsqu’Internet est arrivé, puis plus tard les réseaux sociaux, on a eu l’impression que c’était une zone de non-droit, mais les plateformes ont dû se responsabiliser petit à petit, il y a tout un cadre légal qui s’est construit autour de ces nouvelles habitudes”. Une adaptation qui entend se reproduire avec l’arrivée du métavers.

D’autant plus que sous ses airs de Far West, le métavers permet aussi certains avantages dans le domaine amoureux. En plus de faire gagner du temps aux célibataires, les dates virtuels offrent aussi un sentiment de sécurité de plus en plus apprécié des célibataires. “Notre objectif est de ramener nos utilisateurs à des relations réelles”, rappelle Karima Ben Abdelmalek. “Mais notre priorité, c’est surtout de répondre à un besoin. Si certains internautes ne sont pas contre la rencontre en ligne, on doit pouvoir leur offrir cette possibilité“.

sexshop métavers boutique
© Journal du Geek

De là à imaginer que dans 10 ans, le métavers se suffira à lui-même pour tisser des liens amicaux et amoureux ? Pas sûr. Plutôt que d’opposer virtuel et réel, les rencontres virtuelles s’imposent surtout comme un moyen de répondre à l’envie d’un utilisateur à un instant donné. Loin des “bébés Tamagotchi” prédits par Catriona Campbell, qui estime que le futur de la parentalité sera dans le métavers, les relations amoureuses de demain pourraient intégrer les mondes virtuels comme un outil de communication supplémentaire, à la manière des appels ou des plateformes de messagerie instantanée. “Pour moi, il n’y a qu’un seul monde et une multitude de manières de se rencontrer”, conclut Karima Ben Abdelmalek. “Le principal, c’est que tout le monde y trouve son compte”.

Finalement, le futur du dating pourrait ressembler à ça : un monde ouvert, qui transcende les frontières du réel et du virtuel pour permettre à chacune et chacun de trouver sa place. Dans cet exercice, l’IA pourrait d’ailleurs jouer un rôle décisif, en affinant toujours davantage les critères de sélection des applications de rencontres. À condition évidemment de s’assurer que la technologie est utilisée dans un cadre éthique et réglementé.

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1 commentaire
  1. On fait comme si le metavers était une nouveauté. C’est oublier que Second Life existe depuis 2003 et fonctionne toujours. Des rencontres virtuelles entre avatars s’y muent parfois en dates bien réels.
    Quand je lis les doutes sur le succès des metavers j’ai l’impression de revenir en 2009 quand la bulle Second Life s’est brusquement dégonflée après la folie de 2007.
    Entretemps, Facebook et sa facilité d’utilisation avait tué le monde virtuel complexe.
    Bis repetita ?

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