Si la sélection est variée, elle ne prétend néanmoins pas à l’exhaustivité. Il est possible, ou plutôt probable, qu’on soit passé à côté de belles choses. N’hésitez pas à nous signaler les bonnes lectures qu’on aurait oubliées dans les commentaires.
PS : On remercie les adorables et avisés libraires de la Dimension Fantastique, dans le 10ème arrondissement de Paris, qui nous ont permis de découvrir certains des titres qui composent cette sélection. N’hésitez pas à passer les voir pour les fêtes, ils sont de très bons conseils !
Nos interviews publiées cette année
– Eric Henninot pour La Horde du Contrevent
– Chris Dingess pour Manifest Destiny
– Florence Porcel pour Mars Horizon
– Aurélien Rosset pour Emprise
– Mathieu Bablet pour Shangri-La
– Christophe Bec pour Le Fulgur
– Benoit Huot pour Glénat
[nextpage title=”Nos 10 derniers coups de cœur”]
Le Joueur d’Échecs (one shot)
C’est toujours avec beaucoup d’anxiété qu’on ouvre les pages d’une adaptation de classique de la littérature, quand bien même on nous présente l’auteur passionné et talentueux. Mais ces dernières semaines ont prouvé, avec La Horde du Contrevent (voir page suivante) et Le Joueur d’Échecs, que la bande dessinée peut apporter quelque chose. Sublimé par le style pictural de David Sala, cette réinterprétation toute personnelle du chef d’oeuvre de Stefan Zweig nous emporte dès la première page dans les insondables mémoires de son personnage principal. Par la façon dont il le met en scène, David Sala parvient à nous faire ressentir toute la solitude et la folie galopante qui entourent le personnage principal. Une superbe adaptation qui plaira aussi bien aux amateurs du livre qu’à ceux qui ne l’ont pas lu.
Le Joueur d’Échecs, de David Sala, aux éditions Casterman, 111 pages, 20 euros
Ces jours qui disparaissent (one shot)
Un oublié de notre sélection de septembre qu’on a pu rattraper récemment – et heureusement ! Car l’album de Timothé Le Boucher a été une de nos expériences de lecture les plus marquantes de 2017. Le bédéaste français raconte l’histoire d’un jeune garçon qui, en se réveillant un matin, s’aperçoit qu’il n’a aucun souvenir de la veille. Rapidement, Lubin Maréchal comprend qu’un autre LUI “prend sa place” un jour sur deux, puis de plus en plus fréquemment. Le jeune garçon, déboussolé mais pas résigné, essaie alors tant bien que mal de réorganiser sa vie et de maintenir le lien avec ses proches en dépit de ses absences. Sublime histoire sur la dualité de l’être et sur le temps qui passe, Ces jours qui disparaissent est une bouleversante histoire crève-cœur, écrite avec une sensibilité rare.
Ces jours qui disparaissent, de Timothé Le Boucher, aux éditions Glénat, 192 pages, 22,50 euros
Courtney Crumrin, Intégrales Couleurs, Tome 1 et Tome 2
Akileos a mis les petits plats dans les grands pour relancer la série de Ted Naifeh, cette fois toute en couleurs. Pour l’heure, les quatre premières histoires – Les Choses de la Nuit, L’Assemblée des Sorciers, Le Royaume de l’Ombre et Les effroyables Vacances – rassemblées dans deux Tomes, ont eu droit à ce traitement. Une occasion idéale pour (re)découvrir sous un jour plus coloré le délicieux univers fantastique dans lequel baigne Courtney Crumrin, une jeune écolière dotée du don de voir et de parler avec les créatures de la nuit ; chose qui va, forcément, la mener d’aventure en aventure ! Pleine d’humour et de rêverie, la série plaira aussi bien aux adolescents qu’à leurs parents.
Courtney Crumrin, Intégrales Couleurs Tome 1 et Tome 2, de Ted Naifeh, aux éditions Akileos, 250 pages par Tome environ, 19 euros
Agonie (one shot)
Voilà un comic indé qui porte particulièrement bien son nom. À l’image de Prison Pit (voir par ailleurs), l’oeuvre tout en noir et blanc de Mark Beyer se livre à une sacrée surenchère. L’auteur américain raconte les pérégrinations d’Amy et Jordan, un couple tombant de Charybde en Scylla : expulsé, attaqué, perdu, blessé, malade, emprisonné ; le tout dans un dédale de chambres sales et repoussantes, au milieu de rues et villes dévastées… bref, c’est un déferlement d’infortunes qui rythme les pages de cet album. Une descente aux enfers d’une rare absurdité qui contraste par ailleurs – et ç’en devient presque drôle – avec le calme olympien des deux personnages, complètement stoïques face à tout ce qui leur tombe dessus. Étrange et hypnotique !
Agonie de Mark Beyer, aux éditions Cambourakis, 176 pages, 15 euros
Intégrales Blast (coffret)
Initiée en 2009 avec Grasse Carcasse, la série Blast s’est achevée en 2014 avec la sortie du quatrième tome, sous-titré Pourvu que les bouddhistes se trompent. Noël oblige, Dargaud a décidé de remettre une de ses oeuvres-stars en avant, en rééditant l’histoire complète de Manu Larcenet – 816 pages ! – dans un très beau coffret sous fourreau. Multi-primé ces dernières années, écrit de main de maître, Blast raconte le fascinant et noirâtre parcours de Polza Mancini, écrivain perdu qui décrit, depuis sa garde à vue, son histoire personnelle et sa rencontre avec le blast, une explosion perceptive éphémère. Un classique !
Intégrales Blast, de Manu Larcenet, aux éditions Dargaud, 816 pages, 49 euros
BUG, Tome 1
L’auteur du sublime La Trilogie Nikopol revient en cette fin d’année avec une nouvelle aventure placée sous le signe de l’anticipation. À l’instar de Ravage de Barjavel, roman dans lequel l’électricité disparaît, bouleversant la vie sur Terre, BUG coupe les élans humains en le privant de toutes données informatiques. Seul le cosmonaute Obb, dont le corps a soudainement bleui, semble avoir été épargné. Mieux, il semble avoir acquis des dons d’hypermnésie : il sait tout sur tout et surtout, se souvient de tout Il devient alors l’objet des convoitises des gouvernements et organisations mafieuses. Contexte de crise et atmosphère mystique sont au menu de ce premier tome qui pose le contexte, le tout sublimé par le dessin pictural d’Enki Bilal. Solide !
BUG, Tome 1, d’Enki Bilal, aux éditions Casterman, 88 pages, 18 euros
Un Faux Livre (one shot)
Après avoir pris la parole à Tintin et ses comparses (il a dû arrêter pour des questions de droit, depuis), un Faux Graphiste s’est attaqué à revisiter avec l’humour qui le caractérise des dizaines et des dizaines de planches de bandes dessinées et d’illustrations libres de droits. Les meilleures de ses parodies ont été regroupées dans cet ouvrage de 128 planches, où tout le monde – qu’il soit super héros, gangster ou simple quidam – se retrouve à jouer une tout autre partition que celle qui avait été imaginée par ses créateurs. Influencé par le travail de Mozinor ou de Michel Hazanavicius, le Belge régale la plupart du temps, pour peu que l’on adhère à son humour noir.
Un Faux Livre, détourné par Un Faux Graphiste, aux éditions Delcourt, 128 pages, 15,95 euros
Prison Pit, Tome 1
Voilà un album à ne pas mettre entre toutes les mains (celles des enfants, par exemple). Pur produit indépendant américain qui nous a rappelés aux trips hallucinés de Joe Daly dans Highbone Theater, Prison Pit met le gore et la sauvagerie au dessus de tout. Sans concessions aucunes, se transformant presque en oeuvre abstraite à certains moments, Prison Pit est une succession de combats à mort. Il met en scène un combattant perdu sur une planète hostile, qui rencontre des kilotonnes de monstres, parasites ou pillards (ou les trois en même temps) qui en veulent tous à sa vie pour des motifs absolument absurdes. Il nous tarde déjà la sortie du Tome 2 !
Prison Pit, Tome 1, de Johnny Ryan, aux éditions Huber, 352 pages, 24 euros
Shi, Tome 2 : Le Roi Démon
En pleine première Exposition universelle, à Londres, en 1851, des notables anglais enterrent l’enfant d’une Japonaise dans un jardin, ce qui provoque l’ire d’une noble anglaise, qui décide d’aider cette femme et de ne pas laisser ce méfait impuni. De ce crime découle une croisade menée contre la bonne société britannique et certaines de ses moeurs les plus répugnantes. Né en début d’année avec la sortie du Tome 1 (Au commencement était la colère…), Shi est une aventure au rythme parfaitement maîtrisé, qui prend un cadre historique mais n’hésite pas à piocher dans le fantastique pour pimenter le récit. Le second tome sorti plus récemment avance très bien et augure d’une très belle série d’aventures.
Shi, Tome 2 : Le Roi Démon, de Homs (illustration et couleur) et Zidrou (scénario), aux éditions Dargaud, 56 pages, 13,99 euros
Été (one shot)
Au départ conçu pour Instagram, à raison d’une histoire animée publiée chaque jour sur le réseau social de partage de photos, Été a ensuite posé ses valises sur papier du côté de chez Delcourt. Cette histoire à l’atmosphère très singulière – et assez déprimante, soyons honnête ! – met en scène les aventures du couple Abel et Olivia, qui décident de se séparer le temps des vacances pour vivre un dernier été en solo. Ce sont un peu les montagnes russes de l’émotion que nous fait vivre cet album, doué de la fascinante capacité de nous faire marrer puis nous tirer la larmichette d’une page sur l’autre. Comme dans la vraie vie, en somme.
Été, de Erwann Surcouf (illustration et couleur), Cadène Thomas, Safieddine Joseph et Duvelleroy Camille (scénario), aux éditions Delcourt, 80 pages, 15,50 euros
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La sélection de mars
Notre première sélection de l’année était plutôt petite en taille et essentiellement composée de comics, mais elle ne devrait pas décevoir. On notera notamment l’excellente aventure fantastique en terres américaines Manifest Destiny (trois tomes sortis, à l’heure où on couche ces lignes), et le Tome 1 du Moon Knight de Jeff Lemire et Greg Smallwood, intriguant au possible !
La sélection de mai
On monte en régime avec la sélection de mai. Y réside un de nos plus gros coups de coeur de l’année avec Les cent Nuits de Hero chez Casterman, roman graphique façon Les mille et une nuits, visuellement sublime. On a aussi beaucoup aimé l’étonnant Starve, Top Chef futuriste survitaminé chez Urban Comics, ou la feel good bande dessinée Giant Days chez Akileos, qui raconte avec beaucoup d’humour la vie de trois étudiantes un peu paumées.
La sélection de septembre
Nouvelle montée en régime en septembre puisque 16 albums composaient la sélection de la rentrée (merci M. Excuisite). Mentions toutes spéciales à l’adaptation plus que réussie de La Horde du Contrevent signée Eric Henninot, et à la Saga de Grimr, également aux éditions Delcourt, aventure poignante et superbement illustrée en terres islandaises.
–>> Voir la sélection de septembre
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