Miss Kobayashi Dragon Maid
Adapté d’un manga encore obscur en France, Miss Kobayashi… part d’un postulat impro-bable. Une office girl Japonaise, bien ancrée dans la vie d’adulte et un peu blasée, s’égare après une soirée trop arrosée et fait la connaissance d’une dragonne échappée de son monde. Tooru, c’est son nom, revient toquer le lendemain, mais cette fois sous forme humaine… et avec des habits de maid. La créature s’est éprise de son nouvel hôte et va prestement squatter, sous couvert de prendre soin de l’appartement. Le quotidien de Kobayashi va bientôt se remplir d’êtres surnaturels du même acabit et, mine de rien, lui redonner le sourire.
Cette série, travail du très luxueux studio Kyoto Animation – au moins un très grand gage de qualité technique, tant le studio est loin de manquer de moyens – s’inscrit dans la tradition du « tranche de vie » et de l’humour de décalage provoqué par ces dragons installés dans notre monde. Tooru en personnage principal, Kana en gamine adorable qui s’émerveille de tout, Lucoa en femme plantureuse et au caractère unidimensionnel, puis Elma, dragon aqua-tique, dont la principale caractéristique est d’avoir souvent faim. Les grands classiques y pas-sent : « l’épisode plage », « l’épisode festival », ce n’est pas le chantre de la créativité, mais on y trouve, mine de rien, quelques messages intéressants et progressistes sur la société et la famille japonaise. Un divertissement basique donc, mais aussi léché que possible.
• Disponible sur : Crunchyroll et Wakanim
March Comes In Like A Lion
C’est la caution esthétique, sensible, la plus profonde de cette sélection. Elle tend à prouver que la représentation d’un quotidien, qui ne comporte pas forcément de grandes aspérités, peut aussi être porteuse de sens. Ici, on suit l’histoire de Rei, 17 ans, joueur de shogi (plus ou moins l’équivalent japonais des échecs) qui a un réel problème de dépression. Ce jeu, qui constitue l’ensemble de ses revenus professionnels après son abandon du lycée, n’a pas l’air de tant l’investir que ça, et il se laisse vivoter dans son appartement vide aux abords de Tokyo. Il faut dire que Rei a perdu l’ensemble de sa famille dans un accident violent et que le souvenir de ce drame constitue l’ensemble de sa vie actuelle.
Heureusement, le tableau n’est pas totalement noir puisqu’il est souvent « recueilli » par une fratrie de trois soeurs, elles aussi frappées par un deuil. San-gatsu no lion, adaptation d’un manga de Chika Umino (Honey & Clover), est visuellement superbe, traitée par l’habituel fantasque studio Shaft, ici plus en re-tenue. Une histoire sensible, où des personnages expriment ce qu’ils ressentent (enfin, parfois, et c’est déjà un miracle) mis au service d’un délice visuel permanent. Les personnages, variés, sont riches en caractères et en surprises, et l’anime n’hésite pas à verser dans la noirceur sans jamais atteindre le pathos gratuit. March Comes In Like A Lion, c’est du mélo, du bon mélo, et il n’y a rien de mal à ça.
• Disponible sur Wakanim
Little Witch Academia
Pour résumer au maximum : Harry Potter en anime, pour les plus jeunes. Plus concrètement, c’est surtout la dernière fantaisie du studio Trigger, toujours prompt aux délires visuels. Après deux coups d’essai réussis (aussi disponibles sur Netflix) le producteur américain de streaming s’est offert une saison complète des aventures d’Akko, sorcière très très débutante, dans une école de magie internationale où tout le monde est bien plus compétent en la matière qu’elle. Enfin, sauf les profs, qu’on ne verra jamais avoir de l’autorité ou servir à quelque chose.
Difficile d’éviter les comparaisons : Akko est au centre d’un trio composé des irrésistibles Lotte et Sucy, respectivement nerd proche des esprits et l’autre le meilleur personnage de la série, fétichiste des champignons et des poisons. Autour d’eux gravitent d’autres trios d’élèves et toute une classe qui, à chaque épisode, traversent des aventures épisodiques avant qu’une trame de fond n’apparaisse. La course de balais, celui où on revisite l’origine de la saga Twilight, une abeille qui rend les gens amoureux… tout ça est naïf, parfois un peu lent, mais toujours fait avec beaucoup de plaisir et un sens de la production qui enchante, même si ce n’est pas aussi poussé que les deux premiers courts-métrages. La musique, symphonique, est un petit bonbon qui ne disparaît jamais. Inégal, meilleur dans sa deuxième moitié mais très plaisant, Little Witch Academia est un premier bon exemple de mariage arrangé entre la japanime et Netflix.
• Disponible sur Netflix
[nextpage title=”Des noms qu’on ne présente plus”]
My Hero Academia 2
La saison de printemps marquait le retour de l’un des shonens phares de l’année précédente, issu de l’esprit fertile de Kōhei Horikoshi. Si vous avez aimé Soul Eater, les personnages dingues et un charadesign foisonnant, cet univers est pour vous. Celui d’un monde où tous, dès la petite enfance, se découvrent un superpouvoir et où être héros est un métier qui s’enseigne dans les meilleurs lycées. Hélas, Izuku est l’un des rares êtres humains à ne pas en avoir, mais sa rencontre avec All Might, super héros et comics américain ambulant, va enfin concrétiser ses rêves : rentrer dans la meilleure école du genre en lui transmettant un pouvoir de superforce.
My Hero Academia est plein de qualités, dont la principale est de faire évoluer deux classes de personnages et de tous leur donner une importance, un look bien spécifique, un caractère, comme a pu le faire Assassination Classroom. En revanche, si vous êtes habitués au rythme survitaminé du manga, attention à la douche froide. Dans cet anime, tout paraît plus lent, trop lent, mieux vaut peut-être commencer par l’adaptation si vous vous lancez dans cette œuvre. Heureusement que la production au top de Bones sait parfois faire oublier ce souci de rythme.
Atom : The Beginning
Pour les fans de vintage et d’Ozamu Tezuka, l’adaptation d’Atom a discrètement posé sa patte en début d’année. C’est une uchronie de fiction qui reprend l’univers d’Astro Boy, et change un petit quelque chose. Et si le professeur Tenma, le créateur originel, et le docteur Ochano-mizu (autre personnage iconique) s’étaient liés d’amitié à la fac ? Retranscription d’un monde cyberpunk sans les messages pessimistes fournis avec, on suit le processus créatif et scienti-fique vers l’avènement d’un robot sophistiqué, toujours dans le même délire rétrofuturiste de Tezuka.
Série peut-être un poil en deçà dans son ensemble, au ventre mou rythmique, scéna-ristique et graphique, le début et la fin rattrapent le tir et peuvent intéresser tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’univers étendu du vénérable mangaka. À noter l’un des plus beaux génériques d’introduction de l’année.
Attack On Titans 2
Comment ignorer la suite du blockbuster révélé en France il y a déjà un lustre ? Une piqûre de rappel pour les martiens de passage : dans cet univers très vaguement médiéval, les humains sont enfermés dans trois séries de murs, façon Carcassonne, pour se protéger des titans, des créatures géantes et particulièrement portées sur l’anthropophagie. De courageuses escouades se sacrifient au quotidien pour les vaincre, essayer de percer le secret des humanoïdes géants (dont les liens se tissent de plus en plus avec les êtres normaux…) et préserver, tout simplement, la survie de l’humanité. Les aventures d’Eren et du reste du bataillon d’infanterie sont constamment teintées de défaites, de désespoir, de découragement, rien ne semble jamais marcher dans ce cadre très pessimiste.
Le dessin, agressif et anguleux, est raccord, et cet anime est un festival de visages contrits. La saison 1 nous avait laissés sur un twist improbable, et voici douze autres épisodes qui, scrupuleusement, déroulent le manga d’Hajime Isayama. Une saison crépusculaire, qui bifurque vite sur un passage incroyable (il faut le voir pour le croire, l’exécution est particulière) qui change toutes les cartes. Et encore une fois, moult pleurs, morts, trahisons et de temps en temps, un peu d’espoir pour donner envie de continuer à regarder. Attack On Titans est l’un des univers les plus prenants de son époque.
[nextpage title=”Des univers à découvrir”]
Kado : The Right Answer
Voici une autre histoire originale, très minoritaire dans cette sélection, et la seule production en 3D du lot. C’est aussi la première du studio Toei. Le synopsis, lui, est moins neuf – celui de la collusion entre deux mondes, très grande mode de l’animation japonaise. Ici, plus précisément, ce sont les aliens qui arrivent chez nous, et se manifestent en prenant « en otage » un avion en train d’atterrir dans l’aéroport d’Haneda. Coup de bol : parmi les passagers coincés dans un gigantesque cube de matière inconnue se trouve un négociateur ultracompétent du ministère des Affaires étrangères. Idéal pour converser avec le chef des aliens, un certain Ya-ha-kui zaShunina, les deux individus vont rapidement servir de vitrine de l’échange entre ces deux civilisations. L’alien va proposer divers cadeaux, aux implications parfois hors de notre compréhension, à ses comparses humains. Le monde entier sera témoin de ces échanges.
Malgré quelques couacs techniques, quelques maladresses voire contresens de scénario et une histoire pas toujours simple à prendre au sérieux, Kado est un récit original et abordant des thématiques profondes et rares sur la société. Il y a un cachet un peu atypique qui s’accepte et s’oublie, mais une fois dedans, voici l’une des bonnes surprises de l’année.
Made In Abyss
Univers original totalement méconnu dans l’Hexagone, Made In Abyss est l’une des sensations discrètes de l’été. En son cœur, un univers séduisant : une ville de fantasy où tout tourne autour d’un immense abysse, dont les ressources maintiennent à flot l’économie de la ville. Plus on explore le fond, plus les artéfacts sont rares et précieux, et plus les effets sont néfastes sur le corps et l’esprit humain qui ne peut supporter la « malédiction » grandissante. Quand on contemple l’abysse, elle nous regarde en retour, etc. La société s’organise en plusieurs classes de « sifflets », des éclaireurs à la compétence grandissante, éduqués à la recherche dès le plus jeune âge, quitte à leur forcer un peu la main. Riko, jeune fille ayant perdu sa mère, une exploratrice renommée et sifflet blanc (le grade maximal) de légende, reçoit un jour un message mystérieux en provenance du trou béant. Ça tombe bien : elle vient de rencontrer Reg, jeune garçon robotique, qui pourrait l’aider à comprendre l’origine de cette missive, et peut-être retrouver sa mère.
À partir de là démarre un paradigme génial de fiction : s’enfoncer, littéralement, toujours plus loin dans un univers toujours plus inconnu, toujours plus dangereux. L’aventure, en somme. Le ton est parfois un peu troublant mais Made In Abyss sait installer un univers original, s’y tenir et nous plonger dedans avec brio.
• Toujours en diffusion, disponible sur Wakanim
New Game !!
Et enfin, voici pour les fans du moe – genre chantre du mignon – où les castings, souvent exclusivement féminins, composent des intrigues se résumant à « des personnages mignons font des trucs mignons ». Ici, la deuxième saison d’une série où une nouvelle recrue d’une boîte de jeu vidéo apprend la vie de bureau, entourée de collègues zélées à l’étonnante diversité de caractère et de couleur de cheveux (mais pas de vêtements). Un univers où on dort souvent au travail. Travail qui constitue l’essentiel de la vie, aux frustrations du quotidien et à des drames du quotidien, de l’ordre de « qui a mangé le Flamby ? ».
Bien sûr, vous n’apprendrez pas grand-chose sur le jeu vidéo et le charadesign, mais New Game est emblématique d’un genre de fiction où l’on débranche un peu son cerveau et l’on consomme un peu la chose de manière alimentaire, sans jamais vraiment regretter. Une drôle de sensation, pas mal pour réviser les archétypes du moment.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.