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[La sélection de la rédaction] Les 20 pires films de 2017, entre ennui et consternation

Cette année, j’ai frisé les 160 films au cinéma, soit environ deux semaines non-stop les fesses vissées sur une chaise dans un UGC ou un festival….

Cette année, j’ai frisé les 160 films au cinéma, soit environ deux semaines non-stop les fesses vissées sur une chaise dans un UGC ou un festival. Fatalement, on en tire une bonne partie de séances horrifiques, ennuyeuses, ou juste médiocres. Voici un aperçu du pire de ce qui a été projeté cette année. Cette liste ne reflète qu’un parcours personnel, les avis déroulés ci-dessus n’engagent que moi. Aussi, elle aura un coté un peu aléatoire : par exemple, vous ne verrez pas l’intégralité des films de comédie française, dont une bonne partie ont brillé par leur contenu abyssal. D’autres s’en chargent très bien. Ce n’est pas la liste exhaustive, c’est celle d’une personne.

Le Crime de l’Orient-Express

20) HIRUNE HIME

Quel crève-cœur de devoir commencer par un film d’animation japonaise ! La bonne nouvelle, c’est que les diffuseurs spécialisés se démènent pour nous amener une variété de films toujours plus grande. La mauvaise, c’est que ce panel commence à faire arriver quelques casseroles. Hirune Hime est un film qui ne tient jamais son concept : les rêves fantastiques d’une adolescente ont une incidence sur la réalité. Mais ce road-trip dont le vrai sujet est – surprise ! – les voitures autonomes s’embourbe dans son concept, au détriment du reste. On ne comprend plus grand-chose, et on en garde le souvenir d’une aventure trop générique pour son bien.

19) LES GRANDS ESPRITS

Aller très régulièrement à un réseau de cinémas (au hasard : UGC), c’est aussi se taper les rotations hebdomadaires de bandes-annonces. Et parfois, dans ce quart d’heure, se produit un phénomène de déjà-vu. Trois fois de suite le même film : Le Brio, C’est tout pour moi ou Les Grands Esprits. Ce dernier, avec Denis Podalydès (de-la-Comédie-Française) ouvre le bal d’un carcan qu’on a tous vu vingt fois. Le prof hors de son élément qui prend une classe turbulente sous son aile, tout le monde devient humainement meilleur et on suit l’histoire d’un ou d’une élève en particulier. C’est dommage, car si la première scène se prolongeait et que le film était une satire des classes prépa littéraires, ils tenaient un truc.

18) LOVING

C’est sans doute un peu difficile de voir Jeff Nichols apparaître dans une telle liste. Mais Loving est un film sur rails. Des rails sur d’autres rails. Des rails très ennuyeux. Déjà surhypé après un Midnight Special aux qualités clivantes (ici, c’est le camp du « contre »), ce film est le deuxième de suite qui m’interroge. Pourquoi porte-t-on aux nues ce réalisateur ? Loving s’étire, s’étiiiiiire, subit trop d’éléments perturbateurs qui nous séparent du happy end. Le dernier tiers est une petite torture. Et si vous ne savez pas de quoi on parle, bonne nouvelle : tout est dans la bande-annonce.

17) LIVE BY NIGHT

Ben Affleck est le tueur de romans d’Hollywood. Il continue de maltraiter un bouquin, dix ans après Gone Baby Gone. Il les simplifie, prend les meilleurs éléments et en fait des artéfacts à sa gloire, quitte à réécrire le rôle principal. Et Ben Affleck a un gros souci : il n’a aucun style. Parfois, il fait semblant, avec une petite idée ponctuelle. Mais avec un genre aussi pur que le polar et le films de gangsters, la sentence est irrévocable. Ben Affleck, maître du regard contrit (une discipline où la concurrence avec son frère Casey est forte) ne se maîtrise pas, ou ne va jamais assez loin. Live By Night, c’est une copie trop médiocre avec des moments de bravoure trop sporadiques. Préférez le livre, il est court !

16) THE CIRCLE

Vous trouvez Black Mirror trop forceur ? Regardez donc The Circle, votre seuil de tolérance sera bien plus grand. On devine tout dès l’affiche. Emma Watson est engagée dans une grande entreprise de la Silicon Valley. C’est un milieu qui respire le cool, mais où tout le monde se tue secrètement au travail. Tout le monde est zombifié. Elle va prendre des jalons par hasard. Puis filmer son quotidien. Hashtag ça tourne mal. Le cahier des charges de ce film est transparent, et il n’existe que pour placer des références au monde de la tech qui seront impossible à attraper dans quelques années.

15) BLAME

Diffusé sur Netflix mais aussi en salles notamment grâce au Festival d’Annecy, cette adaptation de Blame est d’un ennui mortel. Hermétique aux nouveaux venus, ce film nous montre deux heures de la même séquence en boucle : des gens papotent en progressant dans un couloir craspec et ombragé. On peut en sauver une petite heure où une mythologie commence. Le reste est mou comme la mort. Moi, je n’ai toujours pas compris le scénario, et je ne suis pas le moins otaku du lot !

14) L’AMANT DOUBLE

Après Elle de Paul Verhoeven, c’est François Ozon qui tente une histoire tournée autour du viol, puis d’un consentement toujours flou. Veut-elle ? Veut-elle pas ? Est-ce qu’elle ne deviendrait pas dingue ? Libre à vous d’apprécier ce genre d’intrigue, mais ce film m’a procuré plus d’angoisse qu’autre chose. Et votre serviteur n’est pas vraiment une petite nature, en ce qui concerne le cinéma.

13) LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS

Qui ne connaît pas les ressorts de l’un des whodunit les plus connus de la culture populaire occidentale ? Plus de quarante ans après l’adaptation de Sidney Lumet, c’est Kenneth Brannagh qui s’y colle. Ce même Kenneth campe Hercule Poirot dans une version fatiguée et crépusculaire, sans doute le meilleur aspect du film. Un casting all-star fait pour plaire à tous les publics, des scènes d’action inédites mais qui ne mènent à rien, et un concours général de cabotinage n’arrange pas un film qui n’apporte rien de nouveau. C’est dommage, on aurait pu avoir un autre « film de train » culte après Dernier Train pour Busan ou Le Transperceneige, tous deux ayant une véritable licence artistique.

12) ALIEN : COVENANT

Ridley Scott a perdu son frère Anthony en 2012, et c’est peut-être une des raisons qui font qu’Alien : Covenant part en vrille sans jamais s’arrêter, mâtiné de délires sur la religion et l’origine des corps. Prometheus était déjà un naufrage scénaristique, et Ridley Scott s’en est excusé depuis. Et pour se faire pardonner… il a refait le même film. Avec les mêmes scientifiques idiots. Avec un David Fassbender aux motivations toujours étranges, et la source de quelques séquences un poil grotesques. Ridley Scott a un peu trop confiance en sa propre mythologie. Si on adhère pas, ça passe très mal au visionnage.

11) BIG FISH AND BEGONIA

Peut-être sera-il distribué chez nous un jour ? Ce dessin animé, diffusé à Annecy, est une production chinoise qui essaie de faire son propre Voyage de Chihiro, en singeant le style Avatar de Nickelodeon. Pour un rituel de passage à la vie d’adulte, une fille d’une humanité supérieure se transforme en dauphin, descend sur Terre, et tue accidentellement un pêcheur. Commence un voyage initiatique à travers de nombreuses strates de mocheté. C’est baroque, on ne comprend pas grand-chose, les motivations et les décisions de tout le monde sont incompréhensibles et ça s’étire en longueur. Big Fish & Begonia est un film où on trouve quatre scènes finales successives.

[nextpage title=”Le pire du pire”]

10) GUARDIANS OF THE GALAXY 2

Ce n’était pas très difficile.

Y’en a marre du MCU. Spiderman : Homecoming a un petit quelque chose d’encourageant, mais pour un film cool de la franchise, il y en a deux médiocres qui sortent la même année. De deux choses l’une : soit l’usine-à-films-de-deux-heures-vingt est en panne sèche depuis le début de la deuxième phase, soit nous n’en pouvons plus. Guardians 2, toujours le même carcan, des blagues qui forcent en diable, bref, vous pouvez remplir une grosse majorité des cases. Depuis le second Avengers, la fatigue est trop grande pour se concentrer sur les rares moments de bravoure.

9) SEULS

C’est bien dommage. Seuls a deux grandes qualités :
– Le courage de se tenir au scénario du matériau d’origine, risqué à l’écran ;
– Quelques plans un peu fous, dont des quartiers vides de la Défense.

Mais voilà, Seuls est ultra gênant. Ses acteurs sont gênants. Cette conclusion est gênante. Ils se réveillent seuls au monde et ils sont pénibles à regarder. Il n’y a pas un effet de timing qui soit réussi, on peine à croire à ce qui nous est montré, faute de cohérence interne. C’est une comparaison fantaisiste, mais pour un film de gosses évoluant en milieu crépusculaire, on retournera sur Nocturama.

8) MARIE-FRANCINE

J’adore Valérie Lemercier, plus que tout. Patrick Timsit, rare, y fait un rôle touchant. Mais j’ai vieilli de 30 ans devant Marie-Francine. Il se termine sur du Aznavour. Et je ne vais pas au cinéma pour penser à ma propre mortalité.

7) FAST AND FURIOUS 8

« C’est bien dommage » : le retour ! Il était simple de découvrir la série avec le 7, de prendre du plaisir devant et sans ironie aucune. Le 8 est une grosse fanfiction : les personnages présentés comme des forces satanistes deviennent des papas poule, l’art de la bonne vanne n’est plus là, et tout ça se termine devant un barbecue. Je sais qu’ici on est pas dans le chantre de l’écriture et de la continuité mais ce film s’assoit royalement sur ce qui a été dit et fait avant lui.

Dans le précédent, je craignais que The Rock n’explose, là je commence à avoir peur qu’il vieillisse trop. Et d’accord, il y a une scène bien débile et rigolote à base de voitures téléguidées, mais la réalisation est si insipide que même les scènes d’action ont un petit goût d’ennui qui traîne. Les aventures de Baboulinet deviennent trop télévisuelles, et bon, on ne parlait pas de Star Wars à la base.

6) JALOUSE

Si ce film paraît un peu sorti de nulle part dans le contexte, c’est qu’il incarne une vilaine tromperie sur la marchandise. Jalouse, étiqueté comédie, est en fait un film sur la dépression. Karine Viard en a marre de sa vie, ne s’en rend pas compte et devient toxique avec son entourage, quitte à (involontairement ?) empoisonner sa fille la veille d’une compétition importante. Il faut être ultra fan de l’actrice pour passer un bon moment devant Jalouse qui, vu à l’aveugle, peut se révéler être une expérience très déplaisante. Ce film est une tragédie qui ne se termine pas de manière trop désespérée mais si vous n’allez pas bien, il va se cantonner à vous mettre le nez dans le problème sans apporter la moindre solution. Bref, ce n’est pas dans ce film qu’on trouvera la dimension divertissante de la souffrance d’autrui. Et encore, je ne parle pas des aspérités du film en termes de réalisation, y’en a pas, nous sommes en comédie française, souvenez-vous !

5) VALERIAN

À deux doigts de faire un truc potable. Après une intro qui va et une séquence plastiquement hideuse, Valérian commence plutôt bien, avec une scène de course-poursuite transdimentionnelle plutôt réussie. Et c’est la descente, plombée par un duo dont on se fout. Ça tombe bien, les deux acteurs principaux aussi, et l’un de l’autre. Si vous pensez que les personnages de La La Land manquent d’alchimie, vous pouvez toujours regarder Valérian. Luc Besson a ingurgité tout son manuel de SF, et le restitue dans un gloubiboulga de références sans saveur. Luc Besson s’en fout de son public. Bref, tout le monde s’en cogne, et ça s’est vu au box-office. Pour un film à la telle trajectoire, c’est bien bête !

Points bonus pour Rihanna, qui incarne un super poulpe-alien sacrifié après deux scènes. Luc Besson essaye de rendre triste la mort d’un personnage qu’on connaît depuis cinq minutes. Moi, j’étais triste pour le poulpe.

4) CARS 3

Cars 3 n’est pas le moins bon des films Pixar. C’est le pire. Le projet est déjà discutable – redonner une suite à la franchise la moins solide de la boîte, pourquoi ? Mais Cars 3 est chiant. Il ne s’y passe rien. Vendu comme un projet radical et iconoclaste, il est une énorme redite du premier, avec un peu moins de tension, et sans l’effet de surprise. C’est un film super médiocre, et le voir estampillé Pixar est un crève-cœur. Coco sauve les meubles sur l’année mais le futur proche ne fait pas rêver avec sa litanie de suites.

3) ALIBI.COM

Abandonnez tout espoir, cette place est dédiée à la comédie française nulle. Vous savez, celle aux bandes-annonces interchangeables – une vanne, une musique upbeat, un bruit de porte genre « swoosh », une autre vanne, fin de la bande-annonce.

Ignorons le Christian Clavier Cinematic Universe, au canevas aussi stakhanoviste qu’odieux, et concentrons-nous sur la source principale de lol en 2017 si l’on écoute les producteurs français : la bande à Fifi. Avec son concept de start-up qui couvre vos bêtises à votre place, il y a un début de scénario. Mais la stratégie du truc est simple : vous balancer cinquante vannes à la minute, et ne jamais vous laisser réfléchir. Il y en a une ou deux qui atterrissent quelque part, mais qui ne mobilisent pas grand-chose. Humour slapstick, animaux rigolos qui mordent des couilles, etc. Ce n’est pas un film d’une grande intelligence.

Cette place est, par procuration, dédiée à Épouse-moi mon pote. J’ai juste pas eu la petite pulsion morbide, et c’est de la part de quelqu’un qui s’est fadé Les Profs 2 ou Les Visiteurs 3.

2) BAD BUZZ

Franchement. Quelle indignité.

Quelle peut être l’origine d’un truc pareil ? Un peu moins de 50 000 âmes ont vu Bad Buzz, par ironie, curiosité, et un paquet de journalistes devant bien rendre quelque chose. Ce film était-il l’une des clauses du transfert de Yann Barthès vers TMC ? Comment peut-on atteindre 4 millions de budget avec une telle pauvreté ? Sans surprise, Bad Buzz est consternant, interminable, offensant pour tout le monde et jamais drôle. Il déprime, donne envie de détester le cinéma français, les médias, le fameux système, les producteurs et tout ce qui peut contribuer à un truc pareil.

Bad Buzz est éreintant.

À un moment, je me souviens avoir nerveusement pété les plombs devant un gros-plan appuyé sur une plaque minéralogique WC-69-PQ. Ou peut-être était-ce WC-69-PD. Je ne sais même plus. On est pas à une homophobie près.

1) LE MONDE SECRET DES EMOJIS

Au moins, personne n’a vu Bad Buzz. Mais Le Monde Secret des émojis est une grosse production américaine au succès honnête. Ce film est proprement naze et un peu néfaste, par-dessus le marché. Pub ambulante et subliminale pour des produits et applications Sony, le grand manitou producteur du film, ce film montre une très grande méconnaissance du milieu de la tech. Qu’est-ce qu’un firewall ? Qu’est-ce qu’un troll ? Rassurez-vous, il n’en ont aucune idée.

Le Monde Secret des émojis est une torture trop longue pour un film d’une heure et quelques. Générique en diable, il n’a aucune âme. Il n’est jamais drôle. Il pourrait être généré procéduralement, par des algorithmes mal fagotés, qui auraient laissé passer une séquence de danse horriblement gênante, doublée d’une pub géante pour Candy Crush et Let’s Dance. Ce film fout la honte à toute personne impliquée. Féloches, Sony, tu as pondu le pire film de l’année.

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