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La Roue du Temps saison 3 : on a enfin compris le gros défaut de la série

Ce jeudi 13 mars marquait le retour de La Roue du Temps sur Prime Video. Après trois épisodes de la saison 3, on a compris pourquoi parfois ça marche un peu mieux…

La roue tourne va-t-elle tourner pour la première série de fantasy de Prime Video ? En 2021, alors que les aficionados de la Terre du Milieu attendent l’adaptation des appendices du Seigneur des Anneaux de pieds fermes, Prime Video s’offre une première chance de les réunir sous sa coupe avec une autre saga littéraire emblématique. Sous l’impulsion de Rafe Judkins, l’imaginaire de Robert Jordan doit prendre vie et prouver que la filiale d’Amazon a les épaules pour s’emparer de fresques de fantasy ambitieuses.

La première saison sera d’ailleurs plutôt bien accueillie par celles et ceux pour qui les romans sont inconnus. Les audiences sont bonnes, La Roue du Temps ne tarde pas à s’imposer comme l’une des séries les plus vues sur Prime Video. Pourtant, les critiques ne sont pas toutes enthousiastes et beaucoup soulignent que certaines décisions prises par les scénaristes nuisent à la mythologie de Jordan.

Les lenteurs du début autant que ces changements auront raison de l’intérêt d’une partie du public. Mais à l’occasion de la saison 3, et alors que la fantasy peine à convaincre au format sériel, La Roue du Temps a un potentiel énorme… qu’elle semble enfin avoir compris comment exploiter. Et c’est bien dans les pages de la saga littéraire que le créateur de l’adaptation a trouvé la lumière.

The Wheel Of Time
© Prime Video

Sortir de l’ombre…

Lorsque Robert Jordan commence à écrire La Roue du Temps dans les années 80, la fantasy peine à s’extirper du modèle instauré par J.R.R Tolkien. Comme lui, la plupart des auteurs du genre s’inspirent d’une période médiévale occidentale et fantasmée pour construire les dynamiques politiques, humaines et l’esthétique. Rois, reines, chevaliers et vassaux naviguent au sein d’intrigues teintées de magie, des nains, d’elfes et de quêtes prophétiques. Ce sont tout autant de choses que l’on retrouve chez Jordan, mais réinventées avec un angle tout à fait inédit. Selon Brandon Sanderson, qui a achevé l’écriture de la saga à la mort de son auteur :

“La Roue du Temps est la première œuvre majeure de la fantasy à s’échapper de l’ombre de Tolkien. Plutôt que de reprendre les mêmes archétypes, les mêmes histoires, il a cherché de nouveaux genres de personnages et crée de nouveaux mondes”.

Pour autant, cette singularité de La Roue du Temps ne s’est que très peu fait ressentir avec la première salve d’épisodes. Comme la quête de Frodon, celle de Rand évoluait autour de forces obscures qui partaient à ses trousses, de créatures qui ressemblent à s’y méprendre à des Nazgûl. La figure de l’élu, devenue source de raillerie lorsqu’il s’agit de parler du genre, est une nouvelle fois convoquée et le public a l’impression de voir une relecture moins savante d’histoires qu’il connaît déjà.

La danse du dragon trouve son tempo

Dans ces premiers épisodes, à trop vouloir répondre aux attentes des spectateurs et s’imposer comme le nouveau Game of Thrones, La Roue du Temps en a oublié tout ce qui fait la saga de Robert Jordan. Elle n’a pas pris le temps de construire ses héros autrement que comme des archétypes, de Rand à Nynaeve en passant par Perrin. Il aura fallu attendre la fin de la saison 2 pour que la série trouve son tempo et qu’elle rende hommage à la créativité de Jordan.

Effets Visuels La Roue Du Temps
© Prime Video

Si l’esthétique reste encore convenue, pour ne pas dire ringarde dès qu’il s’agit d’immortaliser les pouvoirs des Aes Sedai, force est de constater que La Roue du Temps continue de cultiver sa singularité au travers de ses décors autant que ces inspirations. Un sentiment amplifié à la découverte de la saison 3, qui multiplie les prises de risque et s’attarde plus sur la personnalité de ses héros. Plus que jamais, on se prend au jeu de cette série plus intéressante qu’il n’y paraît.

On a confiance

Avec son envie de s’extirper du modèle instauré par Tolkien et Peter Jackson au cinéma, de sortir de l’ombre de Game of Thrones et son approche plus réaliste et sombre de la fantasy, La Roue du Temps pourrait s’imposer comme un immanquable du genre. Après trois épisodes de cette troisième saison, l’on peut noter des améliorations majeures. C’est le cas avec la scène d’ouverture, qui a la ferme intention d’en mettre plein les yeux aux spectateurs. Une séquence qui, bien qu’elle repose sur les mêmes effets visuels désuets que pour les épisodes précédents, profite d’un traitement plus abouti. La Roue du Temps a le sens du spectacle et on peut déjà apprécier que la série ne se montre pas avare en séquences du genre.

Elle a aussi rectifié le tir concernant ses personnages et leur personnalité, faisant moins reposer les ressorts dramatiques sur de longues tirades que des silences qui en disent tout autant. Pour la première fois depuis le début de la série, on se prend réellement d’affection pour Rand, Nyneve, Egwene, Perrin, Matt et l’on voit peu à peu Moiraine s’effacer pour prendre la place qu’elle a véritablement dans les livres.

Elle devient un guide autant qu’un adversaire pour Rand, une meneuse plus discrète. Si l’on peut comprendre pourquoi Prime Video a fait du personnage incarné par Rosamund Pike l’épicentre du récit, toute cette lumière accordée à son personnage s’est faite au détriment des autres et de leurs parcours. La saison 3 profite d’un équilibre moins précaire, même si, après l’ouverture en fanfare, l’on sent déjà une perte de rythme que les prochains devraient compenser. Il faudra attendre le final de cette salve pour décider si le jeu en vaut encore la chandelle et si la série à défaut de réinventer la roue perdurera dans le temps.

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