Comme tous les automnes, les amateurs français de jeux vidéo vont pouvoir se retrouver au sein du plus grand salon du pays dédié au dixième art. La Paris Games Week va ouvrir ses portes à Paris Expo le temps de 5 jours remplis d’activités et d’expériences interactives. Le salon revient du 1er au 5 novembre inclus, et se prépare à investir trois halls cette année après une édition en douceur en 2022.
Pour l’occasion, nous avons pu discuter avec Nicolas Vignolles, délégué général du SELL, le comité organisateur de la Paris Games Week. Face à des enjeux économiques importants, et une situation qui se dégrade pour les salons physiques liés aux jeux vidéo, l’évènement français tient toujours debout et fait même figure d’exception. Pour l’homme d’affaires, ce succès ne doit rien au hasard, et se prépare non seulement à durer, mais aussi à gagner en popularité.
Les salons physiques sont-ils tous voués à l’échec ?
La “mort” de l’E3 n’a échappé à personne cette année. Véritable pilier des salons vidéoludiques, et même précurseur, le salon international a eu beaucoup de mal à rebondir après la numérisation de la communication et n’a pas su s’adapter correctement au nouveau marché ni aux modes de consommation des joueurs après la pandémie. La période post-COVID a finalement eu raison du salon qui a été annulé pour de bon cette année. Si l’ESA prépare un retour, dans un nouveau format, l’avenir même des salons physiques est remis en cause. Pourtant, la Paris Games Week résiste.
Selon Nicolas Vignolles, c’est parce que le salon représente un pan de la culture vidéoludique spécifique : l’aspect communautaire. Lors de cette semaine, les joueurs n’assisteront pas à des annonces inédites et ne découvriront en image aucun jeu en avant-première (les fameux world reveal). Si cela pourrait faire rayonner la Paris Games Week à l’international, le SELL s’y refuse, et ce pour des raisons bien précises : “la tendance de fond, on y croit moyen. On croit en revanche à la désaisonnalité des lancements de jeux,” nous confie Nicolas Vignolles.
Les organisateurs de la Paris Games Week refusent de se mettre dans le même bateau que leur homologue californien, et pour cause. Les différences entre ces deux rassemblements sont nombreuses. Bien qu’il déclare que “la situation de l’E3 est une très mauvaise nouvelle“, il estime que le salon est “provisoirement touché, mais pas coulé“. Ce qui permet à la Paris Games Week de se pérenniser est sa force de frappe sur place, lors d’un évènement où les débordements de passion sont permis.
Avec son “petit côté parc d’attractions gaming qu’on assume complètement“, l’évènement français ne peut tout de même s’affranchir de certains codes liés à l’industrie, notamment par rapport à la présence des trois constructeurs (PlayStation, Xbox et Nintendo). Elle impacte directement la programmation du salon et la présence des autres annonceurs. Pour Nicolas Vignolles il s’agit d’un aspect “décisif” de l’évènement. Mais alors qu’ils désertent tous les festivals et autres salons physiques depuis quelques années, marques, développeurs et fabricanrs sont toujours au rendez-vous, plus en forme que jamais à la Paris Games Week. C’est déjà là le témoin d’une recette gagnante pour l’acteur français.
L’atout de la Paris Games Week est dans “son ADN”
Les quelque 150 000 visiteurs de l’année passée devraient être encore plus nombreux en 2023, alors même que le salon troque son petit hall de retour pour ses trois halls historiques. Un retour à la normale ? Pas réellement si on se penche sur le fond du sujet. Bien sûr, l’ADN de la Paris Games Week reste le même et mise sur les ingrédients qui ont permis au salon de s’imposer jusqu’ici : l’expérience, l’e-sport et la communauté.
Lorsqu’il parle des piliers de la Paris Games Week, Nicolas Vignolles loue sa “promesse expérientielle, avec la possibilité de jouer à des nouveautés.” Les annonceurs n’auront rien de transcendant à annoncer, mais prévoient énormément de titres à tester, directement sur place, et parfois jouables pour la première fois en Europe. En ce sens, l’évènement parisien s’approche de la recette de la Gamescom, la soirée d’ouverture en moins. On est sur un salon à échelle humaine qui se veut proche de son public.
La Paris Games Week c’est également “une immense fête, un show“, non seulement grâce à ses activités organisées par les exposants, mais aussi pour l’effort de communauté qui est mis en œuvre durant une semaine. Depuis quelques années, la scène e-sport prend de plus en plus d’ampleur et cette année le salon a vu grand : 3000 m² pour 1800 places assises. Il peut également compter sur des temps forts d’une plus grande envergure, comme la finale de la Coupe des étoiles sur le MOBA League of Legends. Le bon filon pour la Paris Games Week est de s’assurer bien en amont que les organisateurs des compétitions gardent le salon en tête pour la programmation. Cela donne toujours lieu à des rendez-vous remplis de passion, pour l’amour du jeu, mais aussi ceux qui le représentent.
Tout en gardant ses valeurs et activités initiales, le salon réussit à se réinventer à travers différents médiums, dont l’intégration progressive des influenceurs. Le délégué général nous promet du beau monde. Bien qu’aucun nom n’ait été partagé, on sait déjà que la PGW accueillera “les cinq plus grands streameurs français. D’autres têtes viendront ponctuer les festivités, à l’instar de Kameto qui sera hôte d’honneur du salon.
Aller plus loin que le jeu vidéo : une bonne idée ?
Depuis son retour, la PGW a d’autres ambitions et le fait savoir. Baptisée Next Level, l’édition 2023 affiche déjà une promesse d’ouverture à la pop culture tout entière. Pour Nicolas Vignolles, l’idée est de rassembler les fans du jeu vidéo, mais aussi de tous les domaines qui le composent sous une seule et même bannière. Sont concernés les domaines de la musique, du cinéma, du livre ou encore du sport dont les liens avec l’industrie vidéoludique ne sont plus à prouver. Mais multiplier les entrées dans le secteur n’est-ce pas prendre le risque de diluer le cœur du salon pour les fans de la première heure ?
Cette année, les visiteurs pourront découvrir de multiples installations qui rappelleront à certains des hobbies oubliés ou fréquemment pratiqués. On nous dévoile par exemple qu’un skate parc de 750m² sera construit pour l’occasion, ainsi qu’un terrain de basket 3×3 et même une salle de cinéma. Les mélomanes profiteront d’un concert tandis que les amateurs d’art pourront admirer une galerie ainsi que les nombreux cosplays.
“On aimerait que ça dépasse les communautés du jeu vidéo et que ça irradie autour.” – Nicolas Vignolles
La question de savoir si la Paris Games Week n’est pas menacée au même titre que l’E3 n’est finalement pas si pertinente. Jusqu’ici, le salon n’a souffert d’aucune difficulté majeure et il semble que le rassemblement physique, malgré l’absence totale d’annonces, suffise à faire le charme de l’évènement ainsi que son succès. Nous avons affaire à deux modèles économiques, mais aussi participatifs complètement différents. Le problème de l’ESA a sûrement été de prendre le virage trop tard et de ne pas avoir su se réinventer à temps pour suivre sa communauté. Aujourd’hui, les joueurs demandent à être représentés, ce que la Paris Games Week leur permet de faire le temps d’une semaine à Porte de Versailles. L’édition 2023 sera-t-elle couronnée de succès ? La réponse dans quelques jours.
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J’y ai été il y a quelque années vraiment nul de chez nul … des files de plusieurs heures pour 5 minutes de consoles…
Rien d’extraordinaire à montrer … et une organisation laxiste incroyable.