Passer au contenu

La Forteresse du Chaudron noir : premier livre interactif pour le YouTubeur Bob Lennon

Aujourd’hui sort La Forteresse du Chaudron noir. Imaginé par le YouTubeur Bob Lennon. L’occasion pour le créateur de contenu de nous parler de son premier livre interactif, première étape d’une heptalogie bourrée de référence au genre Sword and Sorcery.

Sortie aujourd’hui, La Forteresse du Chaudron noir signe le début d’une série de livres interactifs mettant en scène les aventures du jeune Billy et du valeureux Pyro-barbare. Imaginé par le YouTubeur Bob Lennon, le projet a connu un énorme succès lors de sa campagne de financement participatif, avant de finalement sortir pour le grand public chez Omake Book. Rencontre avec le créateur d’une saga en devenir.

La forteresse du chaudron noir chapitre
© Journal du Geek

Tu sors cette semaine La Forteresse du Chaudron noir, mais c’est n’est pas la première fois que tu es sollicité pour créer un objet éditorial. Qu’est-ce qui t’a convaincu d’accepter ce projet ?

En fait, on m’a proposé des projets alternatifs pour me diversifier de ce que je faisais sur YouTube. Il faut bien l’avouer, je ne suis plus dans ma période Elvis Presley, mais plutôt dans un déclin confortable. Je me suis essayé au doublage, ce que je fais activement, puis on m’a proposé de faire une bande dessinée, ce dont je me suis offusqué. Une BD, ce n’est pas du tout cohérent avec ma licence créative ni avec ce que je donne aux gens. Un roman, c’est pareil, je ne suis pas romancier, ce n’est pas ce que je suis. En fait je suis conteur, et ça, c’est différent d’animateur, d’écrivain et même de YouTubeur. Mais pour raconter des histoires, il faut être en phase avec son public. Donc c’est comme ça qu’est venue l’idée d’un livre interactif. Pour moi c’était le choix le plus cohérent, surtout que j’ai été plongé dedans quand j’étais enfant.

Avant même sa sortie, La Forteresse du Chaudron Noir a connu un énorme succès auprès de ta communauté, ça ne met pas un peu la pression ?

On a lancé une campagne de prévente qui a explosé, avec un financement à plus de 5000% et 25 000 exemplaires vendus. Bien sûr que ça met la pression. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai tout de suite prévenu mes contributeurs en leur disant : “Merci infiniment, ça me touche terriblement, mais vous n’aurez absolument rien de plus que ce pour quoi vous avez payé”. Je ne vais pas faire un film, je ne vais pas faire un jeu vidéo, ni rien d’autre. Non seulement ce serait dénaturer le concept, mais en plus ce serait contreproductif pour l’œuvre que je suis en train de faire, et pour laquelle les gens ont payé. Par contre, l’objectif c’est de donner le meilleur de ce que je suis capable de faire. Je ne dis pas que ce sera le meilleur du monde, parce qu’il faudrait un niveau de puissance absurde, mais je ferais le mieux que je pourrais.

Comment tu t’y es pris pour créer ce livre ?

La première chose que j’ai faite, par souci d’honnêteté intellectuelle, c’est de prendre un coauteur (David Kuhn, NDLR). C’est d’ailleurs en partie grâce à lui que c’est un succès et que les premiers retours sont extrêmement positifs. Ça ne veut pas dire que je n’avais pas un contrôle créatif à 100% sur l’œuvre. Il a plutôt eu un rôle de conseiller : j’écrivais le squelette d’un module, il écrivait un premier jet, et je réécrivais la version définitive ensuite.

Dans un premier temps, j’ai passé quelques semaines à écrire mon histoire, tout en rectifiant des détails qui n’arrangeaient pas le scénario. Puis je me suis rendu compte que ce fonctionnement à la JK Rowling, ce n’était pas réfléchi. J’ai trouvé ça inacceptable, alors je me suis arrêté. J’ai passé quatre mois à créer un univers entier, avec ses continents. J’ai fait les peuples, les cultures, les guerres, l’histoire, les religions, les accents, les rivières, ce qui s’est passé il y a 1000 ans et ce qui se passera dans 500 ans. Tout, j’ai absolument tout créé. Il y a des milliards de choses à prendre en compte. Mais une fois que j’avais tout ça en tête, j’ai pu définir précisément le voyage de Billy.

Il y a aura un fil rouge, il en faut un. Mais ce ne sera pas à chaque tome le même méchant qui s’enfuit. Non, le seul élément central de mes sept tomes, ce sera le duo formé par Billy et le Pyro-Barbare. Ce qui implique que les tomes pourront être lus individuellement ou dans le désordre, sans obstruer la compréhension du récit. Le livre a été pensé pour être le plus inclusif possible.

Le jeu vidéo, c’est quelque chose qui t’a inspiré aussi ?

En partie, parce que c’est une descendance directe du genre Sword and Sorcery. Parfois pour les succès et les facilités de gameplay, les codes du jeu. Sinon je ne peux pas dire que ce soit une réelle inspiration. Le principe du jeu vidéo reste l’interactivité du gameplay, et ça, ce n’est pas retranscriptible en livre. Même si je pense que j’ai vraiment fait un super bon taf, et que j’ai réussi à créer quelque chose qui à la fois ait des conséquences, mais qui reste une partie de plaisir. Il y a aussi un côté legacy, le personnage va gagner des classes. Billy Paysan va devenir Ouvrier, puis Contremaître, tandis que Billy Prudent finit Fonctionnaire, puis Politicien. Donc si tu es dans la continuité des tomes précédents, ton Billy va évoluer, en gagnant des points et des avantages.

Quelles ont été tes influences pour imaginer les aventures de Billy et du Pyro-barbare ?

Ma première inspiration, c’est Conan pour l’aspect décors et ambiance. Michael John Moorcock aussi, même si personne n’a compris comment interpréter la fin, qui en fait est une inversion de tous les codes du Sword and Sorcery. Il y a aussi, évidemment, cette influence des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett, parce que son absurdisme est incroyable. Ça se ressent pour le personnage du méchant par exemple. Il s’appelle Virilus, c’est une montagne de muscle qui fait 3 mètres 60 et qui pète des tables en obsidienne. Ça peut paraître bas d’écrire un gros méchant qui ressemble à un cliché de Sword and Sorcery, mais encore faut-il bien le faire. Si tu l’écris un peu plus intelligent que la moyenne, avec un peu d’honneur, qu’il n’est pas un psychopathe à la Voldemort, ça apporte de la profondeur au récit. Il y a une fin où tu peux négocier avec d’ailleurs, et il te laisse partir.

Il faut aussi être prudent sur les influences, parce que souvent la qualité réelle est occultée par notre nostalgie. Tous ceux qui me disent qu’ils jouaient à des livres dont vous êtes le héros étant jeunes, je leur dis qu’ils n’ont pas essayé depuis longtemps. Je vous jure que c’est comme Final Fantasy sur NES. Moi j’en garde un souvenir très positif, mais si je devais me le retaper en stream, c’est une purge absolue. Et pourtant on ne leur reproche pas, c’était avant Internet, avant plein de choses. On leur pardonne, c’était des créations fantastiques à l’époque, qui ont fait rêver des millions de gens. Mais objectivement parlant, j’ai voulu faire un produit supérieur à tout ça. Pas par vantardise, mais parce que je me bats contre l’idéalisation que les gens se font de ces livres d’époque, et aussi par volonté de bien faire les choses.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Mode