Un plaid, une boisson chaude et des nerfs en acier. Comme chaque année, à l’approche d’Halloween, le besoin d’explorer des univers lugubres se fait plus pressant. Les journées de plus en plus courtes sont propices à la découverte d’imaginaires torturés, de récits fantastiques dont on ne sort souvent pas indemnes. À l’occasion des vacances scolaires, voici quelques pépites à découvrir d’urgence, que vous soyez amateurs de récits apocalyptiques, de fantasy ou simplement en quête du grand frisson.
Swan Song : Le Feu et la Glace – Robert McCammon
Publié chez Monsieur Toussaint Louverture (540 pages) – 12,50 euros
Cette année, pour Halloween, on assiste à la fin du monde. Chez Monsieur Toussaint Louverture, l’auteur Robert McCammon livre la chronique d’une société en perdition à travers le regard de plusieurs Américains. Missiles et fusées se croisent dans le ciel et font s’abattre sur Terre des tornades de feu. Dans une plaine déserte, Black Frankenstein, un catcheur, se voit confier une mission de la plus haute importance, il doit protéger une enfant aux dons particuliers. Dans le même temps, à New-York, une sans-abri découvre un mystérieux anneau de verre. Enfin, dans les ruines d’un camp survivaliste, un adolescent doit apprendre à tuer.
Avec une plume d’une efficacité rare, l’auteur dresse le lugubre tableau d’une apocalypse terrifiante, grandiose et bouleversante. Empruntant aussi bien au Mad Max de George Miller qu’aux imaginaires de Stephen King, Swan Song est un récit dans lequel la peur prend la forme d’un hypothétique futur. À travers ses protagonistes, McCammon chronique l’Amérique des années 80. C’est la première fois que cette histoire, en deux parties, est publié en France. On peut souligner aussi le travail d’orfèvre de Monsieur Toussaint Louverture, qui après sa collection Blackwater inspiré des tatouages et des pulps, est allé piocher du côté des films des années 80 pour créer la couverture de Swan Song.
Yumi et le peintre de cauchemars – Brandon Sanderson
Publié chez Le Livre de Poche (682 pages) – 29,90 euros
S’il est surtout connu pour son travail sur La Roue du Temps, qu’il a conclu après la mort de l’auteur, Brandon Sanderson a construit au fil de sa carrière ses propres mythologies. En 2022, après la pandémie, il annonce avoir écrit dans le plus grand secret quatre nouveaux ouvrages, tous évoluant dans le Cosmère. Cet univers fictionnel est né avec sa saga Fils-des-Brumes et nombreux de ses romans y sont rattachés. Pour Halloween, Yumi et le peintre de cauchemars promet de nous faire voir les songes autrement.
L’histoire évolue dans un contexte inspiré de l’Asie. L’histoire évolue autour des destins croisés de Yumi et de Peintre. La première vit sur une planète baignée de lumière où elle invoque les esprits pour venir en aide à son peuple. De l’autre côté du spectre, la jeune homme est plongé dans les ténèbres perpétuelles et repousse chaque jour les manifestations physiques des cauchemars avec ses pinceaux. Du jour au lendemain, ils échangent leurs places et découvrent qu’ils pourraient avoir beaucoup à s’apprendre. On pense évidemment à la lecture de ses pages au très bon film d’animation Your Name. Avec une certaine poésie, l’auteur interroge l’art, la différence et dépeint un univers fascinant.
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Récits fantastiques – Guy de Maupassant
Publié chez Bragelonne (476 pages) – 20 euros
Guy de Maupassant est de ses auteurs que l’on ne présente plus. Si son attrait pour le fantastique est de notoriété publique, Le Horla compte parmi les récits les plus plébiscités du genre, certaines de ses histoires n’ont pas bénéficié de la lumière qu’elles méritaient. La maison d’édition Bragelonne a bien l’intention de réparer cette erreur en consacrant un recueil aux récits fantastiques de l’auteur français. Cette collection ne manque pas d’intérêt, elle promet de vous offrir quelques frissons.
La main d’écorché, Un fou, Un cas de divorce ou La Morte sont autant de pépites à savourer une fois la nuit tombée. En adoptant un point de vue extérieur, et en convoquant les peurs viscérales de l’Humanité, Maupassant livre des chroniques tantôt étranges, glaçantes et mystérieuses ou les trois à la fois. Avec un sens du rythme rarement égalé, il précipite les lecteurs vers une chute, un apogée de l’angoisse.
Papillons de Nuit – Jane Henningan
Publié chez J’ai Lu (352 pages) – 20€
Au milieu des dystopies qui fleurissent partout sur le marché du roman ces dernières années, Papillons de nuit a attiré notre attention. Premier ouvrage publié de l’autrice britannique Jane Hennigan, l’histoire jongle entre féminisme post-apocalyptique et roman noir d’anticipation pessimiste. Dans un futur proche, les hommes sont victimes d’une épidémie digne d’un film d’horreur : tandis que la plupart meurent brutalement dans leur sommeil, le reste se transforme en créatures assoiffées de sang. Après que l’apocalypse ait emporté la grande majorité des hommes, c’est aux femmes que revient la tâche de remettre le monde sur pied. Face à un fléau de plus en plus difficile à endiguer, des sociétés alternatives s’élèvent des décombres, et tentent de protéger les hommes nés après la catastrophe de l’épidémie qui les menace toujours.
Au milieu de cette tragédie, Mary se souvient de son ancienne vie. Si le monde d’avant ne croulait pas sous les décombres et les cadavres, la société était déjà gangrénée. Par le patriarcat, les violences et les meurtres. À travers Papillons de nuit, l’autrice se contente finalement de livrer un miroir acerbe et glaçant sur notre société contemporaine. Avec ses personnages attachants et sa réflexion nuancée autour de l’égalité des sexes, le premier roman de Jane Hennigan sonne juste, et frappe pile là où ça fait mal.
Northanger Abbey – Jane Austen
Publié chez Hauteville (320 pages) – 18,90 euros
Lorsqu’il s’agit de citer les plumes emblématiques de la littérature anglaise, le nom de Jane Austen ne met que quelques secondes à faire son apparition. La romancière née en 1775 compte encore aujourd’hui parmi les auteurs les plus lus au monde, Orgueil et Préjugés continue de fasciner les amateurs de romance, mais pas seulement. Austen maîtrisait à merveille l’art de l’ironie et de la parodie, l’un de ses ouvrages le moins cité est sans aucun doute le plus représentatif de cette satire constante au sein de la bibliographie.
Si l’histoire d’Elizabeth Bennet et Mr Darcy est entrée dans la légende, ce n’est pas la seule digne d’intérêt. Pour l’automne, et Halloween, l’occasion de se (re)plonger dans Northanger Abbey était trop belle. Récit initiatique par essence, le dernier ouvrage de Jane Austen — publié après sa mort — se moque des romans gothiques qui passionnaient ses contemporains. Catherine lit dès qu’elle en a l’occasion des romans narrant de sombres histoires. Lorsqu’elle est invitée à séjourner à l’abbaye de Northanger, elle se laisse porter par son imagination débordante tout en apprenant à découvrir le cultivé Henry Tilney. Il ne s’agit pas là d’un ouvrage à donner des cauchemars, mais plutôt d’une parenthèse enchantée et acide qui ne manquera pas de vous passionner.
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