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[Impressions] Gris : Les couleurs des sentiments

De prime abord, Gris ressemble à beaucoup de choses. Mais à vouloir l’inscrire dans telle ou telle case, on se rend rapidement compte que le bébé des Barcelonais de Noama Studio a réussi à se constituer avec brio sa propre bulle : celle d’une magnifique fable colorée sur le deuil et la reconstruction.

Message de service : De deux choses l’une. Si vous comptez jouer à Gris, ne lisez pas ce papier. Nous ne spoilons pas l’aventure, mais la réflexion que nous émettons pourrait influencer votre ressenti de l’expérience. Gris étant un oeuvre qui tient de l’intimiste, nous nous en voudrions de vous priver de la découvrir vous-même. Vous voulez savoir si Gris est un bon jeu ? Il l’est, foncez sans hésiter une seconde. Enfin, pour peu que vous y jouiez, faites-le avec un casque audio, histoire de profiter au mieux de la superbe bande-originale et de l’ambiance qui en découle.

Ambiance grisante

Traits fins. Couleurs pastels. Ambiance douce. Gris est rarement extravagant et pourtant, le titre de Nomada Studio tient du chef-d’oeuvre. Ne vous laissez pas tromper par son nom, Gris est une aventure douce, entraînante, quoiqu’un peu courte, qui a tout du remède contre la grisaille et le spleen qui dominent cet hiver. Une performance à la direction artistique incroyable qui tient de la prouesse lorsque l’on comprend qu’il est question de deuil, et plus précisément de la reconstruction qui s’ensuit.

Gris, c’est l’histoire d’une chanteuse éponyme qui, par un coup du sort, perd sa belle voix et atterri dans un désert en noir et blanc. Malgré le mutisme de son héroïne, et l’absence de texte, Gris a beaucoup à raconter. D’une manière magistrale, le titre de Nomada Studio se laisse aller à quelques bavardages silencieux : en distillant efficacement sa narration dans son gameplay et son ambiance.

À travers la perte de voix de Gris, subitement arrachée, on voit celle d’un être cher. Et le début du deuil. Le désert sans couleur et la profonde mélancolie de l’héroïne renvoient eux aux premiers instants de cette étape difficile de la vie, que l’on ne peut que subir. Mais comme la réalité nous l’apprend plus ou moins vite, la disparition d’un être cher n’est pas une fatalité en soi, et la vie se doit de continuer. La douleur laisse petit à petit place à la reconstruction.

Couleur de fond

C’est ce retour progressif à la vie que nous propose de vivre Nomada Studio avec Gris. Au fil de son aventure, Gris va débloquer de nouvelles capacités. Rien de bien innovant, mais des mécaniques qui facilement maîtrisées, sonnent comme autant de petits pas vers un retour à la normale. Ici, un manteau qui se transforme en cube et permet de résister aux bourrasques du vent, et de briser certaines roches. Là, le double-saut, qui rend envisageables les plateformes autrefois inatteignables.

Une progression sublimée par une bande sonore minimaliste, s’articulant aussi bien autour des capacités utilisées par Gris que de certains éléments de décors, et qui n’hésite pas un seul instant à se faire plus présente lorsqu’à de rares occasions, la situation se tend. Une douceur auditive, composée par le groupe Berlinist, qui donne tour à tour corps à la tristesse, au courage, à la joie, à la persévérance, bref qui colore le jeu.

Et la couleur est bien l’élément central du jeu. Chaque chapitre est lié à une couleur, qui définit la suite de l’aventure, tant dans le décor que dans le gameplay. Étape par étape, le monde en ruine parcouru par Gris reprend vie (là encore, métaphore de la reconstruction). Et avec lui change le level design et les énigmes soumises au joueur. Douceur oblige, ces dernières ne sont jamais difficiles. Il n’est même jamais question de “mort” ou de “game over”. 

Puis, au bout d’un trio d’heures, Gris se termine. On comprend alors qu’il va falloir faire son deuil de cette expérience touchante. Se remettre doucement de ces trois heures passées en compagnie de la direction artistique magnifique et de la bande-originale admirable du titre de Nomada Studio. Pour finalement se dire qu’il ne faut pas pleurer parce que l’aventure est terminée, mais se réjouir d’avoir pu y prendre part.

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