Bienvenue dans le futur – ou plutôt, dans un futur. Le Journal du Geek vous propose un exercice de réflexion un brin science-fictionnel décliné sur six axes thématiques, sur six visions de notre monde tel qu’il pourra être dans trente ans – en 2050. Cette série de chapitres composés chacun d’une partie narrative fictionnelle et d’une partie informative, n’a pas pour but de simplement dépeindre ce que nous espérons ou redoutons. Elle n’a pas non plus de caractère exhaustif et passera volontairement à côté de certains sujets dits, actuellement, « d’avenir ». Son humble objectif est d’apporter un regard nouveau – parfois, un peu dingue mais plus ou moins plausible – et de nous projeter, à l’aide d’experts sur les sujets abordés, sur l’évolution future de problématiques technologiques, culturelles et sociétales importantes. Vous êtes prêt ? Suivez le guide !
FICTION. Je suis né en l’an 2033. Mes parents m’ont nommé Mars. La NASA s’apprêtait à propulser cinq astronautes depuis la Lune direction la Planète Rouge, seulement 48 heures après ma naissance. Indécis, mes deux géniteurs étaient restés fixés devant le mur holographique télévisuel de la maternité quand ils ont eu l’idée de m’appeler ainsi. Ils l’ont ensuite légèrement regretté. Après 6 mois passés sur Mars, les astronautes épuisés s’étaient difficilement embarqués sur le voyage de retour vers la Lune. La fusée Starship II de SpaceX – la même réputée réutilisable pour plusieurs décennies, avec laquelle ils ont quitté la Terre – a explosé avant d’atteindre son escale sur notre satellite. Depuis, plus aucune agence spatiale n’a tenté sa chance à nouveau sur ce que Twitter Live et les autres médias sociaux ont surnommé « la planète maudite ».
Aujourd’hui, en 2050, la NASA ne jouit plus d’autant de pouvoir qu’en 2033. Son portail Gateway, en orbite lunaire, a du être rattaché à la station orbitale chinoise. SpaceX a plus ou moins mis la clé sous la porte et n’existe encore que par le biais de Tesla, qui propose des véhicules électriques solaires pour le déplacement des sociétés minières sur la Lune. Malgré tout, mes parents tentent tant bien que mal de s’offrir un tour de Mars en scrutant chaque jour les réductions sur le site de Virgin Galactic, désormais filiale de Blue Origin. Éternels angoissés qui n’attendent qu’une occasion pour fuir la planète que leurs aïeux ont malmené, ils croient dur comme fer que les taïkonautes chinois vont réussir là où les Américains ont échoué et enfin entamer l’installation de l’humanité sur une autre planète. Après tout, 2050, c’est l’année du cheval de métal : c’est maintenant ou jamais pour la Chine. Mes parents évitent néanmoins de penser à ce que cela impliquerait pour eux comme pour moi. Afin de préparer le « grand déménagement », certains gouvernements obligent déjà tous leurs jeunes citoyens à effectuer de faux services militaires spatiaux, qui les forcent à séjourner plus de six mois dans un dôme au milieu du désert d’Atacama, au Chili, ou ailleurs.
Je n’attends personnellement qu’une chose. Terminer mes études pour pouvoir intégrer le Centre croisé d’études informatiques exobiologiques (CCEIE) de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui collabore activement avec l’Institut Yuri Milner de Moscou. En 2033, ses exobiologistes et surtout ses ingénieurs en intelligence artificielle avaient permis de comprendre quelle forme de vie se cachait dans les nuages hyper acides de Vénus et y crachait de la phosphine. Malgré des hypothèses antérieures, il ne s’agissait pas d’une bactérie extrémophile mais plutôt d’un organisme dénué de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’azote qui composent les êtres vivants terrestres. Grâce à des modèles générés aléatoirement par la magie du « machine-learning », on s’est aperçu qu’ils répondaient bien aux critères du vivant mais en remplaçant les éléments chimiques conventionnels. Les chercheurs l’ont surnommé ALB pour « anorganical living being ». Avec du recul, je me dis qu’heureusement que mes parents ne m’ont pas donné ce nom-là.
RÉALITÉ. Les astres sont si loin et pourtant, l’humanité semble déjà en être si proche. Contrairement au jeu-vidéo ou au cinéma, où tout semble encore à inventer, le domaine de l’espace a déjà un avenir tout tracé, en 2020. L’Agence aérospatiale américaine (NASA) a toujours dans l’idée d’accomplir la volonté de Donald Trump : à savoir, renvoyer des astronautes fouler le sol lunaire pour la première fois depuis Apollo 17 en décembre 1972. Pour cela, les États-Unis comptent sur les prochaines missions Artémis, dont la première prévue pour un vol habité – Artemis III – sera lancée en 2024. L’objectif est qu’une femme soit la première à gagner la surface de la Lune cette année-là. Entre temps, notre satellite naturel devrait accueillir les premières fondations de stations spatiales similaires à la Station spatiale internationale (ISS), dans son orbite. La NASA se prépare en effet à y installer Gateway, qu’elle voit comme un tremplin pour envoyer des astronautes sur la planète Mars depuis la Lune. L’Administration spatiale chinoise (CNSA) a affirmé son intention d’en faire de même avec sa propre station spatiale dans la décennie à venir.
Cette nouvelle course à l’espace atteindra un point culminant aux alentours de 2033, date à laquelle la NASA projette d’envoyer les premiers êtres humains sur la Planète Rouge. L’Agence spatiale européenne (ESA) a même déjà pensé à concevoir des modules d’hibernation pour l’équipage. Si tout se déroule comme prévu, évidemment. Mais comme la pandémie de COVID-19 nous l’a démontré, l’avenir est peuplé d’imprévus. Pour le moment, tout porte à croire que SpaceX sera l’un des grands acteurs de cette nouvelle conquête spatiale : que ce soit par le biais de ses collaborations avec la NASA ou à travers l’expansion progressive du marché des expéditions spatiales touristiques. En 2050, si tout continue à ce rythme, Virgin Galactic sera, elle aussi, parmi les leaders de ce nouveau secteur économique pour les plus riches. Blue Origin, la société spatiale du patron d’Amazon, Jeff Bezos, aura fait du chemin et pourrait bien finir par concurrencer tout ce beau monde.
Quid de la Lune ? Si elle devient effectivement l’intermédiaire entre la Terre et Mars, les chercheurs, ingénieurs et astronautes ne seront pas les seuls à s’y intéresser. Les premières colonies scientifiques lunaires pourraient attirer des touristes – comme c’est le cas actuellement de l’ISS. Ces consommateurs seront accompagnés d’entreprises capables de les encourager à consommer. Celles-ci s’établiraient elles aussi sur la Lune – premier nouveau terrain libre en plusieurs siècles – pour y construire leurs établissements et en exploiter les ressources insoupçonnées de sa poussière lunaire. Selon des chercheurs, la régolithe (de son vrai nom), concentrée en hydrogène, pourrait être exploitée sous forme de carburant. Idem pour l’hélium 3 dont regorgerait la Lune et qui pourrait servir de nouvelles sources d’énergie. Rien d’étonnant à ce que l’espace ait déjà un futur tout tracé … si tout va bien, encore une fois. Seule inconnue au tableau : la découverte éventuelle d’une forme de vie extraterrestre. En 2020, des astronomes ont repéré des traces de phosphine (PH3) dans l’atmosphère de Vénus, une molécule seulement émise sur Terre par l’activité industrielle et des bactéries extrémophiles. Si rien ne prouve qu’elles soient sécrétées par une forme de vie, beaucoup l’espèrent comme le philanthrope russe Yuri Milner.
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