Le Fauve d’Or décerné à… un tableau
C’est le prix le plus prisé du Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême et c’est l’auteur Luz qui a remporté le Fauve d’Or (sacrant le meilleur album), avec une œuvre on ne peut plus originale : “Deux Filles Nues”. Cette BD retrace le parcours du tableau éponyme, signé du peintre allemand Otto Mueller, en pleine Europe nazie.
FAUVE D’OR – MEILLEUR ALBUM👇
Le Fauve d’Or – Meilleur Album du FIBD 2025 est attribué à… "Deux filles nues" de Luz aux Éditions @AlbinMichel
Félicitations ✨ pic.twitter.com/DmrSnvf0AU
— Festival d'Angoulême (@bdangouleme) February 1, 2025
Le tout sous un angle inédit, puisque le lecteur est invité à suivre les péripéties du tableau… en vue subjective, autrement dit de son point de vue, devenant lui aussi spectateur impuissant de la montée du nazisme dans le Vieux Continent, avant de finir en 1937, à Munich, dans une exposition consacrée à ce que les nazis appelaient l’art dégénéré. C’est à travers les réactions qu’il suscite auprès de ses différents propriétaires que le tableau aborde bon nombre de thèmes comme l’antisémitisme, notamment. Pour les curieux, c’est dans les éditions Albin Michel que vous pourrez retrouver Deux Filles Nues.
John Romita Jr sacré, Shintaro Kago primé, le palmarès complet
Invité d’honneur d’Angoulême, John Romita Jr a reçu un Fauve d’honneur. L’iconique dessinateur de Marvel Comics, fils de John Romita Sr – également dessinateur auprès de la célèbre maison d’édition – était notamment présent sur place pour animer une masterclass. L’occasion de revenir sur les super-héros qu’il a dessiné (Iron Man, Spider-Man, les X-Men, Daredevil, Thor, Kick Ass qu’il a réalisé avec Mark Millar…), le tout sur fond d’anecdotes, aussi bien sur son père que sur lui-même.
FAUVE D’HONNEUR ✨
Le Fauve d’Honneur de cette 52e édition revient à John Romita Jr. pour l’intégralité de son œuvre !
Bravo à lui✨@JrRomita @paninicomicsfra pic.twitter.com/EHr4iWqmtp
— Festival d'Angoulême (@bdangouleme) February 1, 2025
Le manga Dementia 21 – Vol 2, de Shintaro Kago, a reçu le prix de la meilleure série. Le prix Révélation a été décerné à Ballades, de Camille Potte. Le Fauve des lycéens a été remporté par Elizabeth Holleville et Iris Pouy pour Contes de la Mansarde, le Fauve Patrimoine a récompensé Come Over Come Over de Lynda Barry. Voici les autres principaux prix du Festival : Les météores, Histoires de ceux qui ne font que passer (prix spécial du Jury), Retour à Tomioka (Prix Jeunesse), Hairspray Magazine et Fanatic Female (Prix de la BD alternative), Revoir Comanche (Prix Polar SNCF), Impénétrable (Prix France Télévisions) et Vert de Rage, les enfants du plomb (Prix Eco-Fauve). Le prix Konishi de la traduction a été attribué à Yohan Leclerc pour ses travaux sur les Saisons d’Ohgishima, de Kan Takahama (Glénat) et le Prix René-Goscinny du meilleur scénariste est revenu à Serge Lehman pour Les Navigateurs et celui de la jeune scénariste à Elizabeth Holleville pour Contes de la Mansarde.
Superman en avant, le manga toujours plus haut
Angoulême a décidé de rendre hommage à l’un des super-héros les plus iconiques, Superman. Un choix loin d’être anodin puisque 2025 est une année importante pour le Kryptonien, dont le retour au cinéma, le 9 juillet prochain, sous les traits de David Corenswet et la baguette de James Gunn, est particulièrement attendu, comme le prouvent les chiffres record de la première bande-annonce mise en ligne en janvier (54 millions de vues sur la chaine officiel DC). Une exposition, “Superman, le héros aux mille-et-une vies”, lui est consacré jusqu’au 10 mars au Vaisseau Moebius. Pour les amateurs de Marvel Comics, sachez qu’une autre expo, “Super-héros & Cie. L’art des comics Marvel” est ouverte jusqu’au 4 mai au Musée de la Bande dessinée.
Magnifique expo #Superman à Angoulême pour le FIBD 2025 ! 🤩 pic.twitter.com/bPLsszEAUr
— The Daily Planet (@DC_DailyPlanet) January 29, 2025
Le manga n’était pas en reste, une fois encore, lors du Festival. Un quartier lui était de nouveau totalement consacré. Des originaux du manga Vinland Saga étaient notamment mis en avant dans une exposition dédiée, Une quête d’identité, qui plongeait littéralement le public au cœur de l’univers viking dépeint par la série. Et cerise sur le gâteau, l’auteur, Makoto Yukimura, était lui-même présent à Angoulême, pour parler de son œuvre. Enfin, on ne pouvait pas revenir sur cette édition, sans évoquer l’exposition consacrée au Grand Prix 2024 (jusqu’au 15 mars), la Britannique Posy Simmonds, qui s’est notamment chargée des affiches officielles cette année.
Accusation, dérive commerciale, management toxique : une édition marquée par la polémique
Si le cru 2025 du FIBD a fait parler ces derniers jours, c’est plus pour son organisation et son avenir à court terme que pour les œuvres présentées finalement. Un article publié en amont de cette 52e édition a mis le feu aux poudres à Angoulême, déliant les langues de nombreux acteurs de l’industrie de la BD. L’enquête, publiée dans l’Humanité Magazine, a mis en lumière des dérives (augmentation excessive du prix des billets, management toxique, conditions de travail, licenciement en chaîne des directeurs artistiques) autour du Festival et plus exactement de la société en charge de son organisation, 9e Art +.
Votre meilleur souvenir du FIBD 2025 ? 👇
La 52e édition du Festival International de la Bande Dessinée est terminée ! Merci d’être aussi nombreux·ses chaque année, on hâte de vous revoir l’an prochain !
Dites-nous en commentaire votre meilleur moment cette année 👀 pic.twitter.com/oCab8SbfPn
— Festival d'Angoulême (@bdangouleme) February 2, 2025
Mais c’est l’affaire autour de l’ancienne responsable de la communication, licenciée en mars 2024 pour faute grave, un mois et demi après avoir dénoncé le viol dont elle aurait été victime lors du festival, qui a véritablement bouleversé et indigné tout le microcosme présent sur place. À tel point que le Ministère de la Culture, qui contribue à la tenue de l’événement, a décidé de prendre “très au sérieux les différents dysfonctionnements du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême dont la presse s’est récemment fait l’écho” a-t-il assuré dans un communiqué.
Si le Festival s’est défendu, affirmant notamment que le licenciement n’avait “rien à voir avec la dénonciation du viol” et si la société 9e Art +, de son côté, a réfuté les affirmations du papier de l’Humanité Magazine, plusieurs acteurs ont demandé un nouvel appel d’offres pour l’organisation du FIBD et une plus grande action concernant les violences sexuelles. Le Ministère de la Culture attend que lumière soit faite sur les difficultés financières et les problèmes de management en interne soulevés par l’article. Il faudra suivre les rebondissements de ce dossier explosif, dans les prochains mois, pour en savoir plus sur le virage que prendra, ou non, le Festival d’Angoulême à l’avenir.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.