Ce 11 avril, les fans de la franchise Fallout ont pu découvrir la première saison de son adaptation sur Prime Video. Amazon a porté cette licence sur petit écran avec un budget important, des acteurs de renom et une histoire complètement inédite. Dirigée par Graham Wagner et Geneva Robertson-Dworet, la série promet de nous plonger dans l’univers des jeux sans pour autant tomber dans l’adaptation linéaire.
Un savant mélange des genres, à la croisée des mondes entre le western, la science-fiction, et la sitcom, confie Graham Wagner, showrunner sur la production. Ainsi, la nouvelle production de Prime Video s’impose comme un joyeux bric-à-brac : “Il y a des films de série B, de l’humour débile et loufoque, des trucs satiriques. Pour nous, je pense qu’il s’agit avant tout de rechercher de nouveaux sentiments et de nouvelles saveurs.”
Pourquoi choisir quand on peut tout avoir ? Jonathan Nolan et Lisa Joy, producteurs sur la série, sont les créateurs de la série à succès Westworld. Déjà, l’œuvre jouait sur le mélange des genres, mêlant habilement western et science-fiction sur le petit écran. Selon Graham Wagner, c’est cette même recette qui permet à Fallout de se démarquer des autres séries :
“À un moment donné, nous nous sommes demandé comment nous allions combiner tout cela. C’était un pari fou, mais au cours du montage, nous avons commencé à réaliser qu’en fait, la polyvalence est un gros avantage. Si nous pouvions prendre un scénario de western vraiment sinistre avec des lassos et des doigts coupés, puis un abri, qui ressemble plus à une sitcom, ces deux choses se complimenteraient presque l’une et l’autre. Elles se renforcent. […] C’est ce qui fait le charme des jeux Fallout depuis plus de 25 ans, ce mélange de genres.”
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Des inspirations multiples
Les jeux de la franchise réussissaient déjà le pari de jouer sur plusieurs tableaux. La série accentue en revanche son aspect comique, la communication autour du projet reposant essentiellement sur ce décalage entre le monde naïf de l’abri et le chaos de l’extérieur.
“Les jeux eux-mêmes ont une myriade d’inspirations. Vous voyez Apocalypse 2024, Mad Max, Warhammer, Un cantique pour Leibowitz. Geneva et moi avons beaucoup parlé du film Le bon, la brute et le truand, et je pense que cette référence est assez évidente. […] La référence la plus prétentieuse à laquelle je peux penser, et qui est mon genre préféré, est que le personnage de Maximus a été quelque peu inspiré par le livre Le marin rejeté par la mer, qui est un roman japonais des années 60 ou 70.”
Le showrunner poursuit : “Nous avons donc puisé un peu partout, parce que nous avions l’impression que Fallout était un monde très postmoderne, et nous nous sommes dit que nous devions poursuivre dans cette voie et continuer à rendre le collage plus fou et plus bizarre dans l’espoir que cela soit intéressant, parce que ça l’était pour nous.”
Walton Goggins, qui interprète la Goule dans la première salve d’épisodes, explique également : “Il s’agit d’un monde et d’un genre, ce genre post-apocalyptique auquel je fais référence, que nous connaissons tous très bien. Mais bien souvent, dans un certain nombre de ces histoires, l’humour n’entre pas en ligne de compte. C’est larmoyant, c’est sombre. Mais comme ce film est basé sur le jeu Fallout, une grande partie est constituée d’humour subversif et de violence hyper-stylisée. Je me suis dit que je n’avais jamais vu cela aussi bien fait auparavant. ”
Pourquoi succomber au fan-service quand on peut aller plus loin ?
Si les ressemblances avec les opus vidéoludiques sont palpables, la production d’Amazon n’est pourtant pas pensée pour les fans. Dans de précédentes interviews, Jonathan Nolan avait clairement assumé sa volonté de ne pas satisfaire à tout prix les joueurs en tombant dans le fan-service pur et dur. Il semble évident que les acteurs Kyle MacLachlan et Walton Goggins sont du même avis. Ils nous confient avoir considéré la série comme un tremplin pour transmettre des émotions nouvelles et incarner des valeurs qui pourraient plaire même à ceux qui ne connaissent pas l’univers de Fallout.
À la question de savoir s’ils ont tout de suite vu le potentiel de la série, Kyle répond : “Eh bien, oui, sachant bien sûr qu’il s’agit d’un jeu vidéo très populaire, que je ne connaissais pas lorsque nous avons commencé le tournage. Mais je me suis dit que si nous pouvions capter l’imagination des spectateurs et leur offrir quelque chose qu’ils apprécieraient vraiment, alors nous avions toutes les chances d’obtenir quelque chose de très excitant.”
Quant à Walton : “En lisant les scripts pour la toute première fois, sans en savoir beaucoup sur le jeu personnellement, il y avait une tonalité satirique subversive dans l’écriture des deux premiers scripts que j’ai lus et j’ai découvert qu’elle constituait une très grande partie du jeu. Mais en jugeant le scénario sur ses propres mérites, juste pour les mots écrits sur la page, j’ai été époustouflé par le jeu. Je n’ai pas pu m’arrêter. Et ils ne nous ont donné que deux scripts pour commencer, mais je les ai lus et relus encore et encore.”
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Une apocalypse à plusieurs niveaux de compréhension
Fallout c’est donc un mélange de genres, de tonalités, mais aussi des personnages forts en plus d’être inédits. Kyle MacLachlan incarne le père de Lucy, un homme droit, charismatique, sur qui les habitants de l’abri 33 peuvent compter en toutes circonstances. Mais comme dans chaque être humain, des secrets vivent en lui et en certains des membres de sa communauté. L’acteur nous confie :
“Vous avez tout à fait raison en ce qui concerne les personnages. Ils ont plusieurs couches, ce qui, bien sûr, les rend incroyablement attrayants pour les acteurs. Et je pense, j’espère que le public se souviendra du chemin parcouru par les personnages, mon personnage en particulier, et qu’il croit finalement en sa mission, en ses objectifs, et que les choses qu’il fait sont vraiment le reflet de cela.”
Le thème commun à chaque œuvre post-apocalyptique concerne la nature humaine. Les spectateurs apprennent au fur et à mesure qu’il n’y a jamais plus grande menace que l’être humain en temps de crise. L’apocalypse a le don de faire ressortir le pire chez les gens… mais aussi le meilleur dans certains cas. Walton Goggins aime à penser que Fallout dépeint très bien cette idée à travers son personnage de la Goule/Cooper Howard :
“Je pense qu’en ce qui me concerne, parce que j’ai eu la rare opportunité d’exister dans le monde d’avant les bombes et dans le monde 200 ans après les bombes, je suppose qu’il y a beaucoup de choses que j’aimerais que le public retienne. Mais l’une d’entre elles est de recalibrer son jugement. […] La morale est circonstancielle. Et une moralité de commodité, lorsque tous vos besoins sont satisfaits, est très différente d’une moralité où tout vous a été enlevé. Le public peut donc penser aux personnages d’une certaine manière au départ, et espérer comprendre les conditions et les circonstances dans lesquelles elles prennent les décisions qu’elles prennent à l’avenir. Et avec un peu de chance, cela élargit leur empathie, et les fait rire en même temps.“
Même en tant que showrunner, Graham Wagner explique que l’apocalypse n’est pas faite pour tout le monde. Il se place lui-même dans une catégorie qu’on ne verra pas à l’écran dans cette première saison. À la question de savoir ce qu’il prendrait pour sa survie en cas de fin du monde, il nous répond :
“Bon sang, je prendrais trois énormes Valium, assez pour me tuer. Je ne sais pas, je ne pense pas que je me débrouillerai si bien dans l’apocalypse. Je pense que beaucoup de gens sont attirés par le genre apocalyptique, parce qu’ils s’imaginent qu’ils s’en sortiraient très bien. Je n’ai pas ce genre de fantasmes. Je pense que je serais parti dès la première vague.”
On espère que les personnages de la série n’abandonneront pas si facilement. Tous les épisodes de Fallout sont disponibles sur Amazon Prime Video depuis le 11 avril.
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