Si certains sont encore sceptiques, il est pourtant évident que la technologie blockchain accompagnée des cryptomonnaies va considérablement faire évoluer notre société dans les années à venir. Des experts parlent même d’un potentiel qui pourrait surpasser celui d’internet. Par conséquent, l’avenir doit se préparer dès aujourd’hui et malgré les sorties médiatiques parfois houleuses sur le sujet, les gouvernements internationaux l’ont bien compris. En effet, depuis le début d’année, on observe que de nombreux systèmes éducatifs intègrent la blockchain et les cryptomonnaies à leurs programmes.
Où en sommes-nous en France ?
Le mois dernier, nous apprenions que l’éducation nationale encourageait les professeurs d’économie à aborder le sujet Bitcoin lors des cours sur la monnaie. Les professeurs ont le choix entre 4 activités pédagogiques, dont une axé sur le Bitcoin visant à mettre en avant la notion de confiance que l’on retrouve dans les caractéristiques d’une monnaie.
Les grandes écoles
Les grandes écoles privées de notre pays n’ont quant à elles pas attendu que le bitcoin soit cité dans les cours d’économies pour introduire la blockchain dans leur cursus. Depuis la rentrée 2018, un module de 50 heures est disponible pour les étudiants de l’École Polytechnique et d’HEC Paris. Les cours sont enseignés par des experts français du secteur comme Arthur Breitman (fondateur de Tezos) ou Jacques Favier (président de l’association du cercle du coin) sélectionnés par la plateforme d’échange Coinhouse qui est à l’origine du contenu de ce nouveau module.
Ces cours ont pour objectif de préparer les étudiants à la prochaine vague d’innovation et pour ce faire, ils ont été pensés avec une approche très pratique. Le descriptif du module intitulé « fintech, Blockchain and Cryptocurrencies » est disponible sur le site internet de l’École Polytechnique.
Mais ces grandes écoles françaises ne sont pas les seuls à s’intéresser à la blockchain. Aujourd’hui, les sujets de la blockchain et des cryptomonnaies sont très souvent abordés dans l’enseignement supérieur. Naturellement, toutes les écoles ne disposent pas de cursus dédié à ces spécialités. Néanmoins, on remarque que le nombre de conférence et meetup blockchain et/ou cryptomonnaies organisés par les écoles considérablement augmenté sur la dernière année.
Les étudiants prennent leurs responsabilités
Si les écoles ont parfois “tardé” avant de proposer ce genre de contenu, les étudiants ont pris les devants. En 2017, des étudiants de Kedge Business School fondent Kryptosphere, la première association étudiante spécialisée sur les technologies de la blockchain et des cryptomonnaies. Son objectif est de démocratiser ce secteur auprès des étudiants et des entreprises à travers le pays. Une association qui connaît un franc succès puisque 2 ans après son lancement, elle compte 6 antennes dans des écoles de commerces et d’ingénieurs (Kedges Business School, Rennes Business School, Centrale Marseille, EM Lyon, Institut Mines-Telecom et ENSAE Paris) dans 4 villes françaises (Marseille, Paris, Rennes et Lyon) et plus de 60 membres actifs. L’un des membres fondateurs et président de l’antenne de Marseille, Guillaume Girard m’a donné son ressenti sur le rôle de Kryptosphere : “Je suis convaincu que notre initiative est indispensable pour que les étudiants français prennent conscience des enjeux profondément transformateurs qui se cache derrière la révolution monétaire qu’est Bitcoin et plus globalement celle que représente les actifs digitaux”. Il m’expliquait également à quel point faire parti de cette aventure avait été bénéfique pour lui autant sur le plan personnel que professionnel, elle lui a permis de collaborer avec des acteurs du CAC40 par exemple et d’acquérir une certaine maturité en peu de temps.
Une école pour façonner des développeurs Blockchain
Depuis le 14 janvier 2019, la France dispose d’une école spécialisée dans la technologie Blockchain nommée Alyra. Elle a été fondée par Jérémy Wauquier dans le but de répondre à une pénurie de compétences au sein de l’écosystème blockchain. Son constat était très simple dès 2018, les entreprises recherchent de plus en plus de profils Blockchain, mais ils sont très rares et il n’existe aucune formation professionnelle permettant à un développeur de se spécialiser sur la blockchain sans perdre beaucoup de temps. Preuve que les profils étaient rares, les salaires des développeurs blockchain ont largement augmenté par rapport aux autres spécialités. En moyen un développeur blockchain peut espérer 60 000 € annuels brut contre 45 000 annuels bruts pour la catégorie « développeur » dans son ensemble.
Concrètement, Alyra propose une formation qui s’étend sur 10 semaines. Il existe deux parcours disponibles : “développeur blockchain” et “chef de projet blockchain”. Le second étant une nouveauté datant d’octobre 2019. Aujourd’hui, Alyra a déjà formé une cinquantaine de personnes et une autre petite cinquantaine sont actuellement en cours de formation. Néanmoins, comme nous l’explique Jérémy Wauquier, le fondateur de cette école, ses formations ne sont pas adaptées à tout le monde : “un bon développeur blockchain est avant tout un bon développeur, tout comme un bon chef de projet blockchain est d’abord un bon chef de projet, nous nous adressons à des personnes qui sont déjà compétentes dans leur métier et qui viennent chercher chez nous une spécialisation, une compétence de plus pour faire la différence.”
Quand est-il des autres pays du globe ?
La blockchain se fait petit à petit sa place dans le système éducatif français depuis 2018. En réalité, cette nouvelle technologie est en train de s’imposer dans la plupart des systèmes éducatifs du monde. Le 28 août dernier, Coinbase publiait un rapport très intéressant intitulé “2019 leaders in crypto education”. Il décrit l’intérêt croissant des étudiants pour la crypto et la multiplication de cours sur la blockchain, les cryptomonnaies ou le bitcoin désormais enseignés dans diverses disciplines.
“56% des 50 plus grandes universités du monde proposent désormais au moins un cours sur la crypto ou la blockchain – contre 42% en 2018”
Ce rapport met en avant la méfiance des étudiants quant au système financier actuel. Les deux tiers des étudiants décrivent le système financier actuel comme «instable», «inefficace», «inégal» ou «lent», selon un sondage mené auprès de 735 étudiants américains de 16 ans et plus, commandé par Coinbase et mené par Qrious.
Les enjeux
La blockchain et les cryptomonnaies vont s’imposer dans les années à venir comme les technologies de référence pour de nombreux secteurs d’activité. Nous avons souvent entendu notre gouvernement prendre position sur le sujet. Il y a quelques mois, Bruno Lemaire, ministre de l’Économie et des finances déclarait même que le développement de l’écosystème blockchain était une priorité pour le gouvernement. Si nous voulons que la France joue un rôle majeur dans cette révolution, il est indispensable de pouvoir compter sur des ressources humaines locales. Selon Jérémy Wauquier, le fondateur de l’école blockchain Alyra, “avoir des talents disponibles et très compétents est nécessaire au développement d’un écosystème épanoui.”
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