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Dreamland Remaster : Reno Lemaire nous dit tout sur sa (presque) nouvelle série

Après plus de 15 ans à la tête du manga français Dreamland, Reno Lemaire repart (presque) de zéro en publiant un remaster de sa série phénomène. Rencontre.

Si vous avez moins de 30 ans, vous êtes peut-être passés à côté de Dreamland. Depuis 16 ans, la série signée Reno Lemaire cartonne chez Pika Édition. Elle s’apprête à livrer son vingt-et-unième tome d’ici quelques semaines, et a même officialisé la diffusion d’une série animée produite par La Chouette et ADN. Non contente d’être le plus long manga français du marché, la série vient aussi de s’offrir un retour aux sources inattendu, avec la parution d’un premier tome remaster totalement inédit. Rencontre avec l’auteur, entre recette du succès et bons conseils pour percer dans le milieu très fermé du manfra.

Ton manga est devenu un incontournable du genre, pourquoi avoir imaginé un remaster alors que la série est toujours en cours ?

Reno Lemaire : C’est lié à deux évènements : je suis arrivé au tome 19 qui marque la fin d’un arc, et depuis que je suis tout petit je rêve de publier un artbook. À chaque fin de tome de Dreamland, ça me titille, mais je ne pouvais pas trop laisser les lecteurs en suspens pendant toute une année. Avec le tome 19 et cette fin de cycle, je me suis dit que c’était le moment ou jamais. Donc j’ai fait cet artbook, et pour la première fois en 15 ans j’ai dû relire ma série. C’était la première fois que je me mettais en mode lecteur. J’ai vu les qualités du manga, ça m’a permis de mieux comprendre pourquoi les gens aiment, mais j’ai aussi vu tous les défauts. Le tome 1, il m’a piqué les yeux, maintenant les trucs mal calés, je les vois.

C’est quoi les nouveautés de ce tome 1 remaster par rapport à la version originale ?

R.L. : J’ai tout refait, il n’y a pas 1% de l’ancien tome. J’ai tout redessiné, tout réécrit. Évidemment, il faut que les anciens lecteurs puissent raccorder les wagons. Il y a sept chapitres dans le tome 1 de 2006, c’est pareil dans le remaster. Je ne voulais pas qu’il y ait deux éditions distinctes, l’objectif pour moi c’était plutôt d’imaginer une réimpression sur les deux / trois premiers tomes, puis ce sera surtout des petits réglages mineurs. À la base, je ne voulais même pas communiquer dessus, j’avais simplement dit à Pika de me prévenir quand on arriverait en rupture de certains tomes pour envoyer les nouveaux PDF à l’éditeur. Finalement, ce sont eux qui m’ont convaincu de faire les choses à fond. On a longtemps réfléchi, et on s’est finalement arrêté sur l’idée d’un remaster, parce que c’est ça finalement : la même chose, mais en mieux.

Selon toi, qu’est-ce qui fait le succès de Dreamland depuis plus de dix ans ?

R.L. : Je comprends qu’on définisse Dreamland comme un shonen, parce qu’il faut rentrer dans des cases. Mais depuis ses débuts, je trouve que le manga est passé par beaucoup de genres. Par exemple, le tome 8 est interdit aux moins de 15 ans, parce que j’ai du mal avec le fait que dans les shonens, les personnages ne soient pas sexués. Ce sont des ados, les garçons ont conscience qu’ils ont une fille à côté, je ne voulais pas épouser totalement la culture shonen parce que c’est beaucoup plus que ça. J’ai toujours dit que j’arriverais à définir Dreamland quand la série sera terminée. Pour moi c’est une aventure avant d’être un shonen. On est en 2022, tout a déjà été dit, le décor est un prétexte.L’important c’est de créer des personnages attachants, et que l’histoire soit cohérente dans son ensemble.

Dreamland va bientôt être adapté en anime, pourquoi avoir fait appel à un studio français (La Chouette) plutôt que japonais ?

R.L. : J’avais déjà eu quelques propositions, dont des Japonais, mais j’avais vraiment envie de travailler avec des Français. Mon histoire parle de Terrence, un Montpelliérain. Je sais que j’aurais passé trop de temps à expliquer certains aspects du manga qui nous paraissent naturels en France. Ne serait-ce que la sexualisation des personnages, leurs rapports amoureux… J’avais besoin que mes interlocuteurs comprennent ça, et c’est d’ailleurs ça aussi qui fait l’exotisme de Dreamland, c’est qu’il est très français.

Il faut comprendre que la création d’un anime, c’est une autre industrie. Il y a beaucoup d’argent en jeu, il y a beaucoup d’intervenants, ce n’est plus un auteur et son éditeur. Avec Sylvain (Dos Santos, ndlr, le patron de La Chouette Compagnie), il y a eu ce feeling tout de suite, et pour moi c’est très important. J’ai aimé leur démarche de vouloir faire une adaptation. Le respect c’est aussi ça : ils ont compris les personnages et ils les adaptent selon les besoins du média. Je n’avais pas envie d’être dans une adaptation-fleuve chapitre par chapitre, case par case. Cette adaptation, elle me fait aussi redécouvrir la série à travers les yeux des scénaristes Jean-Luc Cano et Antoine Morel. Les gens qui connaissaient la série vont sûrement être un peu déroutés, parce que beaucoup de scènes changent, mais si tu prends la saison du début à la fin, je pense qu’ils vont aimer. Moi en tout cas je suis impliqué du début à la fin, et je trouve ça bien.

Qu’est-ce que les plateformes de SVOD apportent à l’adaptation de son manga par rapport à une diffusion classique ?

R.L. : Dreamland n’aurait pas eu tous les feux verts financiers il y a quatre ans. Aujourd’hui, on est dans une ère où tu peux tout adapter, les plateformes de SVOD ciblent mieux leur public, c’est moins difficile d’obtenir certains financements. L’envie d’ADN était clairement de toucher les jeunes adultes, pas forcément seulement les adolescents. Pour moi la fin de Dreamland elle est écrite, je n’en parle pas beaucoup, mais je sais où je vais, peu importe la situation économique. Même si un jour je suis au sommet des ventes, je ne vais pas continuer juste pour faire durer les choses.

Concernant l’anime, trois saisons sont prévues, elles devraient couvrir jusqu’au tome 19. Si ces trois saisons cartonnent, la suite devrait se concentrer sur d’autres personnages qui apparaissent dans le manga, et qui ont été délaissés dans la série d’animation. Le premier tome remaster de Dreamland est quant à lui disponible depuis le 12 octobre.

Découvrir Dreamland T1 Remaster

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